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Santé Publié le mercredi 30 janvier 2019 | AIP

Des bébés naissent ou périssent dans le noir au centre de santé de Zérégbo (Reportage)

Dans la sous-préfecture de Zou (Ouest, département de Bangolo), Zérégbo est une bourgade de plus de 2 000 âmes. Elle abrite un centre de santé rural (Csr) qui fonctionne depuis 10 ans dans la plus grande obscurité, la nuit venue, parce que sans électricité. Les accouchements, entre autres pratiques, s’y déroulent dans le noir, à la tombée de la nuit en dépit de ce qu’il enregistre près d’une dizaine de naissances par semaine.

Des accouchements sous des lampes-torches

Depuis son érection en commune rurale, ce gros village n’a jamais connu de raccordement au réseau électrique national. En l’absence d’une sage-femme, celle qui y a été affectée a dû abandonner faute de logement. L’infirmier major et premier responsable du Csr de Zérégbo, Cheick Ahmed assure lui-même cette tâche. Le dimanche 27 janvier, à 19 h, il est appelé à s’occuper d’une patiente, une dame en travail. Descendue d’un moto-taxi, la parturiente, transpirant à grosse goûte est conduite directement dans la salle d’accouchement éclairée à l’aide d’une grosse lampe-torche. Il se précipite avec sa torche vers la salle dans laquelle des matrones formées par ses services l'attendaient pour procéder à l’accouchement.

« Tout s’est passé en votre présence. Vous voyez les conditions dans lesquelles cette dame vient d’accoucher et c’est comme ça au moins trois fois dans la semaine », lance le major qui venait péniblement de donner la chance à un bébé de sexe masculin de naître.

Pour des cas un peu plus compliqués, les parturientes sont redirigées vers les établissements sanitaires de Zou ou de Mahapleu. Convoyées à l’aide des engins à deux ou trois roues, à défaut d’ambulance, les moins chanceuses succombent ou n’arrivent pas à connaitre la joie de la maternité à cause des secousses sur la route. Au moins quatre cas de décès ont été enregistrés en 2018 lors de l'évacuation de parturientes, relate-t-il.


La résurgence des anciennes habitudes

Avant la construction du centre, confie l’infirmier, plusieurs femmes se faisaient accoucher par des méthodes traditionnelles à la maison. La création de ce centre avait inversé cette tendance. Toutefois ces vieilles habitudes ont resurgi du fait des difficultés d’accès et le manque d’électricité. Peu de femmes accourent vers l'établissement de peur de vivre le cauchemar d’une quelconque complication. « Ici, on avait coutume de se soigner selon la tradition africaine, avec des guérisseurs. Quant aux femmes enceintes, elles étaient suivies par des matrones qui les faisaient accoucher une fois à terme. Mais depuis la construction du dispensaire et de la maternité, les habitudes avaient changé » renchérit une ménagère, Sohou Antoinette.

Le centre de santé de Zérégbo a été inauguré en 2009. Son taux fréquentation a baissé. A ce jour seulement 15% de la population fréquentent le dispensaire, 15% de femmes viennent en consultation prénatale et 3% acceptent d’accoucher dans cet espace médical, expose-t-il à son corps défendant.

L’absence d’électricité, ajoute l'infirmier, déteint également sur la qualité des médicaments de première nécessité qui sont stockés dans une salle immensément aérée à la portée de la poussière. Il faut parcourir près d’une vingtaine de kilomètres pour aller chercher les produits liquides conservés soit dans les établissements sanitaires des localités citées ci-dessus.

Un besoin de kit à énergie solaire


Informés et sollicités maintes fois pour faire face à ce dysfonctionnement, les cadres du village n’ont pas encore répondu.

« J’ai expliqué la situation à plusieurs cadres du village, ils m’ont dit d’aller d’abord vers le conseil régional. », a livré le chef du village, Koué Charles, sous un ton d’oraison funèbre.

Le devis de kit à énergie solaire de 1000 W associé à un groupe électrogène d’un montant global de 1,8 million fcfa et présenté aux autorités villageoises et administratives continue de moisir dans les tiroirs, s’emporte M. Koué.

Selon des experts, ce kit solaire pourra servir non seulement à alimenter le centre en éclairage, mais aussi à fournir de l’électricité au matériel de bureautique, de pompage et à l’équipement électroménager. Une technologie bien présente dans certains ménages du village dont les toits des maisons sont surplombés de panneaux solaires.

« Nous n'attendons que l'Etat ou le conseil régional procède au raccordement du village. Une fois électrifié, des démarches seront entreprises afin de doter le centre en matériel adéquat pour une meilleure prise en charge des malades », a laissé entendre le directeur départemental de la santé, docteur Manoua Bilé Philippe.

En Côte d’Ivoire, le programme d’électrification villageoise initié par le gouvernement en faveur de toutes les localités de plus de 500 habitants est en cours. Un projet de construction d’une ligne de haute tension électrique devant relier, d’une part, les départements de Vavoua à Zuénoula (Centre-Ouest) et d’autre part celui de Zuénoula à Mankono et Séguéla (Nord-Ouest), destiné à électrifier 500 villages, a été lancé fin août 2017.

Collaboration: Nonyouh Jean, Kouassi Assouman
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