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Editorial Publié le lundi 21 juin 2010 | L’expression

L’Editorial : Devoir de corruption

C’est en héros que le ministre de l’Intérieur a parlé le jeudi 10 juin dernier à ses camarades de parti. Au domicile du président du Front populaire ivoirien, Affi N’Guessan, c’est un Désiré Tagro sûr d’être applaudi par les siens qui a révélé lors du secrétariat exécutif du parti au pouvoir qu’il réservait deux tiers des places au concours d’entrée à la police nationale au Fpi. L’œuvre réalisée n’a pas manqué d’être applaudie. Puisque, dans le communiqué final produit à l’issue de la rencontre, la direction du parti de Laurent Gbagbo a condamné sans réserve les propos de Mamadou Koulibaly. Faut-il le rappeler, le président de l’Assemblée nationale, et troisième vice-président du Fpi a été celui qui a porté au grand jour les magouilles, et le recrutement selon l’appartenance politique et tribale qui ont cours à l’institution qui forme les hommes et les femmes destinés au maintien de la sécurité publique dans le pays. Entre les principes et les valeurs, d’un côté et le service rendu au parti, de l’autre, le choix des hauts dirigeants du parti du chef de l’Etat a été vite fait. Et bien fait. Désiré Tagro est au petit soin du parti. Les deux tiers des places permettent aux barons de rayonner. Qui ne prend du volume dans son village, parmi ses camarades, et même dans son environnement, quand il est dans la possibilité de distribuer des places d’entrée à la police, c'est-à-dire de garantir un emploi et une rémunération à vie à ceux qu’il a choisis ? Qui ne sait que lorsque la police, une institution de première importance dans le maintien de l’ordre et donc dans la maîtrise du jeu politique qui englobe les manifestations de rue et les protestations diverses, est composée au moins aux deux tiers de militants de son camp, il peut dormir tranquille ? Désiré Tagro n’a donc pas commis de faute ! Il a été un très grand militant. Un homme dévoué à la cause qui doit être plutôt célébré. Dans la logique de l’exercice du pouvoir par le parti aux affaires, les choses sont ainsi. Et pas autrement. L’administration, les forces de défense et de sécurité, tout comme les grandes poches à sous du pays, tout doit être géré au bénéfice du clan. Au profit du système. Exit la bonne gouvernance, les principes d’équité entre citoyens, la neutralité de l’Etat. Ce ne sont que des bons mots nécessaires aux discours de circonstance. Pendant dix ans donc, la corruption et le tribalisme ont été érigés en principes de gestion du pays. Pendant dix ans, des milliers de jeunes ivoiriens, dans les différents concours, pour ne parler que de ce secteur, ont été floués. L’ouverture des concours, les tests académiques, sanitaires et physiques ont été des trompe- l’œil. Le jeu était pipé d’avance. Les résultats préfabriqués. Combien de centaines de millions, voire de dizaines de milliards de Fcfa, ont été par cette farce républicaine, extorqués aux pauvres gens dont la foi aux valeurs cardinales d’une République aux vertus installées les poussait à aller aux fronts des concours avec pour seule arme la bonne préparation intellectuelle ? Le devoir de corruption installé par la Refondation, le projet politique du Fpi a poussé la Côte d’Ivoire dans le gouffre. Tout va à vau-l’eau. Personne n’a été surpris alors d’entendre la nouvelle directrice de l’Ecole nationale d’administration avouer « qu’on ne paiera plus pour entrer à l’Ena ». Cri du cœur d’une dame excédée par les pratiques abjectes systématisées pour franchir les portes de cette institution qui, jusqu’à l’année dernière encore formait, en plus des hauts cadres de l’administration générale et des régies financières, les magistrats du pays ? Il faut l’espérer.
La Côte d’Ivoire a mal. Mal de la généralisation et surtout, de la banalisation de la corruption. Dans ce pays, « l’honnête homme est l’ennemi commun ». La solidarité dans le mal, devenue la règle, a abouti à la condamnation au secrétariat exécutif du Fpi du président de l’Assemblée nationale. Le message envoyé à cette occasion est net et sans ambiguïté : « Mange comme tous les autres, ou laisse faire, reste dans ton coin et tais-toi ». Celui qui a l’outrecuidance de sortir de la règle se condamne.
De retour du Maroc où il était allé, selon son service de communication, à un contrôle dentaire chez son médecin, le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, est rentré au pays le jeudi 17 juin 2010 après une absence de plus d’une semaine. Il retrouve ses hommes clés en plein dans le tourbillon du scandale de l’affaire des places de la police. Et le pays là où il l’a laissé avant son départ, englué dans la pauvreté et le désespoir. Il n’y a pas beaucoup de monde qui espèrent des actes de justiciers du chef de l’Etat. La majorité des Ivoiriens attendent au moins que Laurent Gbagbo laisse évoluer le processus électoral. Des élections libres et transparentes, avec au bout un président légitime sorti des urnes, cela peut remettre le pays sur les rails. Et au moins, atténuer le devoir de corruption qui gangrène la Côte d’Ivoire.
D. Al Seni
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