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Économie Publié le samedi 7 mars 2009 | Le Temps

Laurent Gbagbo aux femmes du vivrier de Cote d`Ivoire: “Grâce à vous, nous avons mangé à notre faim. Continuez”

Au cours de mon allocution du 31 décembre marquant le passage de l`année 2008 à 2009, j`avais promis recevoir tous ceux qui s`occupent du vivrier. Nous voici aujourd`hui. Mais, pourquoi, ai-je souhaité cette rencontre ? Parce que, je pense que l`agriculture en Côte d`Ivoire est mal orientée. Dans ma tête, quand on parle d`agriculture, c`est pour nourrir les gens. Or, en Côte d`Ivoire quand on parle d`agriculture, c`est pour produire le cacao, le café, l`hévéa qu`on exporte. Des gens peuvent avoir des tonnes de cacao dans leurs magasins et mourir de faim, s`ils n`ont pas à manger. Dans tous les grands pays du monde, les Etats-Unis, la chine, les pays asiatiques…l`agriculture, c`est d`abord pour nourrir la population. C`est pourquoi, je veux qu`à partir d`aujourd`hui, un accent soit mis sur la valorisation de celles et ceux qui produisent pour nous nourrir. J`ai été frappé par une chose. Quand il y a eu la crise de l`énergie, que le prix du pétrole a flambé, qu`on est passé à 150 dollars, le baril brut, et qu`il y a eu la flambée du cours du riz, je suis allé dans mon village, les gens ont souffert de la flambée du prix du pétrole. Parce que, celui qui est à Mama et qui veut aller à Gagnoa, il était obligé de payer plus cher. Quant à la flambée du cours du riz, les gens de Mama n`étaient pas au courant. Parce qu`ils cultivent du riz, du manioc et ils mangent. Il faut que la Côte d`Ivoire soit à l`abri des aléas extérieurs. Il faut que nous produisions des denrées alimentaires, en quantité suffisante pour nourrir la population, mais aussi pour vendre aussi le surplus à l`extérieur. C`est parce que, vous avez fait cela que je vous ai appelées pour vous féliciter et vous remercier. Il faut qu’à compter d`aujourd`hui, nous mettions l`accent sur la culture vivrière. J`ai discuté longtemps avec mon ami Tiacoh, (Président de l`association nationale des riziculteurs de Côte d`Ivoire), je ne comprends pas pourquoi on manque de riz. On attend le riz de l`Inde, de la Thaïlande…Qu`est-ce que nous faisons avec notre riz ? Nous avons les grands fleuves, des rivières connexes, des bas- fonds…

Il nous faut une politique globale du vivrier

On peut irriguer les terres pour faire des grandes cultures de riz. Pourquoi on ne le fait pas ? Il y a d`autres endroits où il n`y a même pas de l`eau à boire. L`autre jour, les gens de Tiebissou sont venus me voir pour me dire qu`ils n`ont pas de l`eau à boire. Alors qu`il est à quelques kilomètres du Bandama et puis il n`y a pas d`eau à boire. Il nous faut faire une politique globale. L`homme doit manger et boire. Et c`est à vous de faire cette politique là. C`est votre travail. L`autre problème, c`est la commercialisation. Je vais souvent à Bondoukou. Je trouve de l`igname pourrie sur les routes. Alors que à Adzopé et à Abidjan, on a faim. Pourquoi ? Pourquoi, n`achetez-vous pas des camions. Ecoutez, je vous ai appelées pour qu`on parle. Vous êtes des ivoiriennes. Il y a des gens qui viennent ici, qui payent des camions pour faire ce commerce. Pourquoi, vous ne faites pas de même ? Quand on parle à un Ivoirien, il dit c`est l`argent. Alors que quand on parle à un Burkinabé, à un Nigérian, il dit, j`ai compris et demain matin, il vient avec son camion. Vous faites comment pour pleurer toujours alors que vous êtes assises sur une mine d`or ? Vous allez trop aux funérailles. Aujourd`hui, je vous ai appelées pour qu`on cause. Tout à l`heure, je donné mission au Ministre d`Etat, Bohoun Bouabré pour qu`il note tous vos besoins, pour qu`on essaie de trouver des solutions à vos problèmes. Mais, je trouve que votre attitude est trop facile. Les autres n`ont pas la terre, ils ne cultivent pas et ce sont eux qui tiennent le marché du vivrier, de l`igname, du manioc…Pourquoi, pas vous ? Quand on parle du piment, de l`oignon, ce n`est pas vous qu`on voit. Vous êtes où ? Les cultivateurs de Korhogo, de M`Bengué ont leurs ignames sous les bras, on ne vous voit pas. Donc, je vous ai appelées pour trois choses. Premièrement, pour vous dire merci. Parce que, vous avez beaucoup fait. Continuez. Vous nous avez pendant la guerre, préserver du malheur. Vous nous avez sauvés. Grâce à vous, nous avons mangé à notre faim. Ce qui fait que des gens ont pensé qu`il n`y avait pas de guerre. Certains même font la grève, parce qu`ils n`ont pas su qu`il y a eu la guerre en Côte d`Ivoire, grâce à vous. Je vous félicite et le 7 août prochain, je vais décorer certaines d`entre vous. Parce que, vous étiez aux heures chaudes de la crise. Vous avez bien fait. Mais, vous pouvez mieux faire. Il faut sortir de l`informel. Vous pouvez créer plus d`emplois que vous le voulez. Vous pouvez créer votre maison d`assurance. Si vous prenez 5 francs sur chaque kilogramme de riz pour mettre de coté, vous pouvez arriver à créer toutes ces structures.

Nous sommes prêts à vous subventionner

Je vais demander au Ministre d`Etat de vous aider à trouver des pistes d`organisation pour une production et une commercialisation rationnelle. Après tout cela, on parlera de la conservation. Parce qu`il y a des produits tels que la tomate, la banane, le manioc…qui ont un problème de conservation. Il y a aussi, l`état des routes. C`est pourquoi, il vous faut une assurance. Il y a d`autres produits qui se conservent. Mais, il faut les classer pour planifier. Il y a aussi le problème de la distance. Je ne comprends pas pourquoi, vous voulez venir toutes à Abidjan pour écouler vos produits, alors qu`il y a des marchés plus près de vous. Il faut qu`on étudie l`organisation des marchés. Celui qui cultive par exemple des ignames à Korhogo n`a pas besoin de descendre jusqu`à Abidjan pour écouler son produit. C`est vrai qu`Abidjan, c`est la capitale. Mais, quand vous dépassez ces villes, vous faites des affamés. C`est pourquoi, il faut dans un avenir mettre en place des bureaux dans les différentes zones, qui vont signaler les productions des régions. Il ne faut pas à force de venir à Abidjan, laisser les autres dans la faim. Parce que, vous êtes aussi un service public, malgré vous. C`est pourquoi, je veux vous décorer. Vous rendez des services à la nation. Donc, on doit vous aider à vous organiser pour que l`ensemble des Ivoiriens ne meurent pas de faim. La Côte d`Ivoire produit assez pour nourrir ces enfants. Bien sûr, il nous faut augmenter la production. Aux Etats-Unis, il n`y a que 6% qui produit pour nourrir tous les Américains. Mais, c`est l`organisation de la distribution qui n`est pas encore au point. Il faut donc passer à une autre phase supérieure qui est la mécanisation. Il faut que l`Etat de Côte d`Ivoire dégage les fonds pour faire la mécanisation.

Allons à la révolution du vivrier

J`irai bientôt au Brésil, au Venezuela pour leurs expériences et acheter leurs machines pour les vendre ou les louer aux coopératives. Nous avons fait la révolution du cacao, du café, de l`hévéa, c`est bon. Nous sommes premier exportateur de cacao, c`est bon. Mais, on ne le mange pas. On avait de l`argent du cacao et puis il y a eu la faim parce que le riz a coûté cher. Donc, je veux à partir de maintenant, faire en sorte qu`on n’ait plus faim dans toutes les saisons. Pour tout cela, je veux augmenter la productivité. Ce que vous produisez déjà est bien. Mais, il faut aller plus loin encore avec les machines. Je vais aller chercher les machines. Si c`est le prix à payer pour que mon peuple n`ait pas faim, je le ferai. Mais, celles qui produisent doivent se spécialiser, ainsi que celles qui vendent. Il y a des études qui ont été faites par le Cnra, il faut les ressorties pour voir comment les produits se conservent. Nous sommes prêts à subventionner les foutous de banane, l`igname et l`attiéké qu`on fait en sachet. Nous pouvons faire aussi les sauces en boîtes ce fut le cas du " trofait ", il y a de cela quelques années. Je suis avec vous pour faire ces révolutions. Le 7 août prochain, je vais vous décorer. Mais, ce ne sera pas la fin d`un parcours. Ce sera le début d`un autre parcours et le commencement d`une autre révolution. Cela vous donnera encore de nouvelles responsabilités. Je vous ai appelées pour vous mettre la pression. Je vous ai félicitées. Mais… c`est un bravo politique. Continuez pour dire que vous avez bien fait. Pour le moment, vous vous êtes débrouillées pour nous nourrir, je vous félicite. Maintenant, il faut commencer une autre voie. Il faut qu`on ressuscite la sauce graine, l`attiéké en sachet…Que dieu vous bénisse. Que Dieu donne à manger à la Côte d`Ivoire.

Propos recueillis par
Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr
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