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Politique Publié le mardi 30 octobre 2018 | Partis Politiques

Bassam/Violence post-électorale, humiliation du Roi/Koné Moussa Seydou (Cadre du RHDP) à Ezaley : « Il y a des voies qu’on ne doit pas emprunter dans la vie …»

© Partis Politiques Par DR
Koné Moussa Seydou ,Cadre du RHDP.
Après les élections municipales du 13 octobre 2018 où le candidat du RHDP Jean Louis Moulot a été déclaré vainqueur, Bassam est dans l’œil du cyclone. Dans cette interview, Koné Moussa Seydou, 1er président de la JPDCI RDA de Grand Bassam, ancien candidat aux législatives, cadre influent du RDR et figure de proue du RHDP dans la cité balnéaire interpelle le maire sortant, Georges Ezaley sur le péril qui plane sur le Patrimoine mondial de l’UNESCO suite à son refus d’accepter le verdict des urnes.

En tant que leader politique du RHDP à Grand Bassam, quels sont les sentiments qui vous animent quand vous regardez l’atmosphère qui prévaut dans votre ville après les élections municipales du 13 octobre 2018 ?

Je me désole un de tout ce qui se dit aujourd’hui sur Grand Bassam après une simple élection. Mais je tiens cependant à relativiser les choses parce que les réseaux sociaux et les journaux grossissent un peu les faits sur ce qui s’est passé. Ce qui se passe à Bassam est inédit. Nous n’avons jamais vécu une telle situation après une élection. A l’image de la Côte d’Ivoire, il y a des élections qui se déroulent à Grand Bassam depuis 1980. Il y a toujours des gagnants et des perdants. Les perdants ne se sont jamais comportés comme on le voit aujourd’hui. Quand je vois ce type de comportement nouveau lié à des élections dans notre ville Grand Bassam, j’ai un pincement au cœur et je dois avouer que je suis triste. Mais j’ai foi que ces soubresauts vont s’estomper parce que ce qui se passe est localisé et circonscrit en certaines zones du quartier France.

Vous avez suivi de bout en bout ces événements. Vous qui êtes un sachant et qui maitrisez la configuration du terrain politique de Grand Bassam, qu’est ce qui s’est réellement passé le jour du vote et dans les jours qui ont suivi ?

Avant de relater les faits, permettez-moi de faire la cartographie électorale de Grand Bassam. Quand vous prenez la liste électorale, Bassam fait 42 051 d’électeurs inscrits. Sur cette population électorale, 70% à 75% est concentré sur le plateau continental qu’est la ville de Grand Bassam. Naturellement, le reste de cette population se répartit entre la zone lagunaire et la zone maritime. Et de tous les temps et à toutes les élections, c’est celui qui gagne dans la zone continentale qui gagne l’élection. Au regard de cette situation, au niveau du RHDP, nous avons mené une campagne pour ne pas perdre sur le continental. C’était notre objectif principal. Je suis souvent peiné d’écouter le maire sortant qui dit avoir gagné dans 20 bureaux de vote sur 26. Quand vous regardez ces chiffres, ce sont des scores étriqués. Quand on gagne dans cinq lieux de vote où l’écart ne dépasse guère 100 électeurs et que votre adversaire gagne dans un seul avec environ 700 voix d’écart, faites vous-mêmes la balance. Ce cas s’est multiplié dans plusieurs autres lieux de vote, notamment au Carrefour Jeunesse, Municipalité, Congo etc. Depuis le soir du 13 octobre, vers 22H, nous savions que le RHDP avait gagné avec un écart de près de 600 voix. Le résultat de la CEI a confirmé cet écart le 15 octobre.

A la lumière de ce que vous venez de dire, comment expliquez-vous cette obstination du maire sortant à s’accrocher à son fauteuil ?

Quand on va à une élection, quelle que soient sa détermination et sa confiance, il faut s’attendre à gagner ou à perdre. Je pense que ce comportement du maire sortant peut se justifier par le fait qu’il a minimisé son adversaire vu le temps qu’il a passé sur le terrain et au regard du fait qu’il était le maire sortant. Mais ce qu’il a oublié, c’est que lui-même a pu être élu à ce poste en 2013 grâce à la machine RHDP. Malheureusement en 2018, cette machine lui a fait défaut. Ici à Grand Bassam, nous connaissons la réalité des forces politiques depuis 2010. Je vous renvoie aux résultats du premier tour de la présidentielle de 2010 qui est le vrai baromètre des forces politiques. Et déjà depuis 2010, Bassam n’est plus le bastion du PDCI RDA. En 2010, le candidat du PDCI est venu largement derrière les candidats de la LMP suivi de celui du RDR. De façon très claire, l’on peut dire qu’en terme de réalité du terrain, le PDCI RDA est la 3è force politique à Grand Bassam.

Le RHDP a gagné aux municipales à Grand Bassam. Quelle a été alors la force de cette liste avec son candidat Jean Louis Moulot ?

La première force pour la victoire réside dans la cohérence de la liste RHDP qui comporte toutes les sensibilités du corps social de Grand Bassam. On y retrouve toutes les sensibilités, aussi bien les N’Zima que les Abouré et toutes les autres communautés établies ici à Grand Bassam. Secundo, il y a eu une cohésion totale et entière de tous les anciens leaders et actuels qui animent le RDR à Grand Bassam. Ils ont surpassé leurs divergences et se sont rassemblés pour soutenir cette liste. Au sein même du PDCI, tout ce qu’il y a comme calibres importants à commencer par le Vice-président Duncan, le Sénateur Ollo Germain, le Conseiller économique et social, Djoukoua Anzeni, l’ancien Directeur de cabinet du ministre des Transports, Sakho Mamadou, tous étaient avec le RHDP. Bien entendu, il y a aussi et surtout le projet que nous avons présenté aux bassamois qui ont compris que Jean Louis Moulot ne venait pas pour une ambition personnelle, mais venait pour une mission mandatée par la plus haute autorité de notre pays qu’est le président de la République, soutenu en cela par le Vice-président, le Premier ministre et les ministres des Affaires étrangères Marcel Amon Tanoh et de la Santé, Aka Aouélé. Enfin l’apport sur tous les plans du Conseiller spécial du Premier Ministre, Ibrahim MAGASSA, a été déterminant dans notre victoire

Quand on voit tout ce qui se passe à Grand Bassam avec son corollaire de violences, quel regard portez-vous sur l’attitude du maire sortant Ezaley ?

J’estime que quand on s’engage en politique, il faut être moins égoïste. Je vais vous faire un rappel historique qui va vous édifier. En 2001, j’étais le directeur de campagne du candidat du RDR aux municipales qui était Assiéhué Obouabeng. A cette élection, il y avait cinq listes en compétition qu’étaient le défunt maire Jean Michel Mouloud pour le compte du PDCI, le candidat du FPI Aka Emmanuel, pour le compte du FAR, Tanoé Désiré qui est le Roi actuel des N’Zima, et celui du RDR Assiéhué Obouabeng. Le 5è candidat était Guy Kanga dont Ezaley était le directeur de campagne. Déjà en 2001, à la proclamation des résultats, Ezaley, directeur de campagne de Guy Kanga m’avait contacté en tant que directeur de campagne du candidat du RDR afin de créer une coalition pour rejeter les résultats qui avaient été proclamés et qui donnaient Jean Michel Moulod vainqueur. C’est parce que nous avons refusé de nous associer à cette entreprise qu’il n’y a pas eu de violence à Bassam en acceptant les résultats. 12 ans après, Ezaley est lui-même élu maire, personne n’a contesté son élection. 17 ans après, ce même directeur de campagne devenu maire sortant par la grâce du RHDP refuse les résultats d’une élection et refuse d’accepter sa défaite. Cela ne me surprend guère. Mais je tiens à rappeler qu’en politique et en démocratie surtout, on ne peut pas être gagnant tout le temps. On peut avoir perdu hier et gagner aujourd’hui tout comme on peut avoir gagné hier et puis perdre aujourd’hui.

Au regard de ce que vous faites comme révélation, est ce que Ezaley vous donne l’image d’un mauvais perdant ?

Je le dis avec franchise parce qu’il y a des témoins qui sont encore là. Le candidat du RDR à l’époque Assiéhué Obouabeng était présent et témoin oculaire de cette démarche d’Ezaley en 2001 pour contester l’élection de Jean Michel Moulod. Depuis cette élection, j’ai eu la chance d’être comme lui, l’un des plus anciens conseillers municipaux de Bassam. Nous totalisons tous deux 17 ans de présence commune au conseil municipal. Nous nous connaissons suffisamment. C’est un aîné que je respecte qui me fait l’honneur de me respecter également. Mais j’estime que quand on aime sa ville, on doit avoir un comportement autre que celui auquel nous assistons aujourd’hui. J’invite donc l’aîné Ezaley qui est le maire sortant à s’inscrire dans une démarche de paix et de construction de Grand Bassam.

Après cette élection, Bassam est sous les feux des projecteurs. L’autorité du Roi est bafouée, une grosse menace plane sur la tenue de l’Abissa, des gens cassent et brûlent etc. En tant que fils et leader politique, comment voyez-vous l’avenir de votre cité qui a été classée patrimoine mondial de l’UNESCO ?

Je tiens à préciser qu’aujourd’hui, Bassam n’appartient plus uniquement à l’Etat de Côte d’Ivoire encore moins aux seules populations de Bassam. Notre ville a été classée patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est la raison pour laquelle tous les regards sont braqués sur Grand Bassam. Il y a eu certes des actes de vandalisme, mais ce sont des faits isolés et circonscrits. Nous ne sommes certes pas en gérontocratie, mais dans notre société, le respect de l’aîné est une chose fondamentale. Tout le monde se doit de valoriser ce qui doit être respecté. Je ne suis donc pas d’accord que pour une élection, le Roi et le Vice-président soient vilipendés de la sorte. Nous devons voir plus que cela en cherchant à rassembler les bassamois, à créer les conditions de paix et de cohésion pour que le développement qui est amorcé à Bassam puisse se poursuivre sous l’impulsion du président de la République. Je souhaite simplement que nos adversaires et principalement mon aîné, le maire sortant s’inscrive dans cette voie. Une personnalité comme lui qui a bénéficié de tout de la part de l’Etat de Côte d’Ivoire et de ses dirigeants doit savoir raison gardée. Après son BAC, Ezaley a bénéficié d’une bourse avec l’assistance de l’Etat de Côte d’Ivoire pour aller poursuivre ses études à Toulouse. A son retour, il a intégré l’ANAM devenu aujourd’hui SODEXAM. En 1997, le Vice-président Daniel Kablan Duncan était Premier ministre et c’est lui qui a proposé sa nomination comme Directeur général de la SODEXAM. En 2011, le régime Gbagbo l’a dégommé, c’est le régime du RHDP du président Alassane Ouattara qui l’a remis comme DG de la SODEXAM. En 2013, c’est encore grâce au RHDP qu’il a pu être élu maire. Quand on a tout bénéficié de la sorte de la part de l’Etat de Côte d’Ivoire, il y a des voies qu’on ne doit pas emprunter dans la vie, quelle que soit l’amertume qu’on peut ressentir après un échec à une élection. Ezaley n’est pas le seul à perdre à une élection à Grand Bassam. Bien avant lui, d’autres ont accepté leur défaite dans la dignité. Moi qui vous parle, j’ai été candidat aux législatives en 2011, j’ai perdu et j’ai admis mon échec. Le Sénateur Ollo Germain était candidat contre lui Ezaley en 2013. Il a perdu et a accepté sa défaite. Comme je l’ai dit à l’entame de cette interview, depuis 1980, des élections sont organisées à Grand Bassam et jamais l’on a vu de telles scènes. Ce qui se passe aujourd’hui après l’élection du 13 octobre n’est pas du tout bassamois. Mais j’ai la conviction que le Maire sortant reviendra à son esprit de bassamois et pour l’avenir, je suis confiant. Tous les adversaires doivent accepter la main tenue du Maire élu, Jean Louis Moise MOULOT. Rien n’arrivera à Grand Bassam, patrimoine mondial de l’UNESCO.
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