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Société Publié le lundi 24 mars 2014 | Le point d`Abidjan

Réconciliation nationale : Les photojournalistes sensibilisent Abobo et Yopougon

© Le point d`Abidjan Par DR
Exposition-Photos sur la crise ivoirienne de l’Union Nationale des Photojournalistes de Côte d’Ivoire (UNPJCI)
Les photojournalistes ivoiriens regroupés au sein de Union Nationale des Photojournalistes de Côte d’Ivoire (UNPJCI) exposent des images des atrocités de la crise postélectorale de 2010 et 2011, pour sensibiliser à la paix et à la réconciliation nationale.
Les photojournalistes regroupés au sein de l’Union Nationale des Photojournalistes de Côte d’Ivoire (UNPJCI) ont exposé de lundi à samedi 22 mars 2014 dans plusieurs communes d’Abidjan, leurs photos prises pendant de la crise postélectorale de 2010 et 2011. Pour sensibiliser les populations à s’approprier la paix et à aller sans conditions aucunes à la réconciliation nationale. Certaines images sont presque insoutenables parce qu’elles dévoilent les atrocités de cette crise. Tandis que d’autres clichés par contre redonnent espoir. Cette exposition itinérante de l’Unpjci a été organisée à travers la ville Abidjan sur le conflit de 2010-2011 en Côte d’Ivoire et la paix qui a suivi, dans le but d’approfondir la réconciliation. 50 images encadrées affichées sur des panneaux blancs, ont fait deux jours dans plusieurs communes d’Abidjan, notamment le Plateau, Abobo et Yopougon. Les deux dernières communes cités Abobo et Yopougon, parce qu’elles ont été les parties d’Abidjan les plus touchées durant la crise postélectorale de 2010-2011. Parce que l’ex-président Laurent Gbagbo ayant refusé sa défaite face à son adversaire, l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara, provoqua une éruption de violence. Plus de 3.000 personnes périrent à l’échelle nationale. Trois ans après, les visiteurs sont invités à revivre les moments et instants douloureux d’hier. A plonger dans leur terrible passé pas si loin relaté en images : des munitions dans une mare de sang, des corps sans vie alignés dans une morgue surchargée, une poitrine criblée de balles, une fosse commune. De l’autre côte des panneaux, les photos appellent à l’apaisement. Des mains se croisent. Des militaires demandent pardon. Cinq enfants brandissent autant d’ardoises pour former le mot "ré-con-ci-lia-tion". "On va mettre au début des images qui choquent, qui font mal, pour à la fin dire : +il faut pardonner+", explique Christian Koffi, l’un des photographes exposés, à un groupe de visiteurs. "Nous avons été les témoins oculaires de ce conflit. Nous avons parfois risqué notre vie pour vous apporter ce message", a poursuivi un membre de l’Union nationale des photojournalistes de Côte d’Ivoire (UNPJCI). Qui regroupe en son sein les photographes de tous les quotidiens de la place, du plus pro-Gbagbo au plus pro-Ouattara. L’entente au sein de l’UNPJCI est "parfaite", souligne Emmanuel Tano, son président. "Avant et pendant le conflit, c’était pareil. Aujourd’hui, nous voulons sensibiliser nos autorités, et surtout la population. Pour ne pas que la bêtise humaine puisse se répéter", a-t-il soutenu. Selon le président l’Unpjci, l’exposition a drainé du beau monde. Dix mille personnes au total en six jours.

- Larmes -

Des centaines de badauds défilent sans bruit sous les tentes blanches, dans les jardins de la mairie d’Abobo ou sur la place Figayo, lieu symbole de Yopougon, où les +jeunes patriotes+, un mouvement pro-Gbagbo extrêmement violent, étaient recrutés durant la crise. Les réactions diffèrent selon les individus. Si tous saluent l’initiative et refusent une nouvelle guerre, la plupart ressortent pensifs. Certains avouent avoir du mal à oublier. Tel Lassana, un étudiant de 31 ans, à qui des pro-Gbagbo avaient passé un pneu autour de la taille, qu’ils auraient enflammé s’il n’avait pas connu leur chef, parce que son nom, Meïté, avait une consonance "nordiste". "Il fallait prendre les armes, pas pour combattre mais pour se défendre", a affirmé Ismaël, un agent sanitaire de 32 ans tout en montrant une cicatrice à sa cheville, touchée par "un éclat de roquette." Certains craquent. Comme cet homme d’Abobo qui, à la vue des premières photos - violentes - de l’exposition, s’est enfui en pleurant "sans même passer par l’entrée. Il a enjambé les barrières", a relaté Trésor Meledje, une photographe. Ou cet autre, toujours à Abobo, également en larmes. "Il m’a dit qu’il n’arrivait plus à dormir, après avoir pris les armes et abattu des gens. Que certains de ses amis étaient devenu fous", a-t-elle dit. Et d’ajouter : "Il était violent. Mais il est reparti plus calme", après avoir parlé au modérateur de l’exposition, présent pour apaiser les tensions. Nokongo, une étudiante de Yopougon, 20 ans, n’a pu s’empêcher de pleurer. "J’ai reconnu un de mes parents sur une photo’’, a-t-elle confié. La plupart des visiteurs ressortent en silence. "Il y a trop d’images fortes. Cela réveille certaines blessures", estime Zoumana, un agent de sécurité de 40 ans, venu au bras de sa compagne Félicienne, une vendeuse de 33 ans de Yopougon. Même s’ils ne partagent pas les mêmes aspirations politiques et religieuses. Ce couple qui s’est formé juste après la crise, est un autre motif d’espoir pour la réconciliation en Côte d’Ivoire.

Lorng Esmel avec AFP
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