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Économie Publié le lundi 3 février 2020 | Abidjan.net

Côte d’Ivoire: les propositions d’un citoyen pour une nouvelle économie et une CEI pour la paix

© Abidjan.net Par DR
Allé Koffi économiste diplomé de Columbia University aux USA et de l`Université nationale de Côte d`Ivoire
M. Allé Koffi, Citoyen ivoirien et Economiste diplomé de Columbia University aux USA et de l’Université nationale de Côte d’Ivoire fait des propositions pour une nouvelle économie pour son pays ainsi qu’une Commission Electorale Idépendante pour la paix. ci-dessous, l’intégralité de sa déclaration.

Mes chers concitoyens,

Nous sommes encore au commencement de l’année 2020, au moment où se lève le soleil d’une nouvelle décennie. Au moment, hélas, où plusieurs de nos compatriotes s’inquiètent pour l’avenir proche de notre pays, eu égard aux nuages qui s’ammoncellent sur nos têtes à 8 mois des élections présidenteilles d’Octobre 2020. C’est en assumant ma responsabilité de Citoyen Ivoirien, et parce que le silence serait trahison en ces moments de tourment, que j’ai décidé de vous soummettre à la discussion, cette réflexion sur l’état de notre nation.

2020! Que cela sonne tellement bien, comme l’étaient 1990, 2000, 2010 pour la Côte d’Ivoire! Et pourtant! Que de tragédies! 1990: profonde crise socio-économique, programmes d’ajustement structurel et transition chaotique du parti unique au multipartisme. 2000: entrée de la CI dans le 21è siècle à reculons en connaissant son 1er coup d’Etat militaire, 40 ans après son indépendence! 2010: Ô Cinquantenaire, l’heure de la pause, de la réflexion pour un nouveau départ, surtout après une longue crise causée par de profondes contradictions et une rebellion armée. Mais qu’en avons-nous fait, de 2010? Une crise encore plus grave, une guerre destructrice!

Ô pays mon beau peuple, voilà bientôt 30 ans que tu es englué dans des crises à répétitions pour et par la politique électorale! Voilà 30 ans que tu as adopté un système de régulation politique fondé sur la pluralité des opinions et l’organistaion démocratique de la compétition pour l’accès aux pouvoirs d’Etat. Hélas, voilà 30 ans que ton élite politique a été incapable de bâtir les institutions clés, nécessaires au fonctionnement paisible de la démocratie. Le péril qui sanctionne cet échec n’épargne malheureusement personne. Ceux qui font la politique électorale ou la politique tout court, comme ceux qui ne font rien du tout et restent muets devant les questions vitales ou les périls de la nation, tous payent le même lourd tribut quand survient la guerre!

C’est pourquoi j’estime qu’il est de la responsabilité ultime de tous les citoyens, en particulier les cadres Ivoiriens, ceux qui ont bénéficié de l’éducation de la nation, de prendre la parole dans le débat public, surtout en ces temps de tourment. C’est cela donner en retour à sa patrie; et donner en retour pour des citoyens formés, c’est d’abord proposer des idées et de la réflexion qui constituent la première richesse des nations. C’est le premier retour sur investissement que nous devons à nos tantes Matogoma de Niédiékaha et Akissi de Bomizambo pour le lait précieux de leur sein et les sacrifices consentis pour nous envoyer à l’ecole. Si nous qu’elles ont mis sur la route de l’éducation moderne pour leur “ramener la lumière”, ne faisons pas notre devoir, qui va les sauver de la guerre!? C’est parce que je ne veux point me derober devant cette responsabilité que je propose ces lignes de réflexion.

• Institutions, Paix et Réconciliation

Mes chers concitoyens, la paix n’est pas un vain mot, c’est une construction! Aucune nation dans l’histoire du monde n’a obtenu la paix en la chantant tous les jours comme nous le faisons en Côte d’Ivoire. De la France aux Etats-Unis, les pères fondateurs de ces nations ont bâti des institutions qui, en protégeant les droits et libertés de leurs peuples, ont garanti la paix pour leurs enfants et petits-enfants. Ils ont pris soin de couler dans le marbre les institutions fondamentales de leurs nations pour qu’aucun dirigeant, pour ses intérêts personnels égoistes ne vienne les modifier arbitrairement et soumettre le peuple. La Côte d’Ivoire doit s’inspirer de ces modèles de construction si elle veut garantir la paix de long terme et arrêter de plonger dans la guerre chaque cinq ans! Notre pays s’élève ou s’écroule par des élections présidentielles mal organisées d’une façon ou d’une autre par la Commission Electorale Indépendante (CEI). Cela doit s’arrêter si nous voulons assurer la pérennité de notre communauté de destin. Tous les partis politiques majeurs de notre pays ont eu tour à tour “leur CEI”; et quand Tartampion est dans l’opposition, il accuse la CEI de Kèlètigui de tous les maux, juste pour aller reconduire le même modèle dès que son tour de pouvoir arrive. Ce cycle doit prendre fin, notre pays vaut mieux que cela! Qu’est-ce que je propose pour sortir de cet engrenage?

JE PROPOSE que la Côte d’Ivoire se dote d’une institution électorale sur le modèle pérenne de la Cour Suprême des Etats-Unis. Comment le fait-on? Il faut demander au peuple ivoirien, les corps constitués et toute la population, y compris par le moyen des réseaux sociaux, de désigner les hommes et femmes de notre nation qu’il juge de grande intégrité morale; et ces hommes et femmes existent bel et bien. Au bout de ce processus, les 10 personnalités venant en tête sont sélectionnées, on leur fait prêter serment devant le peuple réuni au Stade Houphouet-Boigny et ils sont nommés à vie au sein d’une CEI qui devient ainsi l’Institution Suprême de la nation. Plus de partis politiques, ni d’administration dans la CEI, ni dans le bureau central ni dans les commissions locales qui ont juste besoin d’informaticiens et d’ordinateurs pour compiler les résultats électoraux. Tous les fonctionnaires associés à la bonne organisation des élections gagneront des points pour leur promotion de carrière et tout manquement sera sévèrement sanctionné. La tâche sacrée de cette CEI sera d’élaborer un code électoral immuable, de définir consensuellement le déroulé des processus électoraux (Présidentielles, Législatives et Municipales), d’organiser toutes ces élections de façon juste et transparente afin que plus jamais un Ivoirien ne trouve la mort pour une élection mal organisée!

Avec une telle CEI, le reste suit. Tous les enfants de cette nation qui aspirent à la diriger doivent être libres de compétir. D’autres réformes doivent intervenir y compris pour les partis politiques, ces associations privées financées généreusement sur fonds publics, mais qui ne pratiquent pas la démocratie en leur sein pour nous sortir les meilleurs candidats par la compétition. Houphouet-Boigny a dirigé le parti unique en son temps, choisi son successeur au soir de sa vie pendant que les autres cadres du parti-Etat en colère rongeaient leur frein faute de compétition, avant que certains d’entre eux se coalisent plus tard contre “l’élu”; la suite on la connait! Pourquoi dans ce pays, personne n’apprend de notre histoire et tous, nous en répétons les erreurs depuis 30 ans! Cela doit prendre fin!

• Transformation et Nouvelle Economie

Chers concitoyens, quand on a fini de bâtir une institution électorale sans reproche, il n’y a plus qu’à construire dans un environnement paisible, une économie diversifiée capable de donner des opportunités d’emplois aux enfants de cette nation. Mais cela vient comme naturellement parce qu’avec son potentiel, une Côte d’Ivoire stable à long terme, qui exporte son cacao, même à politique nulle, ferait en moyenne 5% de croissance économique “au calme”! Donc, ce n’est pas cela notre problème; notre problème c’est de construire une institution crédible qui assure le renouvellement régulier de nos élites dirigeantes sans plonger le pays dans la guerre.

La nouvelle économie ivoirienne que JE PROPOSE, c’est celle qui va mettre l’entrepreneur national au centre du modèle de croissance. Notre pays a toujours attiré l’investissement étranger; cela s’est surement accentué ces 10 dernières années par la politique du Gouvernement, et c’est bien. Mais le défi des prochaines décennies, ce sera de réussir des poltiques économiques qui permettent d’associer le capital étranger au génie des Ivoiriens. Pour cela, il faut mettre en oeuvre une politique volontariste de promotion de ce que j’appelle les Champions Nationaux du secteur privé ivoirien. Des centaines de cadres rongent leurs freins dans les entreprises à Abidjan pendant 10, 20 ans avec dans les poches, des projets de création de leur propre business. Avec les taux d’intérêts faibles sur les marchés des capitaux partout dans le monde, et pour longtemps, il faut créer les conditions pour que le financement dormant dans les pays avancés vienne féconder nos porteurs de projets et entrepreneurs nationaux pour générer un tissu de nouvelles entreprises. De même, l’Etat doit organiser avec vigueur le secteur des Start-Up et jeunes entrepreneurs, en mettant en place des financements innovants, une fiscalité adaptée et une législation appropriée à l’éclosion de l’innovation. Au moins deux secteurs d’activité constituent le nouveau vivier d’entreprises et une niche immense à fort potentiel de croissance. Ce sont la transformation de tous nos produits agricoles, produits de rente comme vivriers, fruits et légumes; et le secteur des NTICs et les besoins de digitalisation de l’économie où le génie des jeunes Ivoiriens est juste en attente d’exploser.

Tout en engageant cette transformation structurelle de l’économie, notre nation doit se pencher sur un certain nombre de problématiques. Quid de l’éducation nationale et des curricula qui doivent soutenir la nouvelle économie; et du système de santé qui doit assurer des ressources humaines aptes au travail. C’est ensuite la dette publique qui s’est de nouveau accumulée après l’allègement obtenu sous l’Initiative PPTE. Quels sont les nouveaux instruments et compétences dont le pays doit se doter pour une gestion optimale de cette dette? Quels sont les nouveaux instruments de financement que notre pays doit privilégier pour financer son développement? Quel est le juste équilibre endettement/financement du développement à trouver? Quels sont les impératifs de discipline de gestion liés aux nouveaux arrangements monétaires en discussion? Quelle est la place des peuples dans la création de cette nouvelle monnaie ECO de la CEDEAO? Quelles sont les réponses aux fléaux de la corruption et détournements de déniers publics? Quelle justice pour protéger les droits des citoyens et assurer un environnement sain des affaires? Sur ces questions et bien d’autres de grand intérêt pour notre nation, comme beaucoup d’Ivoiriens, j’ai mes idées et propositions. Il faut que nous travaillions, en tant que nation, à ouvrir le débat public sur ces questions qui doivent être au centre de nos préoccupations, en lieu et place des discours envahissants liés aux problèmes de personnes. Et tous les canaux et média (Télés nationale et privées, réseaux sociaux, …) doivent nous aider à ce débat salvateur. C’est comme cela que tous les citoyens peuvent participer pleinement à la construction de la nation, ce bien public.

• La Nation, ce Bien Public

Mes chers concitoyens, la Côte d’Ivoire appartient à tous ses citoyens et même à ceux qui y vivent et contribuent à sa prospérité. La nation est un bien public dont le titre de propriété est collectif. Et comme tout bien public, tout homo oeconomicus en jouit sans que personne ne doive subir une quelconque discrimination. De même, sauf à jouer les passagers clandestins, chacun doit contribuer à la vie de ce bien public, donc à la construction de la nation. Eviter de parler de nos préoccupations communes – ce que certains appellant faire de la politique – et de proposer des réponses à nos défis, au mieux de ses capacités, est une démission devant nos responsabilités de citoyens. Nous devons tous répondre à l’appel de notre nation, surtout quand elle court au devant de périls. Ceux qui le désirent doivent pouvoir s’engager dans la politique électorale, c’est leur droit constitutionnel. Cette nation a besoin de nouveaux visages, de nouveaux messages, d’offres nouvelles pour son renouvellement et de nouveaux modèles à présenter à nos enfants et petits-enfants. Et c’est notre engagement à tous dans le débat, avec nos questionnements et propositions, qui permettra aux candidats aux fonctions électives de devenir meilleurs, d’être redevables au peuple et de faire des offres de qualité au profit de notre avancement collectif.

Nous sommes à la fin d’une époque, tant au plan politique qu’au plan économique. Sortons de nos peurs! Si nous voulons la paix et la réconciliation pour assurer la pérennité de notre nation, nous devons sortir des narratifs de vengeance et nous garantir la sécurité mutuellement. Quelqu’un a dit qu’on ne peut gouverner sans nuire; pardonnons-nous nos turpitudes passées et dotons-nous pour l’avenir, d’institutions qui permettent à un bon leader de nous diriger avec bonheur et qui limitent les possibilités de nuisance d’un piêtre dirigeant aux mauvais instincts. Le potentiel de cette nation est insoupçonné, arrêtons nos “self-inflicted damage”, notre auto-destruction et construisons le pays ensemble, avec des équipes mélangées comme jadis dans les cours de récréation de l’école publique où Koffi, Daouda, Séri, Yapo, Soro, Tra Lou, Akoua se partageaient les morceaux de “Cré-Cré” et d’”Aller-retour”. La fraternité, l’amour, l’accueil de l’autre sont des éléments constitutifs de l’ADN de cette nation. Retrouvons-nous autour de règles de vie consensuelles, y compris pour notre gouvernance politique, et réalisons ensemble, l’espérance promise à l’humanité par notre hymne national.

Bonne et heureuse année 2020 à toutes et à tous! Soyons à la hauteur de la grandeur de notre peuple!

ALLE KOFFI
Citoyen Ivoirien
Economiste diplomé de Columbia University aux USA et de l’Université nationale de Côte d’Ivoire
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