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Société Publié le mercredi 4 décembre 2019 | Le Nouveau Réveil

Surendettement des Etats africains : Pourquoi la Côte d’Ivoire n’est pas à l’abri

© Le Nouveau Réveil Par DR
Conférence Internationale sur le "développement durable et dette soutenable: trouver le juste équilibre"
Lundi 02 décembre 2019.Dakar (Sénégal).Conférence Internationale sur le "développement durable et dette soutenable: trouver le juste équilibre", en présence du Président de la République, S.E.M. Alassane OUATTARA.
En marge du sommet de l’UEMOA sur la sécurité, à Dakar au Sénégal, le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a pris part hier au « Débat africain » animé par le confrère de RFI, Alain Foka, sur la question de l'endettement des États africains. Au cours de ce plateau qui a réuni le président de la République du Sénégal, Macky Sall, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, et le président du Cercle des économistes, Jean-Hervé Lorenzi, le président ivoirien a soutenu que les pays de l’UEMOA ne sont pas surendettés. En particulier la Côte d’Ivoire ne s’endette pas trop parce qu’elle respecte, selon lui, les critères communautaires : « Nous n’empruntons pas trop. Le pourcentage de la dette sur la richesse nationale, (le PIB) est de 48% en Côte d’Ivoire. Ce pourcentage était de 66% en 2011. C’est dire qu’en réalité, il y a une baisse. Mais c’est parce qu’il y a eu l’effacement de la dette dans le cadre du PPTE. La question de l’endettement dépend de la capacité du pays à montrer ses atouts pour emprunter. Si le pays est bien géré, vous allez emprunter à un taux très élevé. Si vous êtes bien géré, les taux seront bien bas. Nous avons donné la priorité, en Côte d’Ivoire, au financement par le secteur privé. En maintenant ce taux à 48%, nous avons pu réaliser un taux de croissance de plus de 7% par an. C’est dire que c’est possible. Chaque pays se gère en fonction de ses capacités et de ses dirigeants. Ce sont des choses dont on doit tenir compte. Nous, nous en tenons compte. Nous voulons qu’on ne soit pas au-delà de 50% avant 2020. On ne doit pas être à plus de 55% en 2025. On ne veut pas que le remboursement de la dette dépasse 17 à 18% des recettes fiscales. Comme ça, le reste peut faire les dépenses de fonctionnement et d’investissements » a expliqué Alassane Ouattara. Qui a relevé que l’économie de la zone de l’UEMOA est la plus performante en Afrique. «Nous avons les taux de croissance les plus élevés, 6,6%. Nous avons le taux d’inflation le plus bas. La dette publique la plus basse. 50% de taux d’endettement pour l’ensemble de UEMOA, etc… Nous respectons tous les critères de convergence aussi bien au plan régional qu’au plan international. Cette zone va bien. N’écoutez pas les populistes. Notre argent reste dans notre zone parce que notre zone est bien gérée. Le taux de croissance moyen du continent africain est moins de 3% aujourd’hui. Nous, nous sommes à 6,6%. Le taux d’inflation est moins de 2%. La moyenne en Afrique est 7 à 8%. » a dit le président Ouattara. Mais l’aspect que le président n’a certainement pas pris en compte, c’est qu’à 48% de taux d’endettement; donc en dessous du taux de 70% fixé par l’UEMOA n’est pas l’économie du pays à l’abri du risque. Effet, il existe bien d’autres critères non moins importants susceptibles d’impacter négativement l’économie. Des économistes évoquent d’autres critères tels que la stabilité politique, le niveau de l’épargne important et la situation financière.

De plus, un taux d’endettement n’est toujours pas un handicap pour un pays. Par exemple le taux d’endettement de la France est entre 88 à 94% ; des USA est de 110% et celui du Japon par exemple est de 216%. Et ces économies fonctionnent bien. Ce n’est pas le taux d’endettement qui détermine forcement la bonne santé économique du pays. Donc à 70% de taux d’endettement dans l’UEMOA, ce n’est pas se mettre à l’abri de la fragilité. Avec les 48% de taux d’endettement, la Côte d’Ivoire peut avoir des difficultés financières si on n’y prend garde. En réalité, ce qui est important, c’est la rentabilité des projets financés sur emprunt. Tant que le taux de rentabilité du projet financé est supérieur au taux d’intérêt servi sur l’emprunt (taux d’intérêt débiteur), le pays peut toujours s’endetter et ne court aucun risque puisque l’emprunt s’autofinance. Ainsi un pays ne doit pas emprunter pour assurer n’importe quel financement (fonctionnement de l’administration, financement de l’armement). La Côte d’Ivoire s’endette pour financer, pour la plupart, les projets d’infrastructures économiques. Or, ces infrastructures sont rentables à très long terme. Entre-temps, la rentabilité de ces infrastructures ne peut pas permettre de compenser le différentiel entre le taux de rendement et le taux d’intérêt débiteur. De plus, le remboursement provoque des fuites de capitaux que le pays paie. Quel que soit le taux auquel on emprunte, les remboursements du service de la dette fait partie des fuites de capitaux.

Revenant sur le taux d’inflation évoqué par le chef de l’Etat ivoirien, il convient de relever que le choix du taux d’inflation bas a, pour conséquence, un taux de chômage élevé. Ce qui pourrait expliquer le taux de chômage assez élevé en Côte d’Ivoire et en Afrique. Tout cela pour dire qu’il faut faire très attention en matière d’endettement et éviter de surendetter au détriment des générations futures; car à 5% d’intérêt, le capital emprunté double chaque ans.
FB
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