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Santé Publié le lundi 28 décembre 2015 | Abidjan.net

Interview / Lutte contre les infections respiratoires aigües : le Docteur Sylla Aboubacar, ‘‘1219 enfants soignés en 08 jours dans le Sud-Comoé’’

© Abidjan.net Par DR
Dr Sylla Aboubacar, Président AGIS Campagne sud-comoé
Kinésithérapeute spécialisé en soins respiratoires chez les nourrissons et Président d’ ONG, le Docteur Sylla Aboubakar, dans cette interview fait le point global de la campagne de dépistage, de vaccination et de soins gratuits pour le traitement des infections respiratoires aigües des enfants de zéro à cinq ans, qu’il a conduite récemment dans la région du Sud-Comoé.

Votre action

Nous sommes l’ONG AGIS (Association Graine d’Ivoire et Santé). Depuis 2012, nous sillonnons le territoire ivoirien pour faire des campagnes de soins et de dépistage gratuits sur les infections respiratoires aigües des enfants de zéro à cinq ans. Ces infections respiratoires aigües, on les connait, ce sont notamment la Pneumonie, la bronchite, rhinopharyngite, l’otite, l’asthme de l’enfant. Des pathologies qui font partie de la deuxième cause de mortalité et d’hospitalisation chez les enfants sur le territoire ivoirien.

Nous avons décidé de faire une tournée dans la région du Sud-Comoé, à commencer par Adiaké, Assinie et on a terminé par la localité de Bonoua. Cette mission, nous avons décidé de la réaliser dans ces zones-là, parce qu’on savait que ces zones avaient une forte incidence, un nombre de cas assez importants sur les infections respiratoires aigües des enfants de 0 à 5 ans. Parce qu’on sait que les populations vivant aux bords des lagunes, ont une incidence assez élevée au niveau des infections respiratoires aigües comme la Pneumonie, la Broncholyte et la Bronchite.

Du 03 au 05 décembre, nous étions basés à l’Hôpital Général d’Adiaké ; du 06 au 07 décembre, au Centre Urbain de Santé d’Assinie Mafia ; du 08 au 10 décembre à l’Hôpital Général de Bonoua. Pour des campagnes qui se sont réalisées à travers des consultations foraines gratuites. Les enfants ont été dépistés et traités par des médicaments gratuits et en même temps, les enfants sont vaccinés lors qu’ils ne sont pas à jour au niveau des vaccins. Grace au Ministère de la Santé, on a pu faire une stratégie de vaccination avancée qui permet aux centres de vaccination des hôpitaux de nous appuyer techniquement et nous permettre de faire un rattrapage de vaccin des enfants qui ne sont pas à jour.

La particularité de cette campagne de soins et de dépistage gratuits sur les infections respiratoires aigües des enfants de zéro à cinq ans dans le Sud-Comoé

Concernant la campagne dans le Sud-Comoé (Adiaké, Assinie, Bonoua), il s’est avéré que 67% des enfants avaient des vaccins pas à jour. Raison pour laquelle, l’ONG AGIS s’est appuyée sur le Ministère de tutelle qui profite aussi de l’action des ONG pour faire un rattrapage de vaccin pour les enfants.

Cette campagne de dépistage et de soins respiratoires s’est axée sur trois concepts à savoir un impact rapide qui est le soin immédiat des enfants après le dépistage et leur vaccination, après la mise à jour des vaccins ; le 2è concept, c’est le développement durable, qu’on appelle l’école des mamans qui permet de sensibiliser les mamans ou les futures mères sur la deuxième cause de mortalité en Côte d’Ivoire, à travers ce qu’on appelle les pratiques familiales essentielles.

On leur donne des cours sur la prévention, sur les types de maladies, les conseils d’hygiène, l’alimentation des bébés, sur l’intérêt de la vaccination des enfants contre la Pneumonie et de la vaccination en général. En plus, il y a des cours pratiques à savoir comment se laver les mains, donner les premiers soins au bébé, faire le lavage de nez, ce qu’on appelle le moussage de nez qui très extrêmement primordiale pour la prévention sur les maladies respiratoires ? Tous ces cours sont donnés par une sage-femme.

La réponse à un besoin

On est face à la deuxième cause de mortalité infantile, comme le disait le Dr Tanoh Diop, Pédiatre au Plateau, avant il y avait des saisons où les enfants étaient enrhumés, avaient des bronchites ou des allergies. Maintenant, c’est toute l’année que les enfants tombent malades. On répond donc à un besoin, face à l’actualité du dérèglement climatique avec la COP 21.

Et là, on se retrouve avec des enfants qui sont toute l’année enrhumés. Bien sûr un rhume ce n’est pas grave ! Mais parmi les 100 de cas de rhume, peut-être de 10 à 15% vont faire une infection respiratoire grave. C’est là que nous devons intervenir pour empêcher qu’entre 50 et 80% (Ministère de la Santé) de bébés décèdent à la maison. Cela ne doit plus être possible pour une pathologie qui se soigne facilement. On doit donc faire en sorte que les parents n’attendent pas à la dernière minute avant d’aller à l’hôpital.

Votre bilan

En définitive, on a dépisté 1219 enfants sur les 08 jours, en moyenne 180 enfants par jour. Ce qui vaut beaucoup plus que ce qu’on avait l’habitude de réaliser, à tel point qu’on était obligé de faire des tickets de réservation. Parce que les gens venaient très tôt dès 05H du matin, les mamans attendaient avec leurs enfants. On n’avait jamais vu cela jusqu’à présent. Celles qui venaient après 06H du matin, ne pouvaient pas être prises.

Quand on vous dit qu’on a reçu 180 enfants par jour, on a du refoulé quasiment autant qui sont rentrés à la maison. Il y a des mamans qu’on n’a pas pu recevoir à Adiaké qui ont effectué le déplacement jusqu’à Assinie, celles qui n’ont pas eu la chance à Assinie, nous ont suivi jusqu’à Bonoua. Le dernier jour à Bonoua, des femmes sont venues spécialement pour faire laver le nez de leur bébé, car selon elle, le lavage des narines des bébés leur permet de bien dormir.

Le sentiment qui vous anime

C’est premièrement un sentiment d’impuissance parce qu’on se retrouve à être là, les gens ont un besoin, ils nous demandent de l’aide, et nous on ne peut pas. Parce que l’effectif qu’on avait n’était pas suffisant, les médicaments qu’on avait ne l’étaient pas également.

Bien sûr, on a été financé par de grandes sociétés de téléphonie de la place (Ci-Telecom), mais à un moment donné, le besoin a été tel que, cela n’a pas suffi. Il va falloir prochainement peut être envisagé faire 2 équipes, une matin et l’autre l’après-midi ; il va falloir peut être augmenter les effectifs pour pouvoir répondre aux énormes besoins des populations. On a fait un travail de communication au niveau des communautés, un gros travail communautaire. Une large sensibilisation qui a occasionné cette grande affluence.

C’est pourquoi, je tiens à tirer mon chapeau à tous les jeunes ivoiriens volontaires et je suis fier d’avoir pu travailler avec eux, qui se sont mis à la disposition de leur population, pendant 09 jours dans cette région du Sud-Comoé où on a été bien accueilli.

On peut dire maintenant qu’on est devenu spécialiste dans le dépistage, le traitement et les soins des infections respiratoires en milieu rural.


JOB ATTEMENE
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