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Politique Publié le vendredi 13 février 2009 | Fraternité Matin

Moralisation de la vie publique : La grande lessive • Après la filière café-cacao et l’affaire Mtn, Gbagbo ordonne la chasse aux fonctionnaires fictifs

La lutte contre les pratiques dangereuses pour la bonne marche de la République s’intensifie.
Sans répit et sans pitié. C’est le constat qui se dégage de la lutte engagée depuis quelques mois contre les pratiques déloyales qui n’ont que trop terni le blason de la République. Sous prétexte d’une crise qui semble visiblement profiter à bien des habitants de ce pays, certaines personnes se sont tout simplement abonnées aux coups bas et autres raccourcis, tordant ainsi le cou aux bonnes mœurs et à la loi. Corruption, malversation, détournement, racket, surfacturation, mensonge et tricherie; bref, la Côte d’Ivoire, comme dirait l’autre, est malade de ses citoyens, de ses habitants. Elle a mal à la morale et à l’éthique. C’est la course au gain facile, à l’argent en vitesse, à l’enrichissement illicite. Alors, bonjour à tous les faux coups!
Ecoeuré par une telle dérive collective, le Président Laurent Gbagbo a frappé du poing sur la table. «Tous ceux qui volent l’argent public doivent être traqués et traduits devant les tribunaux», avertissait le Chef de l’Etat, le 18 novembre dernier, depuis Yamoussoukro à l’ouverture du premier sommet africain des mines et de l’énergie. «Pendant la crise», a-t-il ajouté, «nous voyions les voleurs, mais nous ne pouvions pas être sur deux fronts à la fois. Maintenant que le pays retrouve une vie normale, nous devons pourchasser ceux qui détournent l’argent. Que personne ne se trompe sur notre capacité et notre détermination».
Avant même cette mise en garde, le Président de la République avait déjà ouvert les hostilités dans la filière café-cacao. Dont de nombreux dirigeants ont été mis en détention préventive à la Maca à la suite d’une information judiciaire ouverte le 11 août 2007 par le procureur de la République, Raymond Tchimou Féhou, sur instruction du Président Gbagbo.
Les mis en cause ont dit avoir agi dans le strict respect de leurs prérogatives et avaient fait observer que l’acquisition des différents biens aujourd’hui au centre du scandale avait eu l’aval des ministres de tutelle notamment ceux de l’Agriculture et de l’Economie et des Finances. C’est dans ce cadre que cinq membres du gouvernement ont été auditionnés à partir du 20 octobre dernier.
Ce sont: Paul Antoine Bohoun Bouabré, ministre d’Etat, ministre du Plan et du développement (ancien ministre de l’Economie et des Finances); Amadou Gon Coulibaly, ministre de l’Agriculture; Charles Diby Koffi, ministre de l’Economie et des Finances; Alphonse Douati, ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques (ancien ministre de l’Agriculture) et Sébastien Dano Djédjé, ministre de la Réconciliation nationale et des Relations avec les Institutions (ancien ministre de l’Agriculture).
Ces auditions ont été un signal fort de ce que plus personne n’est à l’abri de poursuites judiciaires. Et ceux qui doutaient encore de cette réalité ont été servis par d’autres coups de balai au cœur même du Palais présidentiel.
Si certains départs n’ont jamais été ouvertement motivés, des sources concordantes avaient fait état de ce que la réaffectation de certains collaborateurs à d’autres fonctions était due à de sérieux griefs que leur patron avait contre eux. Et l’on avait compris que la détermination du Président de la République à mettre de l’ordre autour de lui et dans le pays était sans limites pour ne pas dire sans tabou. Allou Eugène et le colonel Logbo, anciennement directeur du protocole d’Etat et aide de camp du Président, ont été affectés à d’autres fonctions. Le premier est l’actuel ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Cameroun et le second, attaché de défense à l’ambassade de Côte d’Ivoire en Iran. Avant-hier, une des secrétaires du Chef de l’Etat, Mme Gomé Gnohité née Bléhon Emilienne, trempée dans une affaire d’escroquerie portant sur la somme de 65 millions de francs au préjudice de la maison de téléphonie mobile Mtn, a été condamnée à 5 ans d’emprisonnement avec de lourdes mesures d’accompagnement telles l’interdiction de paraître pendant cinq ans. De même, la presse faisait état de l’affectation à d’autres fonctions d’un commissaire membre de la sécurité présidentielle (voir article P.3).
On le voit, le vent de nettoyage, qui souffle depuis quelques mois sur la République, n’épargne personne. Car le Président Gbagbo, dont on connaît le rapport très distant avec le bien matériel en général et l’argent en particulier, n’entend plus laisser quelque cupide que ce soit éclabousser son image et celle de la République. D’où cette guerre sans merci, signe plausible de ce que le Président de la République veut jouer à fond la carte de la bonne gouvernance. Toutes choses qui ne sont pas faites pour déplaire aux institutions de Bretton Woods. Qui, ces derniers temps, multiplient les appels à la bonne gouvernance, à l’assainissement des finances publiques. Afin que la Côte d’Ivoire puisse bénéficier de l’initiative Ppte (Pays pauvres très endettés) qui conduit à l’annulation d’une partie ou de l’intégralité de la dette extérieure, selon les pays.
Au moment où les efforts de sortie de crise nécessitent d’importants moyens financiers et où la trésorerie de l’Etat connaît de réelles tensions, engendrant de sérieux retards dans le paiement de certains salaires, on ne peut que saluer toute mesure visant à faire en sorte que le peu que l’on gagne soit utilisé de la façon la plus saine et la plus responsable possible.
Que ceux qui veulent emprunter des raccourcis sur le chemin de la fortune comprennent que ce ne sont pas tous les raccourcis qui mènent à bon port. Bien au contraire, beaucoup conduisent parfois dans de réels culs-de-sac, dommageables à leurs initiateurs.

Abel Doualy



La grande lessive du Palais

Le Président de la République, Laurent Gbagbo, en traduisant devant la justice sa secrétaire particulière et en se constituant partie civile, marque sa totale détermination à continuer d’extirper du Palais ceux de ses collaborateurs dont le comportement tranche avec l’éthique et la morale.
La sanction qui vient d’être infligée à Mme Gomé Gnohité née Bléhon Emilienne est un signal fort qui, sans nul doute, fait déjà trembler les auteurs et autres adeptes de malversations, détournements, rackets, d’abus de pouvoir et d’autorité, etc. lesquels attendent d’être démasqués non seulement à la Présidence, mais partout dans l’administration publique. La secrétaire, en utilisant le nom du Président Gbagbo, s’est fait indûment remettre par l’ancien directeur général de la société de téléphonie mobile Mtn, une somme de plus de 65 millions de francs qu’elle a gardée par-devers elle. Un acte répréhensible qui s’inscrit dans le champ d’application de l’article 403 du code pénal. Coupable d’escroquerie, elle a été condamnée mercredi à cinq ans d’emprisonnement ferme, assortis de peines complémentaires. Dont la plus importante est la condamnation à verser à titre de dommages et intérêts au Président de la République le franc symbolique tel qu’il l’a demandé à l’audience par le biais de son avocat. A la suite du cas de la secrétaire du Président, un autre scandale, et non des moindres, vient d’éclater au Palais. Comme rapporté dans un journal de la place, bon nombre d’agents fictifs émargeraient depuis près d’un an sur le budget de la Présidence de la République. Le rapport adressé au secrétaire général de la Présidence sur cette affaire par M. Gnekré Lezou Joseph, directeur des services administratifs, et publié dans la presse, donne des détails édifiants. Il est fait mention de ce que le pot aux roses a été découvert à partir du cas du nommé Assi-Kacou Alexis François d’Assise. Le service du personnel s’étant rendu compte que cet homme qui exerce les fonctions d’infographe, disposait dans les fichiers, de deux certificats de prise de service portant des mentions contradictoires. Conséquence, l’agent qui devrait percevoir un salaire de 300.000 F, se fait payer mensuellement la somme de 500.000 F; soit un trop perçu de 200.000 F. Partant de cette grave anomalie qui est le fait de l’intéressé, une enquête diligentée a permis de découvrir une dizaine d’agents fictifs émargeant sur le budget de la Présidence. Les investigations poussées permettent d’établir des liens directs entre ces agents fantômes aux salaires exorbitants et des fonctionnaires réguliers de la Présidence. Il s’agit, en effet, des concubines et autres proches parents des uns et amis des autres. Le rapport établit la liste exhaustive des faussaires et de leurs complices identifiés.
Ce dernier scandale ne manquera certainement pas d’avoir des suites appropriées avec le Président Laurent Gbagbo qui n’entend reculer devant aucune affinité pour que justice soit faite. Dans ce contexte, le Président de la République, dans sa quête inlassable de moralisation de la vie publique, a eu souvent à prendre bien des mesures à relent disciplinaire. Ainsi, il lui est arrivé de se séparer sans explication officielle de certains proches collaborateurs, au nombre desquels le colonel Logbo Raphaël, ex-aide de camp du Chef de l’Etat, l’ambassadeur Allou Bitty Eugène, ex-directeur du protocole d’Etat. Le dernier scandale et l’acte commis par Mme Gomé Gnohité née Bléhon Emilienne, secrétaire particulière du Président de la République, semblent s’inscrire dans la droite ligne de certaines pratiques constatées au Palais avec ces personnes peu vertueuses qui, usant des prérogatives de leurs fonctions, tendent à jeter l’opprobre et le discrédit sur le sommet de l’Etat. Malversation, chantages, détournement, racket, abus de pouvoir et d’autorité, vol, etc. sont au menu des pratiques qui se font en silence et dont la presse de façon sporadique se fait, l’écho. «Du point de vue de l’intégrité et de la probité morale, les policiers japonais sont les meilleurs pour ne pas dire qu’ils font partie des meilleurs du monde. Mais, s’il arrivait qu’on injecte quelques-uns de ces policiers japonais à Abidjan, je vous assure qu’ils deviendraient les policiers les plus corrompus et racketteurs du monde, parce que l’environnement et le contexte s’y prêtent. De même, s’il arrivait que des policiers ivoiriens se retrouvaient en fonction au Japon, ils deviendraient des agents des plus intègres du monde.» Ces propos tenus récemment à la télévision par le président international de l’Ong Afrijapan, M. Ferdinand Bléka, mettent en exergue l’impact de l’environnement sur le comportement humain. Faut-il alors croire que l’ex- secrétaire particulière du Président Gbagbo s’est laissée contaminer par des pratiques qui ont cours autour d’elle? Ou a-t-elle voulu simplement faire comme bon nombre d’Ivoiriens?

Landry Kohon




Conseil des ministres : Gbagbo ordonne le contrôle des effectifs de la Fonction publique

Comme de coutume, le Président de la République, avant l’examen des dossiers inscrits à l’ordre du jour du Conseil, a fait quelques commentaires sur l’actualité nationale ; notamment en ce qui concerne le processus de sortie de crise, les discussions en cours entre le Gouvernement ivoirien et le Fonds Monétaire International dans le cadre de la mission d’évaluation de la performance du programme 2008 de notre pays et enfin l’affaire 65 millions de Fcfa de la société Mtn. Sur le processus de sortie de crise, le Chef de l’Etat félicite et encourage le Chef du Gouvernement, le Gouvernement et tous les acteurs civils et militaires pour les avancées importantes constatées dans la mise en œuvre aussi bien du volet électoral que des solutions apportées aux questions militaires. Le Président de la République a salué l’implication personnelle et l’engagement constant du Premier ministre dans la résolution des préoccupations d’ordre militaire. En ce qui concerne l’opération d’identification qui, après l’enrôlement des populations vivant dans les communes de plein exercice, se déploie à présent dans les Sous-préfectures, le Chef de l’Etat fait remarquer que son achèvement constituera un pas immense et important aussi bien du point de vue de la modernisation de notre état-civil que dans la prise de décision nécessaire à la programmation du développement. Aussi, a-t-il insisté pour que le Gouvernement prenne des dispositions nécessaires en accord avec les acteurs impliqués pour qu’aucun de nos compatriotes ne soit laissé pour compte.
Sur le volet militaire, le Président de la République a rappelé que cet aspect, quoique moins complexe que le volet électoral, n’en demeure pas moins sensible et nécessite beaucoup de tact.
C’est pourquoi, reconnaissant les efforts consentis par toutes les hiérarchies de toutes les forces, le Chef de l’Etat encourage celles-ci à poursuivre sans relâche dans le sens des progrès en cours. S’agissant des négociations en cours avec les institutions de Bretton Woods qui devront sous peu aboutir au point de décision nécessaire à l’allègement de la dette extérieure, le Président de la République, tout en saluant les résultats obtenus ce jour par le Gouvernement, souhaite que des efforts soient faits pour maîtriser la masse salariale des personnels du Service public. Aussi a-t-il exhorté le Premier Ministre et le Gouvernement à prendre toutes les dispositions nécessaires à cet effet; en commençant par le contrôle des effectifs afin que le ministère de la Fonction Publique et de l’Emploi dispose d’un fichier extirpé des agents fictifs.
Enfin, et au chapitre des commentaires, revenant sur l’affaire des 65 millions extorqués à une société de téléphonie par un membre du personnel de la Présidence de la République. Le Chef de l’Etat a tenu à informer les membres du Gouvernement des circonstances et des raisons ayant motivé l’expulsion du territoire du Directeur Général de ladite société. Il convient de retenir que les enquêtes ayant précédé l’instruction de cette affaire et les confrontations qui ont eu lieu à l’occasion de ces enquêtes, il ressort qu’il s’agit d’une vaste escroquerie à trois, impliquant le Directeur Général ressortissant d’un pays ami, le Rwanda, de nationalité canadienne et dirigeant d’une société d’un pays ami, l’Afrique du Sud. C’est donc pour des raisons diplomatiques que l’expulsion du Directeur général a été ordonnée. Au demeurant, le Président de la République rappelle, comme il l’a lui-même précisé à certains responsables d’entreprise, qu’il n’a jamais et n’enverra jamais qui que ce soit leur demander un appui de quelle que nature que ce soit.
Abordant son ordre du jour, le Conseil des ministres a examiné deux projets de décret et un projet d’ordonnance, au titre des mesures générales. Ainsi, au titre du ministère de l’Intérieur, sur rapport du ministre de l’Intérieur, le Conseil des ministres a examiné un projet de décret portant modification du décret n° 98-371 du 30 juin 1998 portant réglementation des établissements de jeu de hasard. Après examen par le Conseil des ministres qui a approuvé les modifications du 30 juin 1998 tendant d’une part à préserver les intérêts de la société créée par l’Etat en reconnaissant à celle-ci le droit d’exploiter les machines et appareils à sous, concurremment avec les établissements hôteliers et d’autre part à assurer la protection des populations en obligeant cette société à assurer le respect de la réglementation en matière d’accès aux salles de jeu, a soumis à la signature du Président de la République le décret modifiant le décret n° 98-371 du 30 juin 1998 portant réglementation des établissements de jeu de hasard.
Au titre du ministère de l’Agriculture, sur présentation du ministre des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, le Conseil des ministres a examiné un projet d’ordonnance portant amendement de l’article 6 de la loi n° 98-750 du 23 décembre 1998 relatif au domaine foncier rural. Tenant compte des résultats insuffisants obtenus dans la délivrance des titres de propriété au terme des délais fixés par l’article 6 de la loi relative au domaine foncier rural tel que publié au Journal Officiel de la République de Côte d’Ivoire, le 14 janvier 1999 et qui stipule d’une part que «les terres du domaine coutumier sur lesquelles des droits coutumiers exercés de façon paisible et continue n’ont pas été constatés dix ans après la publication de la loi», et d’autre part que «les terres concédées sur lesquelles les droits du concessionnaire n’ont pas pu être consolidés trois ans après le délai imparti pour réaliser la mise en valeur imposé par l’acte de concession», sont considérées comme sans maîtres et appartiennent à l’Etat qui les gérera librement. Ces délais étant révolus et pour permettre la poursuite de la délivrance des certificats fonciers et la consolidation des concessions provisoires, le Conseil des ministres a approuvé la modification de l’article en question et vu l’urgence, a soumis au Président de la République la signature de l’ordonnance portant amendement de l’article 6 de la loi n°98-750 du 23 décembre 1998 relatif au domaine foncier rural. La prise de l’ordonnance telle que proposée par le ministère de l’Agriculture fixera un nouveau délai de dix ans pour la délivrance des certificats fonciers et un délai de cinq ans pour la consolidation des droits du concessionnaire pour les terres concédées. Au titre du ministère du Commerce, sur rapport du ministre du Commerce, le Conseil des ministres a examiné un projet de décret portant répartition des produits des transactions, amendes et confiscations prononcées en matière de répression, de fraudes, de contrôle des prix et instruments de mesure et de libéralisation à l’importation des véhicules de tourisme et des véhicules automobiles usagers destinés au transport des marchandises et des personnes.
Ce projet de décret, qui vise une répartition équitable des primes à l’ensemble du personnel du ministère du Commerce, tout en ayant aucune incidence financière pour l’Etat a été approuvé par le Conseil qui l’a soumis à la signature du Président de la République.
Pour clore, le Conseil des ministres de ce jour, le Président de la République a annoncé aux membres du Gouvernement, la prochaine visite d’Etat qu’il effectuera dans les régions Ouest et Nord-ouest du pays, du 21 au 30 mars 2009.

Amadou Koné
Ministre de l’Intégration Africaine
Porte-Parole du Gouvernement



Option : Sortir du “contexte”

Une société sans morale et sans éthique ne peut que se perdre dans des dérives mortelles. Une société sans règles de fonctionnement s’installe forcément dans l’anarchie et se consume de l’intérieur. C’est pour éviter à la société de sombrer dans le néant que les hommes érigent des règles et des lois auxquelles tout le monde doit se soumettre. Violer ces codes de vie, c’est fragiliser les assises de la société et mettre son équilibre en péril. Vivre en société, c’est donc se soumettre à un mode de vie. S’extraire de cette exigence, c’est s’exclure de la vie communautaire, c’est se mettre hors-la-loi. Or, tout hors-la-loi doit s’attendre à subir les foudres de la loi qu’il bafoue.
La nation ivoirienne, victime d’un laxisme généralisé, s’est transformée en un véritable bourbier, suintant le vol, l’escroquerie, le détournement, l’abus de biens sociaux, les délits d’initiés, l’achat de conscience, la corruption… Les voiles percés dont elle essaie – en vain ! – de se couvrir depuis des années ne sont parvenus, finalement, qu’à cacher les rares poches de… moralité. Si bien qu’on finit par croire que, dans ce pays, le vol, le détournement, la corruption et autres malversations sont la norme. D’ailleurs, une expression, bien de chez nous – elle circule depuis quelques années- n’exige-t-elle pas qu’on soit mis «dans le contexte» ? Traduction: «corromps-moi». Et elle sort si naturellement de la bouche des Ivoiriens que le… contexte dans lequel s’enracine, de plus en plus, notre société est celle de la corruption.
Fort heureusement, le Président de la République a décidé de nous sortir de ce… contexte dangereux qui ne cessait de nous conduire dans le gouffre de la négation des valeurs, même les plus élémentaires. Quand il dit : «celui qui vole l’argent des Ivoiriens, je le mets en prison», c’est un gilet de sauvetage du bateau ivoire, ivre de ses dérives qu’il tend à ceux qui savent faire la part des choses. Donc une arme contre la démoralisation de la vie publique. Cette arme, il l’a ressortie pour nous rappeler son engagement : lutter contre la corruption. D’aucuns pensaient que ce n’était qu’un nouveau slogan politique, du saupoudrage politicien. Ils doivent bien être surpris aujourd’hui, tous ceux qui se croyaient intouchables. Et qui étaient convaincus que le Chef de l’Etat ne pourrait pas entamer une opération mains propres, encore moins la faire aboutir. Surpris?
Quand un membre de notre corps est gangrené, il faut l’amputer. Pour que le mal ne se répande pas partout. C’est une question de survie sur laquelle le Président de la République a décidé de ne pas lésiner.
par Agnès Kraidy
Des leaders politiques se prononcent
Légré Philippe (MFA):
“Nous encourageons la moralisation de la vie publique”
On ne peut pas parler de bonne gouvernance sans moraliser la vie publique. Il faudrait que les ressources de l’Etat soient gérées de façon claire. Tant qu’il n’y a pas la bonne gouvernance et que chacun fait ce qu’il veut sans tenir compte de ce que la Côte d’Ivoire doit amorcer son développement, faire en sorte que les Ivoiriens vivent dans de meilleures conditions, ce serait dommage. Il est donc important qu’il y ait une véritable gestion dans tous les compartiments de l’Etat. Nous encourageons la moralisation de la vie publique.

Gnamien Konan (UPCI): “Les gouvernants ne donnent pas l’exemple”

Je pense que c’est un problème assez grave. Il compromet notre développement. Mais jusqu’à présent, on n’a pas encore proposé de vraies solutions à ce problème qui ne date d’aujourd’hui. Mais la situation s’est aggravée par le fait que ceux qui nous gouvernent, en cette période de crise, ne donnent pas l’exemple. Ne serait-ce que par leur train de vie. La moralisation est une bonne chose. Mais ce ne sont pas les procès et arrestations qui vont régler le problème. Je suis candidat à la présidentielle pour le régler définitivement.

Aly Coulibay (RDR): “Il est nécessaire que l’État soit bien géré”

L’une des priorités du projet que porte le Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, c’est la bonne gouvernance. Quand on défend la bonne gouvernance, on ne peut qu’être favorable à la moralisation de la vie publique.
Il est nécessaire que l’Etat soit bien géré; et que tous ceux qui le servent respectent une éthique, fassent leur travail dans le sens du respect de l’intérêt général. En conséquence, tout comportement devant ternir
l’image de l’Etat doit être évité.

Djédjé Mady (PDCI): “C’est une bonne chose, mais...”

La moralisation de la vie publique en Côte d’Ivoire est une bonne chose. Personne ne peut être contre. Mais il est aussi important de savoir dans quelles conditions cette moralisation se fait. La vie publique doit être moralisée pour donner l’exemple à suivre à tous les citoyens.

Propos recueillis par Emmanuel Kouassi



Focus : Police, Ena, Bts, Bac… tous au peigne fin

La moralisation de la vie publique entreprise par le Chef de l’Etat n’épargne aucun secteur d’activité. Les différents concours de recrutement dans les corps de métiers et les examens scolaires sont désormais passés au peigne fin pour éviter les fraudes massives comme par le passé. En 2008, 2000 faux admis au Bts ont été épinglés, suite à une vérification du Service autonome de contrôle et suivi du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Dont les listings des admissions ne correspondaient pas avec ceux de la Direction des Examens et Concours de l’enseignement supérieur (Decoes). Le sous-directeur, Soro Etienne, en service au moment des faits, a été immédiatement relevé de ses fonctions. Et les concernés ont vu leur diplôme simplement invalidé. Dans la même veine, le ministère de l’Education nationale a freiné les activités délictuelles d’un reseau d’enseignants et éducateurs qui vendaient le Bac aux candidats. Ces derniers, au nombre de sept, Kouakou Yao Jean Baptiste, Manirakiza Salvator, Elo Georges Romual, N’Zitunga Dieudonné, Sié Hien, Awo Danho Salomon et Kouadio N’Guessan Vincent ainsi que leurs quatre complices étudiants, ont été pris la main dans le sac, dans un centre d’examen à Yopougon. Après avoir comparu devant le tribunal de la même commune, ils ont été relaxés, après que le parquet a requis 3 ans d’emprisonnement ferme.
Les faits les plus marquants dans la moralisation des concours de recrutement restent de loin, l’arrestation pour faux diplômes de 126 candidats admis aux concours direct des officiers et sous-officiers de police et l’exclusion pour fraude sur leurs visites médicales, de 346 candidats au concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (Ena).
Les fraudeurs au concours de police, tous interpellés, ont été traduits devant le tribunal des flagrants délits, d’où ils ont été reconnus coupables de faux et usage de faux et condannés à 6 mois de prison assorti de sursis et d’une amende de 50.000 FCFA. Aucun de ces fraudeurs n’a réintégré l’Ecole nationale de police. Face donc à ces situations qui décrédibilisent l’administration ivoirienne, le ministre de la Fonction publique et de l’Emploi a pris un certain nombre de mesures, dont la mise en place d’un comité de lutte contre la fraude dans l’administration publique. Ce comité dirigé par le conseiller technique Sanogo Pornon, se retrouve à tous les paliers de l’organisation des concours de la Fonction publique. Des inscriptions jusqu’aux résultats en passant par les délibérations. La vigilance de cette équipe a permis d’éviter ou du moins de réduire la fraude au concours d’entrée à l’Ena en 2008.
Pour les autres concours du même ministère, toute la chaîne d’organisation est désormais informatisée. Depuis la visite médicale, jusqu’à la proclamation des résultats définitifs. En plus, la remise des convocations aux candidats se fera le jour même de la composition, juste avant qu’ils n’aient accès à la salle. Avec toutes ces dispositions, l’entrée à la Fonction publique et les diplômes ivoiriens peuvent bénéficier désormais d’une certaine crédibilité.

Marc Yevou



Repères

Sanction. Fini le temps où l’on ne regardait pas dans la bouche du grilleur d’arachides. Désormais, tout le monde est soumis à la même rigueur de la loi qui passe par un système de contrôle et de sanction sans distinction.
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