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Diplomatie Publié le jeudi 5 octobre 2017 | L’intelligent d’Abidjan

Afrique diplomatique : Pourquoi l’Afrique ne fait-elle plus peur ?

En principe, l’Afrique devrait rimer avec puissance économique, avec solidarité, avec humanisme pour jouer son rôle historique. Aujourd’hui, l’Afrique rime avec crise institutionnelle, avec la dérive politique. Et, encore pire, les chefs d’Etat refusent le savoir d’écouter, de dialoguer avec les opposants politiques. Parfois avec la société civile. Dans cette crise institutionnelle avec montée des extrêmes, ou repli sur soi, la diplomatie africaine est dans une impasse, affaiblie par la séparation de l’Erythrée de l’Ethiopie, la ‘’fabrication’’ du Soudan du Sud, du Soudan, le Sahara occidental qui ne sait à qui se confier pour établir une République, se trouve dans une impasse juridico-diplomatique entre le Maroc, l’Algérie, et les Sahraouis. Au Cameroun, Anglophones et Francophones n’ont plus le même élan commun. Les Anglophones veulent leur autonomie que l’Union Africaine dans la crise togolaise, incapable d’affronter la dérive institutionnelle qui frappe les Togolais. A l’analyse, la diplomatie africaine souffre d’anémie chronique nourrissant l’Union Européenne seule aux commandes pour régler les « Affaires africaines ». Devant cette incapacité la diplomatie africaine ‘’semble dissoute’’ et provoque aujourd’hui une angoisse inédite. Les 54 pays du continent n’ont aucune ‘’responsabilité’’ dans le conseil de sécurité de l’Onu. L’Afrique diplomatique est banalisée dans une expression de réponse : « membre non-permanent » un rafistolage méprisant comme si l’Afrique a eu tort d’être membre de l’Onu. Je me souviens de l’imposante diplomatie de l’Afrique des années 70-80. Cette diplomatie offensive, défensive et crédible était dirigée par l’Algérien Bouteflika ministre des affaires étrangères, aujourd’hui président de la République. Il y avait le diplomate Zaïrois Jean Marie Bomoko, l’Ivoirien Ushuer Assouan, ou le malien Jean Marie Koné, qui imposeront à l’Onu des objectifs fondateurs de la construction africaine. Ainsi la Namibie et l’Angola seront les derniers pays de l’Afrique à être décolonisés. Mais, aujourd’hui quelles sont les orientations essentielles de la diplomatie africaine ? Rien. Sauf une diplomatie africaine qui ne trouve aucun espace pour s’imposer ou prendre la parole pour dire ce qu’elle pense… peut ou réparer ce vide diplomatique de l’Afrique ? Le vertige est grand. Parce que, l’Afrique actuelle a besoin de nations fortes entraînant des hommes aux affirmations crédibles, dégageant le respect de leur singularité qui, explique leurs avis, leurs décisions pour un projet commun africain. La diplomatie africaine actuelle n’a pas ce visage : impuissante à régler le conflit libyen, impuissante à contrôler les frontières, impuissante à prévenir les menaces, impuissante à stabiliser l’Afrique. Et, même impuissante à équilibrer les relations Afrique-Union Européenne. A l’heure où nous écrivons ces lignes, la diplomatie africaine n’a plus le choix dans un continent en mal de proposition de sortie de crise en République démocratique du Congo en Centrafrique, au Togo, au Congo Brazzaville. Il est facile de critiquer l’Union Européenne. Mais, il est difficile pour la diplomatie africaine de mettre un terme à leurs propres faiblesses. Celles de la lassitude trempée dans le bain de la mauvaise gouvernance.

Ben Ismaël
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