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Société Publié le jeudi 25 mars 2021 | AIP

Assouan Elisabeth, une battante au service des femmes et de la cohésion sociale à Divo (Portrait)

Dame Assouan Elisabeth est de celles qui s’imposent par leur travail et leur charisme. A Divo, elle est parvenue à unir les associations de femmes de la commune dans une fédération, à travers laquelle elle lutte pour aider non seulement à l’autonomisation des femmes, mais mobilise les énergies pour la préservation de la paix et de la cohésion sociale. Elle suscite l’intérêt d’être connue.

Une femme engagée dans la sensibilisation pour la préservation de la paix et le maintien de la cohésion sociale


Mme Assouan E. délivre ici son message pour des élections présidentielles apaisées à Divo

A l’occasion de la présidentielle d’octobre 2020, Divo a connu de graves violences préélectorales, consécutives à l’annonce de la candidature du président Alassane Ouattara de postuler pour un troisième mandat. Une manifestation de femmes de l’opposition a entrainé, les 21 et 22 août 2020, dans la ville de Divo, des affrontements entre jeunes partisans du pouvoir et ceux proches de l’opposition. L’on a déploré huit personnes tuées, l’incendie et la destruction de nombreux commerces et domiciles, créant une situation de psychose à quelques semaines de l’élection.

Pour contribuer à faire baisser cette tension latente dans la cité de Divo, la présidente de la Fédération des associations et organisation féminines de Divo (FAOFDI), Wagala B. Elisabeth, épse Assouan, a initié, sur les encouragements du préfet de région, une tournée de sensibilisation en septembre et octobre, dans les quartiers et les marchés de la commune, afin de sensibiliser les femmes et les inciter à œuvrer pour ramener la paix dans la ville.

Elle a réussi à mobiliser les femmes et les hommes de diverses communautés et bords politiques à se retrouver à la ‘’Place de la paix’’ de Divo, pour d’ultime messages de paix et de cohésion sociale, le 24 octobre 2020, à une semaine de la tenue de la présidentielle. Ces efforts conjugués avec d’autres ont permis à Divo d’avoir un climat plus serein et des élections globalement apaisées.

Dans l’optique d’anticiper et d’entretenir le vivre ensemble, Mme Assouan et son équipe ont mis en place, dans chaque quartier de Divo, des points focaux de maintien de la paix et de la cohésion sociale. « Pour la cohésion nous nous sommes engagées pour qu’il y ait vraiment la paix à Divo et que tout ce qui s’est passé les 21 et 22 août 2020 ne se reproduisent plus. C’est pourquoi toutes les femmes sont ensemble », déclare la présidente Assouan Elisabeth.

Qui est Mme Wagala B. Elisabeth, Epse Assouan ?

Le teint noir ébène, apparaissant plus jeune, les cheveux nattés et de taille imposante, avec des rondeurs stéréotypées « africaines », celle qui mène ce combat pour la paix et la cohésion à Divo, Mme Assouan Elisabeth, est née en 1964, dans la sous-préfecture de Nouamou, département de Tiapoum, dans la région du Sud Comoé (Aboisso).

A sept ans, une tante paternelle au Ghana vient la chercher pour qu’elle reste auprès d’elle. Elle y fait ses études primaires, avant de revenir en Côte d’Ivoire. Elle ne reprendra plus le chemin de l’école, mais s’engage dans la vie active, à travers le commerce. Autodidacte, elle parle couramment et lit en français, alors qu’elle a fait essentiellement des études primaires en anglais, au Ghana.

A 21 ans, en 1985, elle rend visite à son oncle à Divo, avec qui elle reste et rencontre, entre temps, celui qui deviendra son époux, M. Assouan. Elle est donc mariée, mère de six enfants, dont cinq garçons et une fille. L’aîné est âgé de 32 ans.

Au plan professionnel, Mme Assouan a pour activité principale la restauration, où elle fait des services traiteurs. Elle possède également un magasin de commerce au marché.

Selon ses collaboratrices de la FAOFDI, Mme Assouan est une femme de caractère, une vraie leader, qui est passionnée par ce qu’elle fait et qui met un point d’honneur à faire ce qu’elle doit, avec engagement, sans tricher, aimant souvent elle-même mettre la main à la pâte.

« Même ce que l’on peut trouver comme un défaut chez elle est une qualité, c’est-à-dire la franchise. Elle ne garde pas rancune, mais aime dire ce qu’elle pense, même si cela doit choquer », a expliqué la présidente d’une association de femmes du quartier Briboré, Mme Dozoro Agnès. La même appréciation est faite par Mme Koné Affoussiata, présidente d’une association de femmes de la communauté du Worodougou (Nord) à Divo.

La passion de servir et d’aider les femmes à s’assumer dans la société


Les femmes de la FAOFDI apprécient le leadership de leur présidente (ici entourée)

Chrétienne assez pieuse, Mme Assouan s’engage assez tôt dans les activités de sa communauté religieuse, notamment l’Eglise méthodiste unie du quartier Konankro, où elle dirige la chorale ‘’Mont Carmel’’ depuis 2008. Dans la foulée, elle a créé au quartier Konankro une association de femmes, dénommée ‘’Femmes espoir’’.

Membre de la communauté N’Zima de Divo, elle est la présidente des femmes N’Zima Kotoko de Divo et l’adjointe du chef de la communauté N’Zima de Divo.

Ayant fait le constat de l’absence de véritable porte-parole de l’ensemble des femmes de Divo quand les autorités en demandent, Mme Assouan nourrit l’idée, avec d’autres femmes du département, de la création d’une union des femmes du département.

L’idée fait son chemin et en 2016, elle créée avec 130 associations de femmes du département, la Fédération des associations et organisations féminines de Divo (FAOFDI), qui compte à ce jour plus de 230 associations de femmes, de différentes communautés ethniques et de diverses corporations socioprofessionnelles. Le samedi 11 juillet 2020, les femmes la reconduisent pour un second mandat de trois ans à la tête de la FAOFDI, après des malentendus qu’elle a sus gérer.

Pour toutes ces femmes, la présidente de la FAOFDI et son bureau nourrissent de grandes ambitions pour leur autonomisation financière. Déjà le maire de Divo, Amédé Kouakou, et sa municipalité dégagent chaque année, depuis 2016, une subvention de cinq millions de francs CFA, que la FAOFDI accorde sous forme de prêts aux femmes, pour leur permettre de créer ou accroître leurs activités agricoles ou commerciales.

Trois projets tiennent à cœur Mme Assouan. D’abord la construction d’un centre d’alphabétisation pour aider les femmes à apprendre à écrire et à lire. « Beaucoup de nos femmes ne savent ni lire ni écrire, et cela est un frein à leur réussite, à leur autonomisation, alors qu’elles sont des battantes », a souligné la présidente de la FAOFDI. Des démarches sont en cours auprès de la mairie pour obtenir un terrain, afin de réaliser ce projet.

Le second projet est la construction d’un complexe de restauration et d’organisation de cérémonie, où les femmes pourront chacune selon sa spécialité venir ouvrir un box de restauration, ouvrir un magasin d’objets de mariage. Une salle de festivités y est prévue. Les démarches sont également en cours pour ce projet, selon Mme Assouan. Le troisième projet est en cours et concerne la culture et la commercialisation de champignons comestibles.


Mme Assouan (2ème à gauche) avec quatre de trois de ses collaboratrices

Quand il lui est demandé les raisons de tant de débauches d’énergie, la présidente de FAOFDI explique qu’elle se bat pour que les femmes n’aient plus peur de prendre leur place dans la société. « Avant les femmes n’avaient pas beaucoup d’opportunités pour s’exprimer. Cela a changé aujourd’hui, mais des femmes ont toujours peur de réclamer leurs droits. Je demande donc aux mamans d’accepter de prendre leur place dans la société, parce que c’est la femme qui éduque », déclare Mme Assouan, qui considère que « servir les autres et surtout la femme c’est construire la nation ».

Un leadership salué par l’autorité de tutelle

Au niveau de la Direction régionale de la Femme, de la famille et de l’enfant du Lôh-Djiboua, la responsable, Mme Mariama Sekongo, note que « Mme Assouan est un modèle, c’est une femme très dynamique et disponible. Et avec son leadership, elle arrive à maintenir ensemble les femmes pour les conduire vers un même objectif, à savoir l’autonomisation de la femme ».

(AIP)

jmk/tm
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