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Politique Publié le vendredi 24 juillet 2020 | Le Nouveau Réveil

Débats autour du choix du candidat du Rhdp/ Yéoué Glarou, cadre Rhdp du Guémon, sans détour :« Non, la base ne réclame pas un 3ème mandat de Ouattara» (Interview)

© Le Nouveau Réveil Par DR
Yéoué Glarou, vice-président du Conseil régional du Guémon, secrétaire de Section Rhdp, coordonnateur régional adjoint de Génération gagnante du Guémon (Gg)
Yéoué Glarou, vice-président du Conseil régional du Guémon, secrétaire de Section Rhdp, coordonnateur régional adjoint de Génération gagnante du Guémon (Gg), ne partage pas l’avis des cadres du Rhdp qui réclament la candidature du président Alassane Ouattara à l’élection présidentielle. Dans cette interview, il indique la démarche à suivre pour le choix du candidat, en faisant des propositions.

M. Yéoué Glarou Maurice, qu’est-ce qui vous amène, ce matin, dans nos locaux ?

Je suis vice-président du Conseil régional du Guémon, secrétaire de Section Rhdp, coordonnateur régional adjoint de Génération gagnante du Guémon (Gg). Je suis venu, ce matin, pour tout juste donner mon avis sur l’actualité du moment, concernant la vie politique de notre pays.

Comment va le Rhdp aujourd’hui, après la disparition du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly ?

C’est vraiment triste. On ne s’y attendait pas. Le Premier ministre Gon Coulibaly est un monsieur de grand cœur. C’est un monsieur qui a donné toute sa vie pour que tous les Ivoiriens puissent se retrouver dans la République. Je n’avais jamais vu un Premier ministre aussi aimable qui faisait l’unanimité dans toutes les régions sans distinction. Sincèrement, au Rhdp, aujourd’hui, ça va très mal. L’espoir de celui qui avait la lourde charge du Rhdp, le président Alassane Ouattara, nous a quittés. On ne s’y attendait pas.

Comment le Guémon, votre région, a reçu cette nouvelle de la disparition du Premier ministre ?

Ce fut un grand choc dans le Guémon. Je vais le dire, avant qu’on ne prenne le Conseil régional du Guémon, le Premier ministre Gon Coulibaly avait, lui-même, décidé de travailler avec nous. J’y étais. Nous étions à la résidence du ministre Mabri. Il a donné sa parole qu’il voulait travailler avec nous. On a commencé dès que nous avons pris le Conseil régional du Guémon. La région avait commencé à se développer. On a ressenti le décès du Premier ministre avec un choc. Nous nous sommes dit que nous sommes perdus, parce que ce monsieur-là était notre espoir.

Après l’inhumation du Premier ministre, le parti du président Ouattara serait à la recherche d’un nouveau candidat, vous en avez une idée ?

Un chef de famille, quand il lui arrive de perdre son fils en qui il a confiance, c’est normal qu’il se cherche. Effectivement, le président de la République, président du parti, est en train de chercher un nouveau candidat. Cela ne veut pas dire que dans le parti, dans la Côte d’Ivoire, il n’y a personne sur qui on peut porter le choix pour la candidature du Rhdp à l’élection présidentielle. Le président a toujours été serein. Il a toujours voulu cela. Par contre, on a tendance à voir qu’il y a certaines personnes qui veulent pousser ce monsieur dans le ravin.

Vous dites que le président est en train de chercher quelqu’un d’autre mais des sons de plus en plus forts se font entendre pour dire que le candidat pourrait être le président lui-même.

C’est grave. Ces genres de parole sont très graves. Ce pauvre monsieur, durant 10 ans, a donné toute sa vie à la Côte d’Ivoire. J’en veux pour preuve ce qu’il a fait, lui et son épouse. Il a même dit qu’il y a deux ans, il avait pris la décision qu’il ne devait plus être candidat. Cela parce qu’il voulait mener une vie de repos avec sa femme et ses enfants. Il a trouvé qu’il travaillait assez et que ce n’était pas facile pour lui. Si aujourd’hui, il y a des gens qui lui demandent de revenir, c’est que ces gens-là ne l’aiment pas. Des gens veulent qu’ils partent dans la honte. Ce n’est pas ce que le Guémon veut. Nous ne voulons pas que ce monsieur-là parte dans la honte.

Concrètement, qu’est-ce que vous voulez dire ?

Nous voulons que le président prenne le temps de se ressaisir et s’asseoir pour regarder autour de lui. Si aujourd’hui, dans le Grand Nord, certains de nos camarades ne sont pas capables de prouver à ce monsieur ce qu’il a pu faire, ce qu’il leur a montré sur son pouvoir, il y a des régions où il y a aussi des cadres qui ont de l’expérience de pouvoir assumer ces responsabilités. Le Rhdp appartient à toute la Côte d’Ivoire. Pour moi, c’est que le président réfléchisse et fasse appel à tous ses enfants qui, le premier jour où le choix a été porté sur le Premier Gon, se sont recoquillés parce que la manière n’y était pas. Il s’agit de leur faire appel et ensemble, trouver une solution, que d’amener Alassane Ouattara et sa pauvre femme, Dominique Ouattara, à l’abattoir.

Ce que nous lisons dans les déclarations des uns et des autres, c’est qu’après le décès du Premier ministre Gon, il n’y a plus de cadres présidentiables au Rhdp et c’est pour cela qu’ils font appel au président Ouattara. C’est-à-dire qu’il n’y a plus de cadres sur qui Ouattara peut compter ?

Dire qu’il n’y a plus de cadres sur qui Ouattara peut compter, c’est pour moi, une manière de dire à ces individus qu’ils ne portent pas Ouattara dans leur cœur. Ouattara leur a laissé tout le temps de travailler à ses côtés. Ils ont appris beaucoup de choses auprès de lui. Tout ce que Ouattara leur montrait, tout ce qu’ils faisaient semblant d’apprendre, c’était archifaux. Pour être un chef d’Etat, ça s’apprend. Il y en a à l’Ouest, au Centre, partout. C’est ceux-là qui vont pousser le monsieur à se faire ridiculiser. C’est ce que nous ne voulons pas. Qu’ils sachent que ce qu’ils sont en train de dire ne convient pas.

Qu’est-ce que vous entendez par pousser le monsieur à se ridiculiser ?

Après deux mandats, après avoir bien fait et après avoir conquis le cœur de tous les Ivoiriens, il est temps qu’il parte. Il avait vraiment pris le vrai chemin. Si aujourd’hui, il n’y a plus personne, après le départ de son dauphin, je crois que ce n’est pas pour autant qu’on veuille le ramener. Est-ce à dire que chaque fois qu’il y aura des décès de ce genre, Alassane reviendra ? Je dis non. Il serait là toujours en train d’être président. N’y a-t-il pas une autre vie, après la présidence ? Il faut arrêter cette hémorragie. C’est de dire la vérité à ceux-là qui sont en train de le pousser dans le ravin. Ce n’est pas le vrai chemin.



Etes-vous en train de dire que le retour de Ouattara comme candidat pourrait fragiliser le Rhdp ?

Ça pouvait fragiliser le Rhdp, même fragiliser la paix que le président Ouattara a créée, l’amour qu’il a créé, le développement qu’il a impulsé, le bonheur qu’il a créé autour de tout le monde, pourraient être fragilisés. Ça pourrait pourrir tout ce bien que sa femme et lui ont pu faire, durant les 10 ans. Aujourd’hui, même les enfants, les hommes, les femmes en parlent dans la rue. Des gens en parlent. C’est nous qui sommes dehors qui l’entendons. Quand des gens se substituent à la base pour demander que le président Ouattara revienne, c’est archifaux. Nous sommes animateurs de la base et nous sommes au contact avec cette base là. C’est ce qu’ils ont fait à certains chefs d’Etat et puis, il y a des coups d’Etat. C’est ce que nous ne voulons plus.

Vous dites que certaines personnes veulent tirer le Rhdp vers le Nord. Est-ce à dire qu’il y a une question d’idéologie tribale au sein de votre parti ?

Au vu de ceux qui sont en train de s’exhiber, nous pouvons bel et bien dire que le tribalisme commence à s’installer. Je vous donne un exemple. Moi, je suis du Guémon. Le ministre Mabri et le Premier ministre Gon Coulibaly, c’est comme le doigt et son ongle. Ces deux-là, on les voit comme des jumeaux. Le jour où la décision devrait être prise pour choisir un candidat du Rhdp, à l’Hôtel Ivoire, les autres n’ont pas été informés. Quand nous sommes arrivés dans la salle, systématiquement, on nous a dit que Gon Coulibaly est le candidat. Le ministre Mabri s’est énervé et il a dit : « Ha, non, ça se passe pas comme ça. C’est plusieurs partis qui fondent et qui créent le Rhdp. Dites-le nous au moins» Tel ne fut pas le cas. Le ministre Mabri s’est retiré. Toutefois, il est toujours membre du Rhdp. Il n’a pas rendu sa démission. Si Gon ne vit pas aujourd’hui, pour celui-là qui avait aussi des intentions de briguer ce poste, pourquoi on ne lui fait pas appel et que c’est forcément des gens du Nord qui disent qu’il n’y a personne? Pourquoi il n’y a personne ? C’est le tribalisme qui arrive. Cela va faire des frustrés. C’est ces mêmes frustrés qui vont faire et il y aura des situations désagréables. Il y a des cadres valeureux qui peuvent assurer ce poste et collaborer avec Alassane, étant à la retraite. Ils pourront continuer ses œuvres. Diantre, pourquoi ne pas faire appel à ceux-là et on se permet de dire qu’il n’y a personne. Si vous vous êtes candidats et qu’on sent que vous êtes bien, on peut vous aider. Demander à ce pauvre monsieur de revenir, en baignant dans le mensonge, moi, je pense qu’il y a lieu qu’on se dise la vérité.

Réduire le Rhdp en clans, c’est enterrer toutes les ambitions de cette formation politique ?

En créant le Rhdp, le président Ouattara s’est inscrit dans la vision du président Félix Houphouët-Boigny. Nous sommes tous des enfants de Félix Houphouët-Boigny. Le Pdci a été éclaté, entrainant la création du Rdr et d’autres partis. Tout cela était dû à la frustration. Et c’est cette même frustration qui revient. En nous faisant appel pour créer le Rhdp, c’est une manière pour le président Ouattara de réunir les enfants du président Houphouët pour avoir les mêmes idéaux du développement. Si on a choisi Gon qui est décédé, je crois qu’on doit faire attention à ce qu’on dit. On risque de faire encore des frustrés et revenir à la case de départ.

Est-ce que le Rhdp a une assise sociologique dans l’Ouest Montagneux ?

Il faut dire que l’Ouest Montagneux est l’une des plus grandes zones peuplées en Côte d’Ivoire. Je vous le dis haut et fort parce que je suis originaire de là-bas. C’est l’une des zones en Côte d’Ivoire où il y a beaucoup d’intellectuels calmes, parce qu’ils ont du respect pour leurs parents. En 1990, quand Gbagbo a battu Houphouët à l’Ouest, lors de la présidentielle, Léon Konan Koffi est allé dire les vrais résultats et, en ce moment, Bombet n’était pas encore ministre. Nous savons ce que le président Houphouët a dit à Camille Alliali, quand il est venu à Bangolo. Faisons très attention. L’Ouest est une zone très… très difficile. Si aujourd’hui, beaucoup de cadres et enfants de l’Ouest ont compris et qu’ils sont revenus dans l’houphouëtisme, ce n’est plus la peine de remuer le couteau dans la plaie. Allons-y tout droit. S’il n’y a pas d’hommes au Nord, il y en a à l’Ouest. La Côte d’Ivoire doit avancer. Arrêtons de faire des frustrés.

Vous allez donc contre certaines idées ?

Je ne vais pas contre certaines idées mais je veux que la paix règne. Je veux que ce monsieur-là parte la tête haute. Je veux que ce que sa pauvre femme a fait pour toute la Côte d’Ivoire puisse rester dans la mémoire de tout le monde entier. Qu’on ne ramène pas encore le tribalisme. Qu’on ne ramène pas cette manière qui nous a fait tant de mal. J’ai l’impression que c’est ce qui est en train de se préparer. Evitons cela. Quand, hier, à la télé, j’ai vu certains cadres et responsables du Tonkpi aller dire à Alassane : « viens nous sauver », c’est parce qu’ils savent que ce qui est en train de se dire est grave.

Cet appel des gens du Tonkpi à Ouattara, ne pensez-vous pas que c’est pour qu’il soit candidat ?

Ces vieilles personnes sont manipulées par des gens que vous avez vus à leurs côtés, qui applaudissant. Le monsieur a le cœur qui saigne. Il a perdu un de ses fils. Vous êtes allés à ses funérailles et vous parlez de politique. C’est déplorable devant toute la nation. Ce n’était pas l’occasion. C’est de dire au président, calme-toi, vas-y, fais ceci, fais cela, nous sommes à tes côtés et puis, après, on parlera. Quand les Ivoiriens sont à un petit poste, l’avenir du pays ne leur dit plus rien. C’est quand tout dégringole qu’ils cherchent à fuir et ce sont les pauvres qui prennent les pots cassés. Je sais qu’Alassane en est conscient. Dieu veillera à ce que son cœur retour ne là où se trouve le bonheur des Ivoiriens.

Interview réalisée par Eddy Péhé et JB Kouadio
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