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Afrique Publié le lundi 22 octobre 2018 | L’intelligent d’Abidjan

Sortir de la menace du surendettement

L’Afrique a intérêt à regarder ce qui se passe ailleurs, afin de constater que la « diplomatie de la dette » est désormais dénoncée par de nombreux pays que traversent « les nouvelles routes de la soie ». Les Etats africains doivent se souvenir du vieux schéma utilisé par l’Angola et le Nigeria : prêts contre matières premières. Aujourd’hui, le Sud-Soudan finance ses routes, construites par les Chinois, avec son pétrole. La stratégie chinoise est bien huilée : 1) Pékin accorde un prêt, 2) ce prêt est alloué à un consortium d’entreprises chinoises. Que constate-t-on ? Au plan mondial, moins de 4 % des projets financés par la Chine sont attribués à des entreprises non chinoises ; en Afrique, on est proche de zéro. Les conditions consenties par la Chine sont, à court terme, très avantageuses pour des gouvernements qui ont besoin de réaliser des projets d’envergure. On se souvient que, dans le cadre de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE), la dette de trente pays africains avait été massivement allégée entre 2000 et 2014, « ramenant, selon une étude du Trésor français, leur dette publique extérieure en moyenne de 119 % du PIB à 33 %, en contrepartie de réformes d’inspiration libérale. Libéré sous condition d’une bonne partie de ce fardeau, chaque Etat a disposé d’une marge de manœuvre budgétaire plus large qui lui a permis d’accélérer la croissance. La Chine s’est engouffrée dans la brèche. »

La décision de la Sierra Leone montre que l’Afrique est capable de dire « non » à la Chine, lorsque ses intérêts sont menacés et les risques de surendettement trop importants. D’autres pays renégocient les conditions du remboursement des crédits accordés par la Chine : annulation d’une partie de la dette et des intérêts, prolongation de la période remboursement, restructuration des prêts, etc. L’Ethiopie a obtenu que le prêt obtenu pour le chemin de fer qui doit relier sa capitale à Djibouti, qui devait être payé sur 10 ans, soit porté à 30 ans.

L’Afrique cherche aussi à protéger ses intérêts stratégiques : la Zambie a démenti avoir accepté de céder à la Chine les services publics de l’électricité, de la télévision et du nouvel aéroport, en échange d’un allégement de la dette. La résistance contre la Chine semble une réalité. Cette résistance est encore bien timide pour trois raisons : 1) beaucoup d’Etats africains sont encore très peu endettés, ce qui leur laisse une marge de manœuvre importante en terme d’endettement. « La dette publique totale de l’Afrique atteignait 38 % du PIB continental en 2014, contre près de 111 % pour les pays de l’OCDE », a rappelé le secrétaire exécutif de la Commission économique de l’ONU sur l’Afrique 2) la Chine dispose 3 500 milliards d’euros de réserves, soit un tiers des liquidités de la planète, ce qui lui permet de proposer des financements à des conditions favorables à la planète entière 3) le phénomène de corruption montre que beaucoup veulent profiter de cet argent qui se déverse sur l’Afrique.

L’endettement : un problème chinois ou africain ?
Il est évident que la dette n’est pas un problème chinois, mais c’est un problème africain. Qui va payer la note la « diplomatie chinoise de la dette » ? Et comment pour les Etats africains ? Par la vente des matières premières et l’octroi de parcelles de terrain ? Par l’exportation d’une production manufacturière ? « Nous devons faire en sorte de ne pas retomber dans le piège de la dette », lance Akinwumi Adesina, le Président de la Banque africaine de développement. La Sierra Leone a bien reçu le message.

Christian Gambotti
Agrégé de l’Université
Président du think tank
Afrique & Partage
Directeur général de la société ECFY
Directeur de la Collection
L’Afrique en Marche
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