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Économie Publié le vendredi 6 avril 2012 | L’expression

Bouaké/ Transporteurs, gérants de dépôt de boisson, tresseuses, maisons de location de véhicule… : La traite de Paquinou bat son plein

Les préparatifs de la fête de Pâques occasionnent un regain d’activités au niveau des gares routières de Bouaké.

Les affaires marchent très bien pour Diarra Ibrahim, chef de gare au centre ville de Bouaké, depuis quelques jours. Pâques approche à grands pas, et le chiffre d’affaires de ce jeune homme est à la hausse. Ce 4 avril, en milieu de matinée, il nous indique que six camions avaient déjà fait le plein pour Bamoro, Allakro, deux localités baoulé, situées sur l’axe menant à Katiola. «Vraiment, ça marche depuis une semaine. Nous enregistrons une forte affluence dans les gares. Les véhicules chargent vite. Et cela fait marcher nos affaires. Pour nous, c’est une période où beaucoup de transporteurs retrouvent le sourire », se réjouit-il. Et de poursuivre : « Avant cette période, on faisait trois chargements au maximum dans la matinée. Mais comme c’est Pâques, depuis ce matin, on a eu près de dix camions qui sont sortis». Des quatre cotés de la gare, les passagers continuent de débarquer. Sur le quai d’embarquement, l’heure est aux retrouvailles. Bagages en main et munis de présents pour les parents au village, ces usagers pour la plupart Baoulé, se saluent chaleureusement. Ces causeries et salutations donnent lieu à une ambiance de foire. Même décor à la gare de Diabo où il y a deux lignes pendant cette semaine : Botro et Bodokro.

Le transport prospère…

Pour Kouakou Ahoutou, un chauffeur de minicar qui dessert des villages de Bodokro, la fréquence de départ par jour a doublé en l’espace d’une semaine. « Nous sommes deux sur la ligne avec des véhicules différents. Comme, ça ne marchait pas, on s’est partagé les jours. Donc, je faisais un voyage tous les deux jours. Mais depuis le lundi, je fais trois voyages par jour. Un voyage le matin, un autre dans l’après-midi et le dernier à la tombée de la nuit. Après la fête, nous sommes également chargés du transport retour de tous ces passagers. C’est vraiment une bonne affaire. Si toute l’année pouvait être ainsi, on ne se plaindrait pas», se réjouit M. Kouakou. Et d’ajouter : « L’année dernière, compte tenu de la crise postélectorale, rien n’a bougé ici. Je crois qu’avec le retour de la paix, au regard de ce que je vois, nous sommes sur le point de nous rattraper ». Au sein des autres gares qui desservent les villages et villes baoulés, c’est la même effervescence. Au niveau de la gare d’une célèbre compagnie de transport basée à Bouaké, une source affirme que depuis quelques jours, le nombre de cars qui arrivent des parties sud, sud-ouest et centre-ouest du pays, a considérablement augmenté. « Nous sommes aujourd’hui à environ soixante cars. Les gens viennent principalement de Soubré, Duékoué, San Pedro, Divo, Gagnoa et d’Abidjan », informe notre source. Les chauffeurs de véhicules de transport ne sont pas les seuls à tirer profit de la semaine pascale. Les acteurs du secteur de location de véhicules font également des bonnes affaires. « Les gens viennent en groupe louer des véhicules pour se rendre dans leurs villages. Je reçois beaucoup de demandes cette semaine. Après la fête, ils ont également souhaité que nous allions les chercher également. La plupart demande des minicars pour leur convoyage », confie Anzoumana Dosso, responsable d’une maison de location de véhicules.

Tresseuses et gérants de dépôts de boisson se frottent également les mains…
L’embellie s’observe également en dehors du milieu du transport. Chez les vendeurs de boisson, les activités bougent. « Depuis les années 2009, on n’a jamais vu un tel engouement. Les commandes se succèdent à un rythme effréné. Les cargaisons de vin en bouteille, le vin en carton, de cannettes de bière et bière en bouteille partent plusieurs fois par jour en direction des villages et hameaux baoulés. Il faut aussi ajouter le gin, cette boisson forte, prisée par les vieux baoulé », informe Tro Camille, un jeune gérant de dépôt de boisson opérant dans le centre ville. Il poursuit pour dire qu’ « avant ce n’était pas comme ça. Il n’y a que les week-ends qu’on faisait quelques bonnes affaires. La fête de Pâques est unique en son genre en pays baoulé. Depuis début mars, mon patron a commencé à prendre ses dispositions. En vue d’honorer convenablement toutes les commandes des clients ». Comme ce gérant de dépôt de boisson, les tresseuses installées près de la gare d’Utb, vivent également une période de vache grasse. En effet, les clientes affluent de partout. « Beaucoup de jeunes filles ont décidé de se faire belle avant d’aller dans leurs villages. Cela nous arrange, car, on fait de bonne recette », se réjouit Bintou Koné, une tresseuse. Sur le banc d’attente, des clientes expriment en sourdine leurs inquiétudes. C’est le cas de Rosine. « Les mèches ne durent pas. Aussi je vais au village. Je dois aller au marigot. Voilà pourquoi je préfère me tresser. Mais on est nombreux à attendre; depuis hier soir je suis là. J’espère finir tôt, car je pars samedi matin pour le village », prévoit-elle.
Marcel Konan
Correspondant régional
Encadré 1 :
Le sens d’une fête en pays baoulé
Importante fête religieuse chrétienne, Pâques est célébrée par les catholiques pour marquer la fin du carême. En pays baoulé, l’évènement dépasse ce cadre religieux. Il revêt un cachet sociologique. En réalité, c’est une occasion de grandes retrouvailles annuelles dans le ‘‘V’’ Baoulé. Planteurs travaillant dans les zones forestières et les cadres affluent de partout pour se rendre dans leurs villages pour parler de développement. Les élèves et étudiants ne sont pas en reste. Moment de retrouvailles, personne ne veut rater l’occasion. Danser et boire au rythme de la Paquinou. « Paquinou n'est pas uniquement un moment de fête. C'est également l'occasion des journées de réflexion pour les actions développement du village et de la communauté. Les planteurs ont déjà vendu le cacao, l’argent est entré. Les élèves et étudiants sont en congés et les fonctionnaires disposent d’un long week-end pour effectuer le déplacement. Une manière de dire que la Pâque est une opportunité que nous saisissons pour tenir des réunions de famille, de génération et régler tout dans le village. Voilà pourquoi cette fête est prisée par nous les Baoulé», révèle Yeboué Félix, un planteur rencontré à la gare Utb.
Marcel Konan à Bouaké

Encadré 2 :
Les causes d’une grande affluence
Selon les acteurs du monde du transport dans la seconde ville du pays, depuis le début de la crise du 19 septembre, rarement on a vu pareille affluence au sein des gares pendant la semaine pascale. Les véhicules de transport sont beaucoup sollicités en vue des convoyages vers les villes et villages baoulé. Cette forte augmentation du trafic est due à la paix retrouvée. Avec la réunification du pays, la libre circulation des personnes est devenue une réalité, depuis le changement à la tête de l’Etat. « On avait peur les autres années. Pour rallier Bouaké. Il y avait trop de tracasseries sur les routes. Maintenant ça va beaucoup mieux. L’on peut aisément voyager avec sa famille sans crainte », affirme M Yeboué. Mais si les festivités de la Paquinou ont réussi à drainer autant de monde en direction du grand Centre, cela est à mettre surtout à l’actif des forces républicaines de Côte d’Ivoire. Grâce aux efforts déployés depuis la fin de la crise postélectorale, les autorités militaires, ont réussi à faire face à la grande insécurité qui régnait sur ces routes. Sous l’œil vigilant des la Police militaire et de la brigade anti-coupeurs de route, on peut voyager en ces temps ci dans la région, sans crainte.

Marcel Konan à Bouaké
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