x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Santé Publié le vendredi 18 mai 2012 | Soir Info

Santé/Robé Donatien (président de Orphelins secours) :« La couverture médicale universelle est compromise »

© Soir Info Par DR
Robé Donatien, président de Orphelins secours
Spécialiste de la protection sociale, Donatien Robé, président de Orphelins secours, est l’auteur du livre : « financement de la santé en Afrique : le choix de l’assurance-maladie obligatoire ». Cet ouvrage est récemment paru aux éditions du panthéon à Paris. Donatien Robé explique pourquoi l’assurance maladie doit être obligatoire en Afrique.

Donatien Robé, dans votre œuvre, vous proposez que l’assurance maladie soit obligatoire pour les Africains. Comment sera-t-elle financée ?

Il est de plus en plus question de la Taxe sur la valeur ajoutée (Tva) sociale pour financer certaines branches de la sécurité sociale, à travers la consommation. Et je propose dans mon livre la « taxe santé » pour financer l’assurance maladie en ciblant les soins primaires. Selon les opposants à l’Assurance maladie obligatoire (Amo) en Afrique, il y a essentiellement la faiblesse de l’économie africaine, la structure de cette économie et la pauvreté. Pour ma part, ces obstacles sont certes une réalité mais les moyens que je propose existent pour les contourner. Dans ce sens, j’ai souhaité que la Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l’Etat de Côte d’Ivoire (Mugefci) soit réformée.

La crise qui a emporté les dirigeants de la Mugefci était donc la bienvenue ?

Depuis longtemps, cette mutuelle avait besoin d’être reformée pour renforcer ses capacités. Les frais de gestion étaient très élevés parce qu’au lieu d’être au service des fonctionnaires, elle est devenue un instrument politique. Les gouvernements successifs ont préféré intégrer les centrales syndicales au conseil d’administration tout en fermant les yeux sur sa gestion, en échange de la paix sociale. Mais c’est le moment choisi pour la reforme qui pose problème et qui me fait dire que la Couverture médicale universelle (Cmu) du président Ouattara est compromise. Et cela est inquiétant pour nous qui militons pour l’assurance maladie obligatoire en Côte d’ivoire. Car à quoi servira cette reforme si une assurance maladie de base, la Cmu, qui fera disparaître la Mugefci ou fera d’elle une couverture complémentaire au choix pour les fonctionnaires, est, comme le dit le président en préparation ? Si l’on met autant d’argent et d’énergie dans la reforme, c’est que la Cmu n’est plus d’actualité. Il y a aussi cette condition quasiment universelle qui est le « consensus national » avant une assurance maladie sociale. L’aura-t-on alors qu’on vient de se mettre à dos les principales centrales syndicales ?

La réforme ne sera-t-elle donc pas possible, de votre point de vue?

Il faudrait d’abord une loi. Figurez vous que toutes les mutuelles de santé à but non lucratif en Côte d’ivoire fonctionnent sur la base de la loi sur les associations. Or la gestion d’une mutuelle de santé est plus complexe. Elle est différente de celle d’une simple association. Pour moi, la Mugefci aura toujours des difficultés en raison de la fraude. Des milliers de personnes cotisent pour des millions de bénéficiaires. C’est pourquoi nous ne cesserons de demander la mise en œuvre d’une assurance maladie obligatoire qui couvrirait et ferait contribuer tout le monde. La mutualité, je l’explique dans mon livre, a échoué en Afrique, entre autres, à cause de l’inexistence d’un cadre juridique, la fraude, la petite taille des mutuelles et de la sélection adverse.

Que pensez-vous de la gratuité des soins ?

Contrairement à ce qui a été dit, surtout par le président de la République, je pense que la gratuité a été positive. On parle souvent des médicaments, mais on oublie que les consultations qui constituaient aussi un frein à l’accès aux soins étaient gratuites. Et puis, il y a aussi un aspect qu’on occulte : aucune cotisation n’a été demandée à la population pour cette gratuité. Il faut aller à un système contributif. C’est cela l’avenir.


Dominique FADEGNON
Entretien réalisé via Internet
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ