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Société Publié le vendredi 30 juillet 2021 | AIP

Plus de 80% des taxis de Gagnoa roulent au gaz butane (Enquête)

Gagnoa, En Côte d'Ivoire, la loi n° 92- 469 du 30 juillet 1992 condamne l'utilisation du gaz butane à des fins de carburant par les véhicules d'une peine d'emprisonnement de quinze jours à un an et/ou d'une amende de 100.000 à 500.000 FCFA. En dépit de cette disposition légale, ce phénomène semble se perpétuer dans des localités du pays où les conducteurs de taxi sont les plus connus en tant que grands utilisateurs de gaz butane dans leurs engins. A Gagnoa, révèle la direction régionale des Transports, plus de 80% des taxis mettent en place un dispositif permettant d'utiliser les bouteilles B6 du gaz butane à des fins de carburant. Quels en sont les impacts et comment y mettre fin ?.


Dans le cadre d’une étude relative aux données socio-économiques de la région du Gôh, la direction régionale des Transports du Gôh a dénombré environs 600 taxis communaux dans la ville de Gagnoa. « Malheureusement, plus de 80% d’entre eux, utilisent le gaz butane, comme source d’énergie », déplore son directeur régional Koué-Bi Ferdinand. Selon lui, c’est le nombre élevé de camions de transport de marchandises d’approvisionnement en gaz butane de type B6, entrant et sortant de la ville de Gagnoa, qui a attiré son attention. Ainsi, ses services ont pu faire le constat d’un trafic dangereux pour les chauffeurs de taxis eux-mêmes et la population de la commune de Gagnoa. En mars 2019, après une rencontre avec tous les acteurs intervenants dans ce dossier, il en est ressorti que ce phénomène est d’actualité dans toutes les grandes régions de l’intérieur du pays et qu’il semblerait que ce réseau tire sa source depuis les services des mines et énergies de Côte d’Ivoire. La société ivoirienne de contrôle technique automobile (SICTA) de Gagnoa fait savoir que les propriétaires de taxis prennent le soin de démonter le dispositif du gaz avant de se présenter au contrôle technique à la SICTA.


Un chauffeur de taxi communal, Soumahila Kamaté, réagit à ces accusations, qu’il juge « partiellement fondées», vu que c’est illégal, mais justifie les motivations et contours du choix du gaz butane, au détriment du gasoil. Avant, relate-t-il, de la recette journalière d’environ 21 000 FCFA, il fallait remettre entre 9 000 et 11 000 FCFA de carburant chaque soir, avant d’aller garer le véhicule. Le reste de la recette était réparti entre le propriétaire (10 000 FCFA) et son ‘Guë’ (part non déclarée que le chauffeur retient). « Quand vous faites le calcul, vous voyez vous-même que c’était difficile ! », fait observer l’homme, la quarantaine entamée, père de six enfants. Aujourd’hui, avec deux bouteilles de B6, soit 4 000 FCFA, il dit arriver à assurer sa consommation journalière de carburant, donner une part plus importante au propriétaire qui a installé le dispositif de chargement de butane dans le coffre arrière du véhicule et pouvoir rentrer chez lui le soir avec trois voire quatre mille Fcfa, en attendant sa paye mensuelle. « Le choix est donc vite fait », insiste Soumahila Kamaté.


Le directeur régional du Commerce, N’Cho Béda, rappelle qu’il est formellement interdit d'utiliser le gaz butane pour le transport en commun, vu qu’il s’agit en Côte d’Ivoire d’un produit pour les ménages. Puis de préciser que son utilisation, qui nécessite une certaine technicité qui n'est pas encore adoptée par l'État. Il regrette que non seulement ceux qui installent l'appareil dans le véhicule ne maîtrisent pas entièrement le processus, mais en plus, lorsqu'on emprunte un taxi en ville, l’on constate des fuites de gaz.


A la direction départementale des Mines, de l’Energie et du Pétrole de Gagnoa, l’on assure que « l’Etat de Côte d’Ivoire est informé, et il est en train de prendre des mesures ». Pour le directeur du Pétrole et de l’Energie du Gôh et du département de Sinfra, Loukou Simplice, c’est une question « d’incivisme » des chauffeurs de taxi et même des opérateurs qui exercent dans ce domaine. Les chargements se font au su et au vu de tous dans les véhicules, en début de soirée et en file indienne, afin d’entamer le travail, tôt le matin. Plusieurs campagnes de sensibilisation ont été menées par ses services, en collaboration avec l‘Office nationale de la protection civile (ONPC). Malheureusement, rien ne bouge et pis, « nous sommes parfois l’objet de menace de la part d’opérateurs et de leurs familles », a révélé M. Loukou.


« C’est un véritable fléau, face auquel nous sommes impuissants », fait observer le directeur du pétrole, qui a sous sa responsabilité les hydrocarbures. Il en appelle à la prise de conscience des utilisateurs du gaz butane dans les véhicules, qui fument parfois à bord du véhicule, sans prendre conscience du danger. Selon les techniciens de l’hydrocarbure, la bouteille de Gaz, quel que soit son degré de fermeture, fuit, même si c’est en quantité négligeable.


Le délégué du Haut Conseil des transports pour le département de Gagnoa, Coulibaly Thorna, assure que ce phénomène étant d’ordre national, assurant que les conducteurs de taxis font plus de recette en roulant au gaz qu'au gasoil. Sans réfuter les risques réels, il dit s’en remettre à Dieu et que sans l’utilisation du gaz butane, de nombreux véhicules ne seraient plus en service.


L'explosion d'un taxi communal de Yopougon dans l'ouest d'Abidjan, qui fonctionnait avec du gaz butane a fait trois victimes dont deux personnes mortes calcinées courant avril 2021. A Adzopé, un autre taxi utilisant du gaz butane a complètement brûlé, en février 2021, après avoir pris feu dans un lavage-auto au quartier derrière terrain. Selon les témoins, le chauffeur du taxi voulait profiter du temps de lavage de son véhicule pour refaire le plein de gaz. Au moment où il faisait le plein, deux violentes détonations ont retenti puis s’en est suivi un incendie qui a calciné entièrement le véhicule.


(AIP)


Dd/ask

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