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Editorial Publié le samedi 17 février 2018 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton: Le retour des gladiateurs

Dans tous les pays au monde, l’attitude du peuple laisse à désirer. Notamment en Afrique, le berceau de l’humanité. Très peu d’individus s’intéressent aux problèmes de développement économique. Leur vie quotidienne s’articule autour des faits divers qui donnent un sens à leur quotidien. Des marchés qui brûlent, des crimes passionnels vont alimenter leur discussion de la semaine et même du mois en attendant le prochain fait divers. Tout l’esprit est focalisé sur des évènements qui vont défrayer la chronique pendant des semaines. On ne peut que rendre hommage aux Romains qui ont inventé le duo, pain et jeux. Un peuple ne doit pas s’ennuyer. L’ennui est mortel. Quand j’étudiais la technique de la Rome Antique, j’ai compris pourquoi certains pays africains, malgré les difficultés économiques et sociales, ont réussi à tenir psychologiquement. Tout était fait pour amuser et distraire. Avec en appui les longs discours, les discours fleuves. Même dans les pays aux structures économiques solides, les jeux sont devenus des forces pour mettre le pays en joie. On ne dira jamais combien le football et de nombreux sports sont venus à la rescousse de nombreux pays. On peut même dire sans se tromper que cette dimension ludique est une nécessité vitale pour le pays pour ne pas sombrer dans la torpeur, l’indifférence et le désarroi. Je ne cesserai jamais de prendre en exemple l’exemple du film de Jean Yann, un réalisateur français. Il imagine la France sous occupation chinoise. Ce pays impose son système économique, son sérieux dans le travail et sa discipline collective. Patatras, l’économie s’effondre. La solution miracle fut d’écouter Jean Yann et de ramener la vie aux folies bergères. De laisser les Français s’adonner à leurs défauts habituels. Et voici l’économie qui reprend avec ses courbes montantes. Les Chinois vont fuir la France et laisser les habitants de ce pays dans leurs amusements habituels. Ce que les Romains n’avaient pas prévu c’est de savoir d’avance que les élections politiques, sensées instaurer la démocratie sera l’un des plus grands faits divers de la société moderne, notamment africaine. Tous les quatre ou cinq ans sont un trop. Après une élection terminée, une autre commence immédiatement. Tous les ingrédients des faits divers sont déjà mis en place. Les morts d’hommes par plusieurs moyens, presque jamais élucidés. Des enfants, à peine nés, sont tués. Les bagarres, les guerres, les incendies sont de tous les jours. Plusieurs semaines sont occupées pour se terrer chez soi à cause des grèves de toutes sortes. Il n’y a pas un côté l’économie et de l’autre le pays. Tout se confond. Un pays africain en pleine élection électorale est un long métrage en plein tournage sans aucun frais financier à payer et avec la certitude d’obtenir plusieurs prix à Cannes, à Venise, sans oublier notre chère Ouagadougou. Malgré les efforts de l’Union Africaine, jamais ce continent n’a aussi été porté sur le tribalisme. Presque dans tous les pays, tout est vu et analysé sous le prisme des particularismes. Durant son voyage, il y a deux ans, à Nairobi, le Pape François a stigmatisé deux maux de l’Afrique. Le goût porté au matériel qui conduit à la corruption, ainsi que le tribalisme, source de conflit, de mésentente, de désunion et de guerre. Exactement comme dans mon roman : « Sur le chemin de la gloire » dont la première édition a été publiée en 1999. Je ne dirai pas que les conseillers du Papa ont lu mon roman. Pas du tout. Ces maux de l’Afrique sont dans toutes les rues depuis le début des indépendances. Seuls les politiciens ne veulent pas les voir. Et pour cause. Les campagnes électorales, avec leurs démagogies impensables, sont des milliers de courts métrages à tourner et à vendre à l’Occident pour montrer comment évolue ou régresse la démocratie dans le berceau de l’humanité. Si l’occident n’arrête pas la comédie, on verra arriver, dans un même pays, deux ou trois présidents de la République. Comme l’aurait écrit le grand auteur russe, l’un de mes préférés, Tolstoï : « Ainsi est l’âme africaine. » On ne sait pas si dans le monde, un continent est aussi croyant, je ne dis pas qu’il a la foi. Toutefois, même conduit par la croyance, le peuple africain devrait aimer son prochain. Hélas, …Ainsi va l’Afrique. À la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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