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Politique Publié le lundi 28 octobre 2019 | L’Essor Ivoirien

Interview/ Moustapha Diaby, co-président mobilisation du Rhdp France: "Nous n’avons pas de contact direct avec le directoire…"

Moustapha Diaby, co-président de la commission mobilisation du Rhdp France. De passage en Côte d’Ivoire, son pays d’origine, a rencontré l’équipe de reportage de L’Essor Ivoirien. Sans détour, il s’est soumis, à cœur ouvert, au questionnaire du Quotidien L’Essor Ivoirien à Abidjan. Nous vous proposons l’interview qu’il nous a accordée.


Qui ètes-vous ?
Je suis Moustapha Diaby, communément appelé Blanchard. Je suis chef d’entreprise en France. Je suis actuellement co-président de la commission mobilisation du Rhdp pour la rentrée politique du 2 novembre 2019 de ce parti.

En votre qualité de co-président de la mobilisation en France de la diaspora ivoirienne Rhdp, que préconisez-vous pour les élections de 2020 ?
Dans notre approche, nous nous disons tous les jours que les élections sont pour demain. Ce qui nous met à partir de maintenant en mission. Nous travaillons donc pour la victoire du candidat du Rhdp. Nous nous sommes dits qu’il faut vite commencer. C’est pour cette raison que je me suis vite mis à la mobilisation. Aujourd’hui, au niveau des associations de mouvements communautaires proches du Rhdp, j’ai de bons contacts. Nous avons créé un pacte de confiance entre nous. Une chose qui était difficile au départ. Aujourd’hui, les uns et les autres commencent à comprendre puisqu’il faut mettre en lumière tous les grands projets réalisés par le président de la République depuis 2011. Et cela est plus que visible.

Revenons sur la rentrée politique du Rhdp à Paris. En votre qualité de co-président chargé de la mobilisation, combien de militants êtes-vous susceptibles de déplacer ?
Je pense que la population électorale à Paris fait à peu près 19 000 personnes. Donc à cet effet, nous comptons déplacer pour la rentrée politique, un millier de militants. Par ailleurs notre travail sur le terrain va continuer. Ce qui nous incite à répertorier tous les militants du Rhdp, de sorte à avoir un fichier pour permettre aux gens d’aller s’inscrire pour les prochaines élections. Donc nous sommes en plein travail de terrain, ce qui nous pousse à aller de quartier en quartier, de commune en commune et aussi de région en région, pour mener la sensibilisation, afin dans un premier temps de se faire enrôler sur les listes électorales. La population ivoirienne en France est estimée à peu près à 100 mille personnes. Et il n’y a que 19 000 personnes inscrites sur la liste électorale. Ce qui est peu. Notre travail est axé sur le niveau d’augmentation de personnes sur le listing.

J’étais dernièrement à Paris dans le cadre de la remise du prix Senghor-Césaire par le président de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (Apf). J’ai pu pour l’occasion approcher des militants très amers, pour avoir été négligés après les élections de 2010. Que pensez-vous faire pour les convaincre de réintégrer de nos jours les rangs du Rhdp ?
Nous avons trois approches pour résoudre le problème. La première consiste à les entendre, les comprendre. Nous avons compris leurs revendications parce qu’ils auraient été rejetés par la classe politique. Ce qui fait qu’ils ont un désintérêt vis-à-vis de la politique. Donc, nous avons actionné la deuxième approche qui consiste à leur montrer les réalisations du président de la République. Nous sommes allés sur le terrain et la plupart de ces personnes savent que sans être mis en mission par le Rhdp, nous avons mené la sensibilisation sur le terrain. Pour assister des gens qui étaient dans le besoin, nous avons pris des avocats, pour être témoins de l’apport des aides à ces personnes. Ce qui fait que quand nous les approchons, elles nous écoutent plus. Ce travail nous allons le poursuivre. Je me dis que ces personnes doivent être entendues. Donc, ce qu’on demande aujourd’hui à nos dirigeants, c’est d’être plus proches des militants, être accessibles et apporter des solutions aux revendications de nos futurs électeurs. Aujourd’hui, tout électeur est important. Parce que même le candidat du Rhdp, sa voix est une voix et celle de l’autre en est une. Donc, il faut que toutes ces voix soient valorisées. Et la seule des façons de le faire est d’approcher les mécontents, discuter et apporter des réponses à leurs revendications. Leurs réclamations c’est simplement d’être écoutés. Avec la nouvelle direction du Rhdp, les choses vont changer. Les militants doivent venir aux différentes réunions et apporter leurs contributions à la solidification du processus de développement du Rhdp et surtout à la mise en place de la structure sur la place parisienne. Ils m’ont compris et à chaque réunion, ces leaders d’associations prennent part à la vie du parti. La semaine dernière, cela a été fait. Nous avons organisé une réunion avec eux. Ils ont posé leurs problèmes que nous allons remonter à qui de droit pour qu’une solution soit trouvée.

Quels rapports y-a-t-il entre vous à Paris et la direction du Rhdp d’Abidjan ?
Notre courroie de transmission est le Dg du Fer, qui est devenu le secrétaire général-adjoint chargé de la diaspora, Lanciné Diaby. Donc, nous lui donnons les informations qu’il remonte à la hiérarchie du directoire. Nous concernant, nous faisons le travail de terrain. Lui, il collecte les informations pour les véhiculer au directoire qui les traite. Nous n’avons pas de contact direct avec le directoire.


Vous êtes énormément sollicités ici pour des petits problèmes de société, telles les factures, les problèmes de certains de nos compatriotes à la police... Pour toutes ces interventions, disposez-vous de gros moyens pour les résoudre ?
Je n’ai vraiment pas de grands moyens pour le faire. Néanmoins, c’est mon cœur qui agit dans ce sens. Comme le disait Charles Baudelaire, « quand on voit les enfants mourir de faim, l’âme n’a pas sa place. Il faut leur apporter à manger ». Alors quand ce sont des compatriotes, quand j’étais par le passé confronté à la situation de sans-papiers, les difficultés qu’on retrouve chez ses semblables dans les mêmes schémas, on ne peut que se sentir obligé de partager le minimum qu’on a, sans avoir les moyens. Et c’est ce qu’on essaie de faire. Nous leur partageons notre expérience en plus de l’aide qu’on peut leur donner. J’ai même pris un avocat pour pouvoir les soutenir, les aider. Ceux qui ont des problèmes de déplacement, on les aide. Les gens qui sont au pays se disent que la France est l’eldorado. Aujourd’hui, c’est très difficile de vivre dans des conditions pas du tout faciles. C’est pour cela que nous n’encourageons plus quelqu’un à prendre la route de la Lybie ou de l’Espagne pour arriver ici. Les conditions de vie sont très difficiles. Tout est saturé, il n’y a plus de places et moi j’en fais les frais. Généralement, je n’ai même pas de places dans mon bureau. Les gens ont besoin de chaleur et quand on s’aperçoit des conditions dans lesquelles ils vivent, mangent et dorment, c’est vraiment difficile.

Nous sommes à onze mois de la présidentielle que tout le monde attend avec impatience. Il y a des velléités de candidatures : entre autres, celles de Henri Konan Bédié, Guillaume Soro qui s’est déclaré récemment candidat, Laurent Gbagbo… Etes-vous prêts à relever le défi durant cette période qui reste ?
Je me dis que note travail est facile que celui des autres. Parce que le président a dit que son bilan est inattaquable. C’est pour cela qu’il y a six mois, j’ai fait un document qui retrace les grands projets réalisés et en cours de l’être par lui, de 2011 à 2018. C’est un document de travail, pour montrer à ceux de la diaspora qui ne viennent pas aux réunions, ce que le président a fait. Aucune région n’a été négligée. Il y a des gens qui disent que ce sont les autres qui mangent et nous pas. Mon village est à 950 kilomètres d’Abidjan. Malgré la distance, il y a le bitume là bas. Et cela a été fait grâce au président de la République. La plupart des villages de notre département ont de l’électricité et de l’eau courante. Ce sont les réalisations du chef de l’Etat. Il ne peut pas se déplacer à chaque fois pour remettre dix mille à des gens. Donc, le travail du gouvernement est de redistribuer les richesses. La seule façon d’y parvenir, est d’installer des actions de développement. D’alors, le développement était centralisé vers le sud et aujourd’hui cela a changé. C’est pourquoi le bilan du président facilite notre travail sur le terrain. Concernant les autres candidats, je n’ai aucun commentaire à faire. Parce que chacun est libre de se présenter aux élections. Je suis cependant au regret pour le président Bédié. Parce qu’à 85 ans, c’est en principe l’âge de la retraite bien dépassée. Et à cet âge, aller aux élections n’est pas une bonne chose. Je pense qu’au Pdci, il y a certaines personnes qui peuvent mener ce combat. Je trouve que c’est à lui de décider. La vie est faite de choix. Concernant Guillaume Soro, c’est malheureux. Il n’y a qu’en Afrique qu’on peut comprendre qu’une personne comme Guillaume Soro puisse être candidat. Pour quelqu’un qui traîne des casseroles, si c’était en Europe, il ne pouvait pas envisager d’être candidat. Qu’a-t-il fait de sa gestion au nord pendant des années ? A-t-il construit une école, un hôpital ? Il n’y a rien qui porte son nom dans cette région du pays.

Il a été Premier-ministre, président de l’Assemblée nationale. Avait-il les moyens à cette époque pour faire ce que vous avez cité ?
Je pense que quand vous êtes Premier ministre et que vous n’avez pas les moyens de travail, on démissionne. Quand vous êtes président de l’Assemblée nationale et que c’est dans cette institution que sont prises les lois, pourquoi n’a-t-il pas fait les réformes dont il parle tant aujourd’hui ? Je me dis que ce sont des faux-fuyants, des alibis juste bons pour justifier sa candidature. Et je pense que les Ivoiriens ne sont pas dupes et n’ont pas oublié ce qui s’est passé dans les zones Centre, nord, ouest (Cno), les crimes qu’il traîne. C’est à lui de décider de sa candidature. Il serait sage pour lui de se dire qu’on peut servir à tous les postes. Mais tout le monde n’est pas fait pour servir à tous les postes. Ce que je veux dire, est qu’il pouvait rester pour apprendre aux côtés du président de la République, pour comprendre les mécanismes et rouages de la chose. Je vois qu’il est en train de piétiner les étapes normales, c’est-à-dire, les institutions de la République que lui-même a incarnées. Quand il affirme avoir réussi à organiser l’élection présidentielle de 2010 et que cela s’est terminé par 3000 morts, si j’étais à sa place, je ne ferai pas de tapage par la suite. La guerre s’est invitée et certains de nos frères sont à La Haye. Je n’appelle pas cela la réussite d’une organisation.

Qu’est-ce qui vous lie aux proches de IB ?
IB a été un grand frère, un ami. Il n’est malheureusement pas là aujourd’hui. Je salue sa mémoire et je pense qu’il y aura un temps où la Côte d’Ivoire va lui rendre hommage pour sa grandeur et son immense esprit de vouloir servir le pays. Il a été incompris à un certain moment.

Nous avons longuement parcouru l’actualité. Quel est votre mot de fin à l’endroit du Rhdp, des Ivoiriens, du président de la République et de tous les dirigeants du Rhdp ?
C’est de prime abord remercier les militants du Rhdp de France, qui à un moment donné, s’étaient pour la plupart retranchés dans leur bulle. Il était très difficile de les convaincre. J’ai commencé par des tournées dans les associations et chez des particuliers. C’est alors que le message a commencé à passer. Ce qu’on retient de manière unanime est l’excellent travail du président Alassane Ouattara. Le problème se trouve au niveau de la classe politique qui dirige le parti politique aujourd’hui. Ce que j’aimerais demander à ses responsables, c’est d’être plus proches des militants, d’être à leur écoute et d’apporter des solutions à leurs préoccupations. Les revendications qu’ils font dans la majorité des cas, ne sont pas forcément pécuniaires. Ils demandent à être écoutés et à leur permettre de participer à la vie du parti. J’ai vu des doyens qui ont été décorés. Mais qui se plaignent de ce qu’ils ont été les précurseurs de la lutte en France. Et que par conséquent les jeunes qu’ils ont formés sont devenus lors des décorations, des commandeurs. Alors qu’eux ont reçu la distinction de chevaliers. Ce qui veut dire que tout est à reprendre. Il faut aller sur le terrain à leur écoute et discuter avec eux. Car la France est la plaque tournante du monde francophone. Ce qui veut dire que les opinions des militants de là-bas comptent. Une personne en France ne se représente pas seul. Il représente aussi sa famille restée au pays. Puisqu’il lui apporte du soutien. Donc, il faut tenir compte de tout cela. Pour gagner la bataille, je lance un appel au président du directoire du Rhdp, Adama Bictogo. Qu’il soit proche et accessible, qu’il puisse leur parler. Qu’il vienne vers les associations et parler avec elles. Ce que les gens reprochent au directoire, c’est l’inaccessibilité.

Interview réalisée par Bill Terrasson
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