Les résultats de l'enquête du projet Performance Monitoring for Action (PMA) visant à faire progresser les connaissances relatives à la dynamique contraceptive et à la santé de la reproduction sur le plan programmatique ont été rendus public au cours d'un atelier de dissémination des résultats le jeudi 29 juillet 2021 au sein de l’ENSEA à Abidjan-Cocody.
L’incidence de l’avortement en 2018 était estimée entre 28 et 41 pour mille femmes âgées de 15 à 49 ans soit entre 158 321 et 230 942 avortements par an en Côte d'Ivoire selon le rapport final des résultats de la phase 1 du projet et de l’enquête de suivi de l’avortement afin de susciter une meilleure appropriation des données de l’enquête au niveau national.
Selon Dr Raïmi Fassassi, enseignant-chercheur, près de deux tiers des avortements effectués par les femmes étaient à risque. Commentant le rapport de l'étude, il a confié que 58% des femmes ayant rapporté avoir eu recours à l’avortement ont indiqué avoir subi des complications potentielles. En outre, 31% des femmes qui n’utilisaient pas de méthodes contraceptives l’ont fait pour des raisons liées à la COVID-19, notamment la peur de contracter la COVID dans la structure de santé.
L'étude à par ailleurs révélé que le taux de prévalence contraceptive moderne est de 23% pour l’ensemble des femmes, de 22% pour les femmes mariées et de 48% pour les femmes non mariées sexuellement actives. Les méthodes les plus courantes chez les femmes en union selon cette enquête, ce sont la pilule (24%) et l’implant (22%). Ce rapport a également précisé que 60 % des femmes de 18-24 ans ont commencé leur vie sexuelle avant l’âge de 18 ans en Côte d'Ivoire. Cependant, seulement 14 % d’entre elles ont utilisé une méthode contraceptive avant cet âge. ''Comparées aux femmes du milieu urbain, celles du milieu rural commencent plus tôt leur vie sexuelle, se marient plus tôt et ont plus tôt leur premier enfant, mais utilisent plus tardivement la contraception'' a souligné Dr Fassassi.
À en croire ce rapport final, les besoins non satisfaits en planification familiale sont en baisse continue passant de 26% en 2017 à 20% en 2020 et sont essentiellement en espacement qu’en limitation des naissances.
Aujourd'hui en Côte d'Ivoire, près d’une adolescente sur trois a des représentations sociales négatives vis-à-vis de l’utilisation de la planification familiale (PF) chez les jeunes filles, considérant que les jeunes filles qui utilisent la PF ont des mœurs légères ou que la PF concerne uniquement les femmes qui ne veulent plus avoir d’enfants.
Notons que ce projet est conduit par l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA) depuis juillet 2019 avec l’appui financier de la Fondation Bill et Melinda Gates. La mise en œuvre du projet a par ailleurs bénéficié de l’appui technique de l’Institut Gates et Jhpiego.
Le directeur général de l’Ensea Hugues Kouadio a dans son propos introductif rappelé que la planification familiale en contribuant à la baisse de la mortalité maternelle, reste un facteur important pour tirer parti du dividende démographique source de développement économique.
Le représentant du directeur de cabinet de la ministre Kaba Nialé a quant à lui exhorté les chercheurs à orienter leur recherche d'études sur les effets à long terme des méthodes contraceptives afin d'avoir des preuves scientifiques pour amener plusieurs femmes à utiliser les services de planification familiale.
Cyprien K.
