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Politique Publié le dimanche 9 juin 2019 | Le Nouveau Réveil

Multipartisme : une exigence des temps nouveaux

De tous les partis de l’opposition, le Fpi faisait figure de leader jusqu’à son accession au pouvoir en 2000. C’est pourquoi il était toujours au devant de la lutte pour la démocratie. Cette lutte a engendré plusieurs acquis dont : la liberté d’action, d’opinion, d’information ; la création de la Commission électorale indépendante (Cei) ; l’instauration de l’urne transparente et du bulletin unique. Tout cela a été concédé par le régime Pdci qui, plutôt que de s’enfermer dans un égocentrisme aveuglant, a fait preuve de sagesse en s’ouvrant aux exigences des temps nouveaux : le multipartisme.

En 2020, cela fera 30 ans que ce multipartisme fait son petit bonhomme de chemin. Avec ses hauts et ses bas. Ses forces et ses faiblesses ; ses succès et ses échecs. Mais 30 ans que cette marche en avant se fait et chacun semble y trouver son compte. D’où vient donc que, subitement, certains acteurs politiques ivoiriens s’acharnent aujourd’hui à réinstaurer le parti unique en Côte d’Ivoire à travers le Rhdp ? Car à observer de près cette formation, l’on s’aperçoit qu’elle s’inscrit dans une logique de parti unique sous-prétexte de vouloir rassembler les enfants de Félix Houphouët-Boigny.

Cette volonté de rassemblement est en soi noble et n’aurait posé aucun problème si le Rhdp s’était limité aux seuls partis originellement de droite, c’est-à-dire ceux dont les militants sont restés Pdci après la proclamation du multipartisme en 1990 et qui se sont désolidarisés bien plus tard pour des convenances personnelles. Mais lorsque le Rhdp a en son sein des transfuges des partis de Gauche comme le Fpi avec Concorde du diplomate Alcide Djédjé, le Pit tendance Joseph Séka Séka, est-il juste de dire qu’il ne s’agit que des seuls enfants d’Houphouët-Boigny ? Et si l’on concède le fait que tous les Ivoiriens sont des enfants d’Houphouët-Boigny, en sa qualité de père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, alors la volonté de ramener tout le monde dans un seul parti n’est-il pas contraire au principe multipartite consacré depuis le 30 avril 1990 ?

« Dans un Etat de droit, peu importe celui qui est au pouvoir… »

A la vérité, l’agenda secret des tenants du Rhdp est de contraindre les Ivoiriens à revenir au parti unique qui, avant le 30 avril 1990, s’appelait Pdci-Rda. Mais qui, après le 16 juillet 2018, s’appellerait Rhdp. C’est la raison pour laquelle ceux qui adhèrent à ce parti, pour des raisons qui leur sont propres, ont du mal à en exalter les vertus démocratiques qui sont de plus en plus des exigences des instances internationales dont les bailleurs de fonds et autres partenaires au développement. La seule vertu que les promoteurs du Rhdp vantent lors de leurs meetings, c’est qu’avec ce parti, la Côte d’Ivoire connaîtra la paix et la stabilité.

Le non-dit d’une telle déclaration n’est-il pas que celui qui n’est pas du Rhdp et qui accède au pouvoir en Côte d’Ivoire n’aura pas la paix et la stabilité ? Dans ce cas, qui donc sera à l’origine de ce manque de paix et de stabilité si tant est que celui qui est au pouvoir ne peut pas déstabiliser son propre régime ?

D’ailleurs ceux qui pensent que sans eux, il n’y aura pas de stabilité dans le pays peuvent avoir leur réplique avec l’ancien président américain Barack Obama qui, dans un discours prononcé le 28 juillet 2015 au siège de l’Union africaine, faisait remarquer : «Dans un pays organisé, qui se veut un Etat de droit où les institutions fonctionnent librement et souverainement, ce ne sont pas les hommes qui comptent mais des Institutions fortes et crédibles respectées de tous. Dès lors, peu importe celui qui est au pouvoir. Il suffit de laisser les Institutions fonctionner librement pour que la paix sociale, la stabilité, la justice et la sécurité soient garanties pour tous ; y compris pour les populations les plus vulnérables ».

En faisant de la préservation des acquis démocratiques une préoccupation, le Pdci et le Fpi sont dans leur rôle en tant que pionniers du retour au multipartisme en Côte d’Ivoire. L’un (Pdci) était au pouvoir et l’autre (Fpi), principale force de l’opposition. Que de sacrifices consentis ! Qui ne se souvient, en effet, de cette fameuse date du 19 février 1992 appelée « mardi noir » tant il y a eu de dégâts lors d’une marche de l’opposition ?

C’est pourquoi, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, n’a de cesse de dénoncer cette nouvelle tendance qui consiste à contraindre les citoyens à adhérer à un parti politique. Et cela, près de 30 ans après la proclamation du multipartisme c’est-à-dire la proclamation de la liberté qu’a désormais chacun de militer au sein du parti de son choix.

Dommage que personne ne parvienne à faire entendre raison aux tenants du Rhdp qui semblent s’en prendre sans ménagement à tous ceux qui leur résistent. Peut-être faut-il s’en remettre à l’adage selon lequel « nul n’est trop fort pour être toujours le plus fort ».

par ABEL DOUALI
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