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Politique Publié le vendredi 12 décembre 2014 | Le Democrate

Le congrès reporté: La déchirure continue au Fpi

© Le Democrate Par DR
Laurent Gbagbo, ex Président de la République de Côte d`Ivoire
Querelles, dénonciations, huissiers, justice: le congrès du parti de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, dont les débats préparatoires tenaient du vaudeville, n’a finalement pas débuté jeudi à Abidjan, reporté sine die après que des policiers en eurent bloqué l’accès.

Ses enjeux étaient déterminants, tant pour le Front populaire ivoirien (FPI), principale formation de l’opposition, que pour le pays. Le congrès, prévu jusqu’à dimanche, devait désigner le chef du parti moins d’un an avant la présidentielle d’octobre 2015, un scrutin décisif pour la Côte d’Ivoire, plongée en 2010-2011 dans une crise postélectorale sanglante.

Mais de vives divisions internes ont empêché l’événement. La candidature de Laurent Gbagbo à la tête du FPI, depuis sa cellule de La Haye, où il est détenu depuis trois ans par la Cour pénale internationale (CPI) en attente de son procès prévu en juillet 2015 pour "crimes contre l’humanité", a provoqué une fracture durable.

Le feuilleton FPI, qui dure depuis des mois, fait depuis une semaine les gros titres des médias ivoiriens. Au rythme de l’enlisement progressif du parti dans la crise.

"Le congrès ne s’est pas tenu car on nous a empêchés de le tenir", a déclaré à l’AFP Sébastien Dano Djédjé, en charge de l’organisation de la manifestation.

L’actuel président du parti Pascal Affi N’Guessan, l’unique adversaire de Laurent Gbagbo pour l’élection, a réclamé mi-novembre via huissier au FPI de prononcer "l’irrecevabilité" de la candidature de l’ex-chef de l’Etat du fait de sa "situation spécifique".

Le FPI ayant rejeté ses objections, "Affi", comme il est surnommé, a saisi la semaine dernière la justice, demandant l’ajournement de la manifestation et l’assignation de cadres du FPI pour faire annuler la candidature de Laurent Gbagbo.

Le tribunal d’instance d’Abidjan-Plateau lui a donné raison mardi, ordonnant le "report" de l’événement "dans l’attente du jugement à intervenir sur le fond".

Le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko a menacé mercredi soir de sanctions les participants au congrès du FPI s’ils contrevenaient à la décision de justice. "Ils subiront les rigueurs de la loi", a-t-il lancé.

Pascal Affi N’Guessan a également décidé, de jeudi à lundi, la fermeture du siège du FPI "pour des raisons de sécurité".

Jeudi, des dizaines de policiers, sans casques ni boucliers, étaient postés devant le Palais des sports de Treichville, un quartier d’Abidjan, où devait se tenir la manifestation.

- Crainte d’affrontements -

"Nous avons demandé à tout le monde de repartir car le dispositif mis en place était fait pour qu’il y ait des affrontements", a affirmé M. Djédjé.

Aucun militant ne s’est finalement présenté dans la matinée aux abords de cette salle où 6.000 militants du FPI venus de tout le pays étaient attendus, a constaté un photographe de l’AFP.

Ce report risque d’attiser encore les tensions entre les "affistes" et les "gbagbistes", alors que l’enjeu dépasse largement le parti.

Pour les pro-Gbagbo, la libération de l’ancien président constitue "le coeur de la stratégie de lutte du parti", rappelait en octobre Alphonse Douati, ancien ministre et proche de l’ex-chef de l’Etat.

Les pro-"Affi" aspirent à l’inverse à participer à la présidentielle d’octobre 2015 derrière leur leader sous la bannière du FPI.

"Il y a d’un côté le camp des récriminations", des "Gbagbo (sinon) rien", et de l’autre "le camp de la décrispation et de la normalisation", ouvert à "la négociation et (au) dialogue politique", selon Pascal Affi N’Guessan.

La présidentielle de 2015 est un rendez-vous crucial pour la Côte d’Ivoire, après une décennie de crise politico militaire qui a culminé avec les violences postélectorales de 2010-2011 aux quelque 3.000 morts. La crise postélectorale avait été provoquée par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la dernière présidentielle face à Alassane Ouattara.

Trois candidats sont pour l’instant déclarés : le président Alassane Ouattara, un député de la majorité, Bertin Kouadio Konan, et l’ancien président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly (opposition).

L’ombre de la CPI n’en finit pas de planer sur le scrutin.

Jeudi, la Cour a annoncé sa décision de juger pour crimes contre l’humanité Charles Blé Goudé, l’une des figures incontournables de l’ancien régime.

La CPI a aussi de nouveau sommé Abidjan de lui livrer l’ancienne Première dame Simone Gbagbo, également soupçonnée de crimes contre l’humanité en lien avec la crise postélectorale.
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