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Art et Culture Publié le samedi 9 novembre 2019 | Le Nouveau Réveil

Dr Célestin Amané Dago (Auteur du livre sur la répartition fiscale) : « Le système fiscal ivoirien est marqué par des inégalités »

Auteur du livre sur «"La Justice et la répartition fiscale…", Dr Amané Célestin Dago met ici en exergue la perception et l’application de l’impôt en Afrique. Interview

En quoi la justice et la répartition fiscale constituent une préoccupation en Afrique ?

C’est une thématique qui préoccupe les Africains, surtout que le sujet est d’actualité en Afrique. Depuis la colonisation jusqu’à nos jours, l’impôt de capitation a laissé des séquelles dans le subconscient de l’Africain. Cela, à cause de la violence exercée par l’impérialiste dans l’établissement et le recouvrement de l’impôt. Cet impôt n’était pas fonction de la richesse, du revenu et du chiffre d’affaires. Il était payé par tête d’habitant. Quand on n’avait pas d’argent pour honorer à l’obligation, il fallait faire le paiement en nature ou le travail forcé. Les plus récalcitrants étaient déportés. Cet obstacle vis-à-vis de l’impôt est encore entretenu par certains de nos compatriotes qui paient l’impôt pour éviter qu’on ferme leurs établissements. Ils ne savent pas grand’ chose de l’impôt, de sa répartition et ce qu’on fait avec l’argent de l’impôt.

Quelle est la particularité de cette préoccupation en Côte d’Ivoire ?

Les préoccupations africaines sont aussi bien celles de la Côte d’Ivoire. Car tous les systèmes fiscaux d’Afrique francophone ont leur matrice dans le système fiscal français qui est un impôt consenti par le peuple qui en ignore les tenants et les aboutissants. Le peuple, bien qu’ayant consenti à la loi fiscale par le biais de ses représentants à l’Assemblée nationale, reste tout de même étranger à cette loi fiscale. Ce qui fait qu’il a l’impression que l’Etat lui impose des charges fiscales lourdes et injustifiées. Il voit l’Etat en spoliateur; ce qui n’est pas toujours vrai.

A la page 328 de votre livre, vous écrivez que le système fiscal ivoirien est très marqué par des inégalités. Quelles sont-elles ?

Le système fiscal ivoirien est très fortement marqué par des inégalités. Elles se manifestent par trois déterminants majeurs. Il s’agit du poids des impôts sur la consommation, de la faible part des impôts progressifs et de la taxation générale du travail et des revenus du travail. Alors qu’en Côte d’Ivoire, les travailleurs ne sont pas encore bien rémunérés. A ces inégalités, mises en place par la loi, s’ajoutent les inégalités découlant des conditions d’application de la législation. Certains impôts peuvent facilement être fraudés que d’autres et ce phénomène crée chez les contribuables de bonne foi un sentiment d’injustice. A cela, il faut ajouter la question de la pression fiscale dont le taux est de 16% contre 24% hors prélèvements sociaux dans les pays industrialisés.

Que proposez-vous ?

Je propose un changement de paradigme du système fiscal

Comment ce changement devrait-il s’opérer ?

Le changement de paradigme de la fiscalité doit s’opérer par la mise en œuvre d’une fiscalité de développement qui est un état d’esprit. Il constitue à la fois un chantier des mentalités et un chantier des textes et des procédures. Cette fiscalité recommande que nous passions de l’actuelle conception statique de l’impôt à une conception dynamique. La conception statique voudrait qu’en début d’année, des prévisions budgétaires soient fixées et que, par la suite, chaque administration financière recherche les ressources nécessaires pour matérialiser le budget. La conception dynamique consiste à comprendre que le contribuable paie l’impôt pour obtenir en retour un certain nombre de services à un coût maîtrisé. Il s’agit, notamment, des services généraux qui touchent l’ensemble des citoyens à savoir la justice, la sécurité, la voirie et les infrastructures. Dans cette conception dynamique, le citoyen contribuable est satisfait de payer des impôts qui servent au développement du pays et fait prospérer ses propres affaires.

Interview réalisée par O. Chérif
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