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Politique Publié le vendredi 15 février 2013 | Reporters sans Frontières

Mali / "Zéro image de combat" : objectif médiatique atteint pour l’opération Serval

© Reporters sans Frontières Par BIPA
Défense : Fin des manœuvres militaires conjointes ivoiro-libériennes
Les manœuvres militaires conjointes ‘’ GOLDEN GATE’’ dans la zone frontalière entre la Côte d’Ivoire et le Libéria ont pris fin le 3 janvier 2013 à Prolo, en présence des Colonels GAOUSSOU SOUMAHORO et AARON JOHNSON
Ce 15 février 2013, les Etats-Unis ont chaleureusement félicité la France pour son intervention "couronnée de succès" au Mali (http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/02/14/les-etats-unis-felicitent-la-france-pour-leur-intervention-au-mali_1833059_3212.html). Reporters sans frontières regrette qu'il se soit aussi agi d'une opération… de communication réussie.

"'Zéro image', objectif médiatique atteint pour l'opération Serval", a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Les autorités françaises, secondées par les autorités maliennes (http://fr.rsf.org/mali-rsf-condamne-l-interpellation-de-11-02-2013,44053.html), contrôlent strictement l'accès à l'information. Elles portent sérieusement atteinte à la liberté des médias en brandissant des arguments sécuritaires excessifs. Si l'on peut entendre les arguments de l'armée française qui prétend éviter les enlèvements et attentats visant les reporters, il n'empêche que le ministère de la Défense devrait assumer la responsabilité des valeurs démocratiques en facilitant l'accès direct des médias aux informations, plutôt qu'en les maintenant à distance comme il l'a fait jusqu'ici".

Depuis le début des opérations militaires au Mali, il y a plusieurs semaines, les journalistes ont été tenus à distance des zones de combats, sans possibilité d'observer directement les événements et de récolter les informations (http://fr.rsf.org/mali-reporters-sans-frontieres-demande-16-01-2013,43917.html). Ainsi, les médias ont été empêchés de définir par eux-mêmes leur manière de couvrir la guerre. Les journalistes locaux et internationaux ont fait part de leur légitime frustration à être tributaires des informations délivrées par les services de presse des ministères de la Défense et des Affaires étrangères. Faute d'images du front, ce sont des images de la vie militaire à Bamako qui ont longtemps servi d'illustration aux reportages.

Près d'une semaine après le début de l'intervention française au Mali, quelques journalistes avaient finalement été autorisés à embarquer avec les troupes françaises. Reporters sans frontières s'en était félicitée, tout en soulignant que cette manière de couvrir le conflit ne devait pas être exclusive. Par la suite, plusieurs journalistes ont exprimé leur surprise face au choix des autorités militaires françaises de n'admettre parmi leurs troupes que des journalistes issus des chaînes publiques françaises (https://twitter.com/gebauerspon/status/295552537233346561 ; https://twitter.com/Jolindien9/status/295579609943142401)

Les entraves à l'exercice de leur fonction ont persisté lorsque les journalistes ont été autorisés à rejoindre les villes libérées, sous bonne garde et plusieurs jours après l'arrivée des troupes françaises. Encadrés par une quinzaine d'officiers de presse, les journalistes voyageaient par convois (https://twitter.com/joepenney/status/293454465091125248/photo/1). Plusieurs envoyés spéciaux relataient alors des visites chronométrées (https://twitter.com/Jolindien9/status/295164631972986880) dans des zones comparées à des plateaux de cinéma ou des parcs d'attractions. Un quotidien français a rapporté la "grande crispation [des autorités françaises] vis-à-vis des journalistes et des médias occidentaux en général" (Maria Malagardis, Libération, 22 janvier 2013).

Le Mali s'est distingué par la chute la plus importante dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse (http://fr.rsf.org/mali-reporters-sans-frontieres-demande-16-01-2013,43917.html). Désormais classé 99e, sur 179 Etats, le pays a enregistré une chute de 74 places, justifiée par les exactions subies notamment par les radios communautaires au nord du pays, mais également par les violations de la liberté de l'information rapportées à Bamako et au sud du pays, depuis le coup d'Etat du 22 mars 2012 (http://fr.rsf.org/mali.html).

Reporters sans frontières s'inquiète également de la propagation de dérives ethniques haineuses et d'un ressentiment anti-touareg dans certains médias maliens.
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