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International Publié le mercredi 18 mars 2009 | Nord-Sud

Madagascar : L`armée remet le pouvoir à Rajoelina

Le président malgache Marc Ravalomanana a démissionné hier et confié ses pouvoirs à un “directoire militaire”, cédant aux appels de plus en plus musclés de l’opposition et de l’armée, qui ont toutefois aussitôt contesté les conditions de ce départ.

Marc Ravalomanana a fini par jeter l’éponge. Au terme de presque deux mois de bras de fer avec l’opposition conduite par le jeune maire d’Antananarivo Andry Rajoelina, le président malgache Marc Ravalomanana a remis hier le pouvoir à l’armée, qui l’a ensuite remis à Andry Rajoelina. La Haute cour constitionnelle s’est réunie pour lui transmettre le pouvoir. Elle doit le confirmer aujourd’hui président de la transition. Ravalomanana a quitté sa résidence officielle des faubourgs d’Antananarivo pour une destination inconnue. On le dit tantôt sur le chemin de l’exil, tantôt réfugié à l’ambassade américaine. Marc Ravalomanana, 59 ans, homme d’affaires porté au pouvoir en 2002 par un élan populaire, “a signé une ordonnance” par laquelle il transfère ses pouvoirs et ceux du Premier ministre “à un directoire militaire” pour mettre fin à la crise. Ce week-end, l’armée, traditionnellement neutre dans les conflits politiques, avait basculé dans le camp du maire de la capitale, dont 10.000 partisans étaient rassemblés hier dans le centre-ville aux cris de “Président!”. Rajoelina a pris possession peu de temps après des locaux du palais présidentiel. Il a promis de rédiger une nouvelle Constitution pour aboutir à la “IVe République” depuis l’indépendance de la Grande Ile et d’organiser des élections présidentielles et législatives l’année prochaine. Rajoelina, un ancien disc-jockey de 34 ans, présente Ravalomanana comme un “dictateur” qui a géré le pays comme sa propriété privée et réclame son arrestation. Les troubles ont éclaté en fin janvier, faisant 135 morts et portant un coup aux investissements étrangers dans le secteur minier et au tourisme, deux des principales ressources du pays. Marc Ravalomanana a vu son aura s’effondrer au fil des années, du fait de son échec à améliorer le quotidien de ses compatriotes et à son autoritarisme. L’élan populaire qui l’avait porté au pouvoir en 2002, évinçant Didier Ratsiraka de la scène politique qu’il occupait depuis près de 30 ans, s’est progressivement essoufflé face aux promesses non tenues d’un “développement économique et rapide”. Ayant projeté de réformer en profondeur la société et l’économie, M. Ravalomanana n’a pas réussi à obtenir l’adhésion de la population. Une majorité de Malgaches vit encore sous le seuil de pauvreté. Il n’a pas concrétisé ses promesses d’ouverture démocratique: le code électoral qu’il avait tant critiqué en 2002 n’a pas été réformé, l’opposition n’a pas accès à l’audiovisuel public, et de nombreux médias ont été fermés. Les investisseurs malgaches se sont de leur côté sentis brimés par un président “businessman”, monopolisant plusieurs secteurs économiques. L’opacité autour du projet mené par le Sud-Coréen Daewoo Logistics, pour exploiter jusqu’à 1,3 million d’hectares sur la Grande Ile, a aussi attisé les rancœurs de ceux qui accusaient Marc Ravalomanana de brader le foncier à travers de colossaux projets miniers notamment. Ravalomanana a démissionné mais la crise continue. L’action des militaires a été unanimement condamnée par l’UA, l’ONU. La France, ex-puissance coloniale, a de son côté appelé les Malgaches à trouver entre eux une sortie de crise, et annoncé l’envoi d’un ambassadeur prochainement dans le pays.

Bakayoko Youssouf avec Reuters
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