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Société Publié le mardi 2 janvier 2018 | AIP

Mme Amian Henriette, ‘’femme modèle de Côte d’Ivoire 2016’’ dans le Gbêkê

Bouaké - Coiffeuse esthéticienne de formation depuis 1991, présidente de la Fédération des associations de victimes de guerre de Côte d’Ivoire (FADREV-CI) et mère de deux filles, Mme Amian Kouamé Amah Henriette, femme modèle de Côte d’Ivoire 2016 représentante de la région de Gbêkê, prône l’autonomisation de la femme en invitant les femmes à se battre pour leur épanouissement avec les moyens dont elles disposent.

Ivoirienne, née le 1er janvier 1958 à Tiébissou-Ayaou, Kouamé Amah Henriette fait tout son cycle scolaire primaire au groupe scolaire Harris d’Adjamé de 1965 à 1971. Puis, de 1972 à 1974, elle fréquente le Collège d’enseignement général Harris d’Adjamé et arrête les études en classe de 5ème. Dans la vie active, elle participe à plusieurs séminaires de formation notamment sur la gestion communautaire, les droits de la femme, la gestion simplifiée, le plaidoyer et l’entreprenariat.

Un dynamise inspiré du modèle de sa génitrice

«Je n’ai pas pu continuer mes études mais j’ai suivi les traces de ma maman», fait-elle savoir. En effet, à l’en croire, sa mère était parmi les premières femmes qui détenaient des magasins de pagnes à Abidjan-Plateau, Rue de commerce. Etant élève, elle aidait souvent sa mère dans ses activités. Ayant découvert que les femmes qu’employaient sa mère n’étaient pas très honnêtes, elle décide d’arrêter les études pour la soutenir.

Henriette apprend le métier de Coiffeuse esthéticienne sur le tas dans un salon de coiffure à Abidjan-Plateau durant six ans et l’exerce depuis 1991. Elle consacre une partie de cette période à travailler de façon bénévole pour sa formatrice, avant d’ouvrir son propre salon de coiffure (Anaïs Coiffure) à Bouaké en 1992. Quatre ans après, elle ouvre un deuxième salon dans la même ville. Puis, deux ans plus tard, elle acquiert deux véhicules pour en faire des taxis communaux.

Au lendemain de la crise militaro-politique de 2002, la coiffeuse esthéticienne abandonne tous ses acquis de Bouaké pour réfugier à Yamoussoukro (la capitale politique du pays) avec son époux qui avait également fermé sa pharmacie sise à Air-France.

Un ‘’séjour forcé’’ à Yamoussoukro qui a donné une nouvelle orientation à sa vie

«Quand je sortais je n’avais pas de l’argent», confie Mme Amian. Néanmoins, sans grand moyen et sans réfrigérateur, étant dans la capitale politique, elle s'adonne à la vente, à l’aide des glaçons, des sachets d’eau et des jus pour contribuer aux charges familiales. Quelques mois plus tard, elle réhabilite, avec très peu de moyen, une villa en ruine pour en faire son salon de coiffure et un lieu de commercialisation des jus et des sachets d’eau glacée.

En 2005, elle crée une association dénommée Solidarité pour le retour des victimes de guerre (SOREVIG). En s’appuyant sur cette association et par ses propres moyens, elle contribue au retour de près de 200 familles à leurs lieux de résidence habituelle en zone Centre, Nord et Ouest (CNO, occupée par l’ex-rébellion) en particulier dans la région de Gbêkê, de 2005 à en 2007.

Cette expérience lui vaut le soutien du ministère en charge des victimes de guerre dirigé à l’époque par M. Lous-André Dacoury-Tabley, et l’appui financier de l’Organisation des Nations Unies pour la population (UNFPA) pour la mise en place de la Fédération des associations de victimes de guerre de Côte d’Ivoire (FADREV-CI) dont elle assure présentement la présidence. Cette association a pour objectif de prendre en charge les personnes rendues vulnérables par la crise en les organisant et les encourageant pour leur autonomie financière et leur intégration sociale.

Compte tenu de ses actions en faveur des déplacés de la crise de 2002 et de son titre de présidente de la FADREV-CI, elle participe, en mars 2008, à l’hôtel Président de Yamoussoukro, aux états généraux de la solidarité initiés par le ministère de la Solidarité et des Victimes de guerre en collaboration avec le système des Nations Unies et plusieurs autres partenaires.

Mme Amian conduit présentement les activités socio-économiques de la Fédération des associations de victimes de guerre de Côte d’Ivoire et certaines affaires personnelles. Toute chose qui contribue à son élection en qualité de femme modèle.

Elue ‘’femme modèle 2016’’ représentante de Gbêkê à cause de son dynamise dans les activités socioéconomiques

Mme Amian Kouamé Amah Henriette est élue ‘’femme modèle de Côte d’Ivoire 2016’’, représentante du Gbêkê parmi une centaine de candidates de la région, dans le cadre d’un projet d’autonomisation économique de la femme initié par l’ONG Care international et exécuté en partenariat avec le ministère de la Promotion de la femme, de la Famille et de la Protection de l’enfant. Elle fait partie d’une équipe de cinq femmes désignées au niveau national comme modèles de réussite économique et sociale. Sous la direction des initiateurs du projet, ces femmes ont parcouru plusieurs régions du pays pour partager leurs expériences avec leurs sœurs.

Ont milité en faveur de Mme Amian, son courage et son dynamisme. En effet, de retour à Bouaké, elle ne baisse pas les bras. Elle réhabilite a non seulement son salon de coiffure mais elle lutte avec la Fédération des associations de victimes de guerre de Côte d’Ivoire pour l’obtention d’une subvention de sept millions FCFA de l’Union Africaine, pour l’acquisition d’une chambre froide servant à l’achat et la commercialisation de produits surgelés depuis 2012.

En marge de cette activité dont elle est la principale gérante, elle initie personnellement la commercialisation de poudres d’épices à base de "soumbara" (poudre de néré), de piment, de soja, de gingembre et de gombo, en plus de la farine de manioc et de la pâte d’arachide. Elle affirme avoir démarré ce commerce avec la somme de 5.000 FCFA. Ses premiers clients étaient essentiellement des hommes qui venaient acheter les poissons et la viande congelés. Grâce à une connaissance, elle établit un contact avec un client résidant en Italie. Aujourd’hui, elle exporte des conteneurs en Europe et au Canada. La première commande d’exportation s’élevait à cinq millions FCFA.

Plusieurs personnes en particulier des femmes interviennent dans la production et la transformation de ces produits agricoles exportés. Pour mieux satisfaire les commandes, elle initie la culture de ces denrées dans les régions de Gbêkê et du Hambol ainsi que dans le Nord du pays sur des parcelles qu’elle sollicite et obtient des chefs de terre. Pour la saison 2017-2018, un champ de 1000 hectares de manioc est en réalisation à Satama Sokoura (Dabakala) et à M’Bahiakro.

Une femme qui croit plus aux potentialités de l’agriculture

Grâce au dynamisme de Mme Amian Kouamé Amah Henriette, la Fédération des associations de victimes de guerre de Côte d’Ivoire (FADREV-CI) vient de bénéficier d’un financement de 196 millions FCFA pour la culture de riz dans le cadre du Programme d’appui à la production agricole et à la commercialisation (PROPACOM). Le dossier de son association a été retenu parmi 12 structures candidatures. Du matériel agricole notamment des motoculteurs eet des vanneuses, ont été déjà mis à la disposition du groupe. Une superficie de 42 hectares sera emblavée à Pronou (département de Brobo) et à Bouaké par 120 bénéficiaires qui exploiteront chacun une parcelle individuelle. Une partie de la recette du riz paddy qui sera vendu reviendra à la caisse de la FADREV-CI.

Croyant plus aux potentialités de l’agriculture, Mme Amian consacre la quasi-totalité de son temps au suivi des projets de production agricole et à la gestion de la chambre froide. Elle assure seulement la supervision de son salon et coiffe occasionnellement les clientes qui demandent spécialement ses propres services.

«Je m’intéresse beaucoup à l’agriculture présentement parce que j’ai souvent des commandes. Les gens te font confiance, ils t’envoient de l’argent, il faut suivre», explique-t-elle, affirmant vouloir demeurer dans les activités agricoles jusqu’à la retraite.

Honorée et distinguée pour ses compétences

Pour ses compétences, Mme Amian a reçu des honneurs et distinction à plusieurs reprises.

En effet, elle et les quatre autres ‘’femmes modèles 2016’’ de Côte d’Ivoire ont eu l’occasion d’échanger avec des personnalités telles que des ambassadeurs, des ministres, des députés ivoiriens et étrangers. Elle affirme s’être sentie ‘’plus importante et honorée’’ à travers ces rencontres.

En août 2016, Mme Amian et deux autres ‘’femmes modèles 2016’’ reçoient des prix d’excellence pour la valorisation des compétences féminines du président de la République, Alassane Ouattara. Le 2ème prix national lui est décerné.

En mai 2016, elle est distinguée par l’ONG “Servir“ de Mme Henriette Konan Bédie en tant que meilleure organisatrice de la région de Gbêkê et honorée par la Fédération nationale de la parfumerie, de l’esthétique, de la coiffure, du cosmétique et des tresses de Côte d’Ivoire (FENAPECCT-CI).

Par ailleurs, la ’’femmes modèles 2016’’ représentante de Gbêkê a été désignée récemment comme membre du comité régional du Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire (COCOFCI).

Contribuer à l’amélioration des conditions de la femme, de la famille et de l’enfant, une ambitionne de la ‘’femme modèle’’

En tant que ‘’femme modèle 2016’’ de Gbêkê, elle ambitionne de mettre son expérience, son dynamisme et ses connaissances au service de la communauté et apporter sa contribution pour l’amélioration des conditions de la femme, de la famille et de l’enfant.

Sachant que la paix et la cohésion sociale sont à la base de tout développement socioéconomique, elle prépare un projet de réconciliation des femmes de toutes les communautés ethniques vivant à Bouaké. Pour cela, elle a déjà procédé à des identifications avec l’appui des chefs desdites communautés.

«Je fais ce qui concerne les femmes parce que j’ai un trophée ‘’Femme modèle’’, c’est mon rôle», déclare-t-elle, en priant pour la réussite de ce projet.

Pour elle, la femme peut se battre pour son autonomie financière quel qu’en soit ses moyens

Mme Amian Kouamé Amah Henriette exhorte les femmes à ne pas aimer la facilité et à ne pas vivre au dépend des hommes mais à se battre pour être autonomes financièrement.

«Ce que je veux dire à mes sœurs, c’est que la vie n’est pas facile. On remercie le Seigneur parce que nous sommes en Côte d’Ivoire où on a tout», lance-t-elle, invitant les femmes à éviter de prendre pour prétexte le manque ou l’insuffisance de moyens pour ne pas entreprendre.

Elle conseille aux promotrices de ne pas vouloir forcément démarrer leurs activités économiques au même niveau que leurs devancières mais à commencer en fonction leur situation personnelle et des moyens dont elles disposent. «Les doigts de la main n’ont pas les mêmes tailles», fait-elle observer.

Citant son propre exemple, Mme Amian Henriette indique que, bien qu’étant l’épouse d’un pharmacien, elle œuvre de manière autonome et indépendamment de son époux, en suivant le modèle de sa mère. «Le mariage ne peut pas freiner mes ambitions parce que je me dis que ma mère était une femme très battante. Elle n’était allée à l’école mais elle avait des magasins de pagne et a investi», se souvient-elle.

Menant une vie modeste, elle conseille aux femmes de ne pas aller trop vite en besogne. «Il faut aller doucement dans la vie. Quand tu vas doucement, Dieu sait où te placer. Il est bien vrai que l’on dit que la vie n’est pas facile mais c’est nous qui la compliquons», assure la femme modèle.

nbf/cmas
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