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Afrique Publié le samedi 26 mars 2011 | L’Inter

L’Afrique se débarrasse de la "bombe" ivoirienne

© L’Inter
Sommet de la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (Cédéao) consacré en partie à la crise en Côte d`Ivoire
Décidemment, la crise ivoirienne brûle. Qui s’y frotte, s’y pique, est-on tenté de dire après le dernier sommet de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui s’est tenu les 23 et 24 mars dernier à Abuja au Nigeria. Un sommet qui aura été, en définitive, un flop, les chefs d’Etat de la sous-région ayant laissé le sentiment de s’être débarrassés de la « bombe » ivoirienne. Goodluck Jonathan, Blaise Compaoré, Abdoulaye Wade et autres chefs d’Etat ont en effet choisi de refiler la patate chaude aux Nations Unies. Une façon bien commode d’éviter de se mouiller davantage dans cette affaire scabreuse au risque se noyer dans la lagune ébrié. Au terme du sommet d’Abuja, ils ont de nouveau appelé à l’usage de la force pour faire partir Laurent Gbagbo, eu égard à la détérioration croissante de la situation en Côte d’Ivoire. « Rappelant les Décisions des Sommets Extraordinaires de la Conférence des Chefs d’Etat et
de Gouvernement de la CEDEAO des 7 et 24 décembre 2010 relatives notamment au paragraphe 10 de cette dernière qui indique qu’«En cas de rejet de cette demande non négociable par M. Gbagbo (de céder le pouvoir), la Communauté n’aura d’autre choix que de prendre toutes mesures nécessaires, y compris l’usage de la force légitime pour réaliser les aspirations du peuple Ivoirien» ; Ayant à l’esprit que ces décisions ont été entérinées par l’Union Africaine et les Nations Unies ; Décide avec fermeté que le moment est venu d’exécuter ses Décisions du 7 et du 24 décembre 2010 en vue d’assurer la protection des vies humaines et le transfert des rennes du pouvoir à M. Alassane Ouattara sans délai », souligne en effet la résolution ayant sanctionné ce sommet. Mais tout en brandissant l’épée, la Cedeao a choisi de laisser le soin à l’Onu d’accomplir la besogne, comme indiqué dans cet extrait de la même résolution : « Dans ce contexte, (la Cedeao Ndlr) demande au Conseil de Sécurité des Nations Unies de renforcer le mandat de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire lui permettant d’utiliser tous les moyens nécessaires pour protéger la population et les biens et pour faciliter le transfert immédiat du pouvoir à M. Alassane Ouattara ». Après l’Union africaine qui a renvoyé Gbagbo et Ouattara dos à dos en pondant un communiqué alambiqué à l’issue de sa réunion du 10 mars, c’est au tour de la Cedeao de se dessaisir de l’encombrant dossier ivoirien. Une véritable reculade d’autant plus déroutante pour le camp Ouattara notamment, que les chefs d’Etat de la sous-région avaient affiché aux premières heures de la crise ivoirienne, une certaine détermination à en finir avec cette affaire en installant Ouattara au pouvoir. Y compris par la force, s’il le faut. Mais voilà qu’ils se dégonflent brutalement, au grand dam du camp Ouattara. Pour bien des observateurs, la Cedeao s’est résolue à s’en laver les mains par pur real politik.
CE QUI A FAIT RECULER LA CEDEAO
Par delà tout, les chefs d’Etats de la sous-région semblent avoir été guidés par le souci de préserver la vie et les biens de leurs ressortissants vivant en Côte d’Ivoire. Ils ont pris la mesure des conséquences d’un recours à la force sur les millions de Burkinabé, Sénégalais, Nigérians, Maliens, Nigériens etc., qui se sont établis en Côte d’Ivoire depuis des décennies. La résolution de la Cedeao le dit clairement d’ailleurs, puisque les chefs d’Etat y déplorent « les attaques ciblées et délibérées d’Ivoiriens, de citoyens de la Cedeao et d’autres étrangers innocents… ». Même le président de la Commission de la Cedeao, James Victor Gbeho, s’est montré préoccupé par les « attaques de civils innocents installés en Côte d`Ivoire », découlant, selon lui, de la « rhétorique incendiaire » du camp Gbagbo. Il s’est notamment inquiété de l’opération d’enrôlement des jeunes patriotes dans l’armée lancée récemment par Charles Blé Goudé. Aussi a-t-il appelé Laurent Gbagbo « à dissuader personnellement (son) ministre et d`autres partisans de se livrer à des actes d`incitation et de céder à la tentation de cibler délibérément des civils, Ivoiriens, membres de la Cedeao ou d`autres étrangers résidant en Côte d`Ivoire ». C’est clair, la menace d’exactions qui plane sur les ressortissants de la Cedeao y est pour beaucoup dans la fuite en avant des chefs d’Etat de la sous-région. L’annonce par le gouvernement Aké N’gbo de la présence de mercenaires nigérians sur le front et les rumeurs faisant état de mercenaires d’autres pays voisins ont en effet eu pour effet de faire planer un réel danger sur la vie des ressortissants de la Cedeao. C’est sans aucun doute cette préoccupation essentielle qui a amené les chefs d’Etat à se conformer au récent arrêt de la Cour de Justice de la Cedeao, qui a déconseillé tout usage de la force dans le dossier ivoirien. Au risque d’embraser toute la sous-région. Une décision qui aura concouru à lier les mains de Goodluck Jonathan et ses pairs.
Assane NIADA
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