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Politique Publié le mercredi 23 septembre 2009 | Le Temps

Moussa Dadis Camara (President de la Republique de Guinee) : “La Guinée n`appartient pas à la communauté internationale”

Le Président de la République de Guinée, le Capitaine Moussa Dadis Camara, dans cette interview fait le bilan de ses dix mois à la tête de ce pays, et parle de sa candidature à l'élection présidentielle qui divise la classe politique guinéenne et la communauté internationale. Pour lui, la communauté internationale n'a pas d'ordre à lui donner.

M. le Président, quels rapports entretenez-vous avec le Président de la République de la Côte d'Ivoire, Sem Laurent Gbagbo ?

Ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire a été un très grave regret. Regret en rapport avec son économie et pour sa performance. Et donc, à travers, l'ethnocentrisme, le tribalisme, le népotisme, l'esprit régionalisme et l'esprit assoiffé du pouvoir, l'esprit de se sentir supérieur par rapport à une ethnie et à la manipulation politique avait conduit la Côte d'Ivoire dans une crise. Aujourd'hui, je suis très satisfait de ce qui se passe dans votre pays. Il y a l'engouement total. La prise de conscience de la jeunesse ivoirienne est déjà un facteur extrêmement important. Car, sans cette jeunesse, la Côte d'Ivoire ne pourra pas aller de l'avant. J'ai eu à communiquer avec mon aîné le Président Laurent Gbagbo. Je l'ai encouragé, surtout de l'union qui règne en Côte d'Ivoire et de ses bons rapports avec son Premier ministre Guillaume Soro. Je lui ai dit que la Côte d'Ivoire a une chance avec cette nouvelle génération de jeunes. Je lui ai également dit d'avoir le dos large et d'accepter et de ne pas écouter ceux qui, à longueur de journée racontent n'importe quoi sur leurs rapports. S'il les écoute, la Côte d'Ivoire va se déchirer une fois de plus. Car, ce sont les jeunes qui vont les accompagner à écrire les nouvelles pages de l'histoire de la Côte d'Ivoire. Je lui ai également dit que si son jeune frère, le premier ministre, Guillaume Soro, arrivait à avoir des attitudes un peu déviées, qu'il lui dise la vérité comme il sait le faire. J'ai dit lors de son passage ici en Guinée, au ministre de l'Artisanat et du Tourisme, Sidiki Konaté, de transmettre à mon jeune frère le Premier ministre Guillaume Soro d'accepter tout ce que son aîné peut lui faire. Parce que, s'il ne l'accepte pas, la Côte d'Ivoire ne pourra pas avancer. Voilà donc mes sentiments que je peux exprimer sur votre pays la Côte d'Ivoire et sur ses dirigeants. Je n'ai pas encore eu la chance de voir les autres leaders, notamment MM. Henri Konan Bédié, Alassane Dramane Ouattara et les autres. Aujourd'hui, la division, l'intoxication n'ont plus leur place en Côte d'Ivoire. Je profite de l'occasion pour rendre hommage aux journalistes que vous êtes. Car, s'il y a un bon esprit en Côte d'Ivoire, c'est en partie grâce à vous.


M. le Président, vous avez pris le pouvoir il y a dix mois. Mais depuis, un mystère demeure dans les esprits de vos concitoyens et de la communauté internationale. Pouvez-vous nous dire ce qui s'est réellement passé ce 23 décembre 2008 ?

Les évènements de décembre 2008 n'ont pas été préparés dans le hasard. Celui qui est devant vous avait eu trois fois l'occasion de prendre le pouvoir sous l'ère du Général Lansana Conté. Mais, nous ne l'avons pas fait parce que le pays aurait pu connaître une guerre ethnique. Feu le Général Lansana Conté avait eu le pouvoir parce qu'il était fidèle, loyal, envers tout le peuple guinéen. C'est la basse côte qui a donné le pouvoir pendant 26 ans au temps de Sékou Touré. Il en était de même pour le Général Lansana Conté. Au soir de son pouvoir, les choses se dégradaient. Est-ce qu'il fallait l'humilier parce qu'il n'avait plus la situation de l'Etat en main. Certaines personnes ont donc profité de cette situation pour faire des liquidations farfelues de sociétés d'Etat, telle que Air Guinée. On pouvait en ce moment prendre le pouvoir. En ce qui concerne les évènements de décembre 2008, ils n'étaient pas hasardeux. Mon ministre de la Défense et moi, avions à un moment donné de la vie de notre pays procédé à la mise en place de grandes stratégies. Mais, il ne fallait pas humilier le Général Président Lansana Conté. L'humilier ou le déposer en tant qu'individu allait avoir des conséquences très graves. Parce que ce serait un scandale culturel, malgré tout ce qui s'était passé avec Sékou Touré. Nous avons patienté avant d'en arriver-là. Donc, le pouvoir s'appelle abstinence et patience. Il savait que j'avais des ambitions, mais pas démesurées. Il savait qu'après lui, je serais le premier à bondir sur la prise du pouvoir. Et quand il est mort, je n'ai pas cherché à demander à Pierre ou à Paul, ni à la communauté internationale qui parle maintenant, pour prendre mes responsabilités. Est-ce que j'ai demandé l'avis de cette communauté internationale pour donner la paix à mon pays aujourd'hui ? Qu'est-ce que cette communauté internationale a apporté lors des premières grèves en Guinée ? Aujourd'hui, on me parle de communauté internationale. Où était-elle quand nous avons pris ce pouvoir sans effusion de sang ? Vous pensez que j'ai besoin de l'avis de celle-ci au cas où je veux me présenter à l'élection présidentielle ? La Guinée nous appartient. Elle n'appartient à personne. Elle n'appartient pas à la communauté internationale. La Guinée est un Etat souverain comme la Côte d'Ivoire, le Japon, comme la France et les autres pays. Le jour de la mort du Général, je me suis rendu chez lui pour le saluer. Malheureusement, on m'a fait entendre qu'il se reposait. J'ai aussitôt compris que la situation était grave. Parce que, ce n'était pas dans ses habitudes. J'étais l'une des rares personnes à le voir. A peine je suis parti de là qu'on m'a annoncé la mort du Président. C'est à ce moment là que j'ai pris la décision de prendre ce pouvoir.


Mais, la Guinée a une constitution…

Quelle constitution ? Le mandat de l'Assemblée nationale avait expiré depuis deux ans. Au même moment où les véhicules 4x4 défilaient au Palais du peuple pour produire un communiqué, moi je suis allé au camp Alpha Yaya avec le ministre Sekouba pour en rédiger le nôtre et nous avons pris nos responsabilités et pris les destinées de la nation. Qui a fait quoi pour succéder à cet homme ?


A vous entendre parler, on a le sentiment que la communauté internationale s'acharne sur vous. Alors qu'à côté de vous en Mauritanie, il y a la Président Abdelaziz qui, après un coup d'Etat, a été élu et est fréquentable aujourd'hui. Qu'est-ce qui peut expliquer, selon vous, cet acharnement ?

Parfois, cela me fait rire. Je crois que pour quelqu'un qui connaît la communauté internationale et les Institutions de Bretton Woods, ce sont des données d'ordre classique. Et donc, on ne peut pas aujourd'hui, obliger cette communauté internationale à changer sa position vis-à-vis du Capitaine Moussa Dadis Camara. Cependant, j'ai dit lors de son passage ici à M. Alain Joyandet, Secrétaire d'Etat à la coopération française, que si la population décide, je ne me présente pas aux élections. Mais, au même moment, il est allé à l'investiture de mon frère le Général Abdelaziz. Et donc, je ne peux que rire de ce fait. C'est le peuple qui va déterminer. La Guinée a ses réalités. Lorsque la communauté internationale parle, moi je suis dans l'esprit de mon peuple. Ce que la France ou la communauté internationale dit est un principe. Mais, est-ce que ce principe est accepté par le peuple ? Aujourd'hui, je peux dire que je suis candidat. Le peuple peut dire non, même si cette communauté internationale me soutient.


Au menu des attentes du peuple guinéen figure en priorité le renouvellement des Institutions de la République. Quelle assurance pouvez-vous nous donner concernant le respect du chronogramme électoral, notamment l'élection présidentielle du 30 janvier 2010 ?

Je l'ai dit. Je ne suis pas de nature à faire repousser la date des élections. Là, où il y a eu un léger retard, c'est lors de la composition du Cnt (ndlr : Commission nationale technique). Au départ, tout allait bien. Parce que, lors de la prise du pouvoir, j'ai dit que je ne me présente pas comme candidat. Mais, à un moment donné, une partie du peuple, parce que je ne peux pas dire que c'est tout le peuple, c'est trop dire, notamment l'intérieur et surtout les élus du peuple, ont défié les leaders politiques en leur disant qu'ils me soutiennent, la situation a commencé à se détériorer. Les leaders politiques ont alors décidé de faire de la surenchère en nous demandant de leur donner 35 places sur les 120 que compte cette commission. Ils ont négligé la jeunesse, les Guinéens de l'étranger. C'est en ce moment là que je me suis opposé pour leur faire comprendre qu'ils ne peuvent pas avoir ce nombre de sièges qu'ils demandent. Alors, ils ont manifesté leur désaccord. Ils ont décidé de faire la politique de la chaise vide. Ils sont allés tous à l'extérieur. Dans un tout petit bout de temps, nous allons publier la liste. Ceux qui veulent accepter de venir faire les toilettages de la constitution seront la bienvenue. Parce que, ce toilettage de la constitution n'est pas une affaire politique. J'insiste encore, les élections auront bel et bien lieu le 31 janvier 2010. Je vais donner un ultimatum à la cellule qui est une structure indépendante pour respecter ce délai et aller à ces élections. Si elle ne le fait pas, je ne serais pas d'accord. Parce qu'il faut qu'on quitte cette confusion. Parce que, ceux qui aujourd'hui crient ont perdu le terrain. C'est pourquoi, ils vont voir leurs petits copains et la communauté internationale pour faire de l'intoxication. Moi, je suis imperturbable. D'ailleurs, je ne me suis pas encore déclaré candidat. Non pas, parce que j'ai peur de la communauté internationale. Pas parce que j'ai peur aussi des leaders politiques. Mais, je suis en train de suivre mon peuple.


M. le Président, vous dites que les élections auront bel et bien lieu le 31 janvier 2010. Capitaine Moussa Dadis Camara, serez-vous parmi les candidats à l'élection présidentielle ?

La population va vous répondre dans les jours à venir si je suis candidat ou pas.


Des élus locaux, des associations de femmes, des jeunes et autres ont sollicité votre candidature. Allez-vous continuer de résister à tous ces appels là où la France et l'Union européenne vous demandent de respecter vos engagements. C'est-à-dire, ne pas être candidat ?

Je n'ai pas pris ce pouvoir pour moi-même. C'est le peuple qui commande le Chef que je suis. Il faut à ce sujet que la communauté internationale et les esprits des journalistes soient clairs. Je peux à l'instant déclarer ma candidature et personne ne peut m'envoyer devant la Cour internationale de la justice. Je n'ai jamais tué quelqu'un. Aujourd'hui, on parle de démocratie autour de nous, mais c'est grâce aux militaires qui ont pris le pouvoir. Certains mêmes l'ont fait par effusion de sang. Alors, lorsque je vois des gens qui parlent de communauté internationale, je ne les comprends pas. Pour le moment, je ne peux pas vous dire que je suis candidat. Mais, je ne veux pas avoir honte. Si aujourd'hui, je déclare que je suis candidat, est-ce que c'est le peuple qui m'a demandé de le dire ? Mais, si les populations de la capitale, celles de l'intérieur et celles qui sont à l'étranger me demandent de me présenter, je leur retournerai l'ascenseur.


"Ma candidature dépend du peuple"

C'est en ce moment que je pourrais me déterminer. Ce n'est pas moi qui vais déclarer ma candidature. Si le peuple le veut, il le dira. Et ce n'est pas la communauté internationale qui viendra faire les élections. Ce n'est pas elle non plus qui dira au peuple que nous ne voulons pas que Dadis soit candidat. Ce n'est pas son rôle. Son rôle, c'est d'éviter la guerre. Elle ne peut pas s'immiscer dans les affaires d'un Etat souverain. Elle ne peut alors m'effrayer. Ce qui peut m'effrayer, c'est lorsque le peuple me dira un matin de quitter le pouvoir. En ce moment là, je ramasse mes affaires et puis je m'en vais. Ce ne sont pas les trafics d'influence de nature à perturber l'esprit du peuple guinéen qui vont me faire partir. D'ailleurs, à ce niveau, le peuple guinéen est tranquille et imperturbable. Parce que c'est un peuple mûr comme les Ivoiriens. On ne peut plus commander cette nation dans la barbarie et les trafics d'influences. Cette ère est terminée. C'est pourquoi, je suis tranquille dans une position qui me permettra de donner une réponse à la communauté internationale.


“La Guinée doit être à l'école de la Côte d'Ivoire”


Que comptez-vous faire pour corriger le problème crucial de l'électricité et de l'eau pour le bien-être du peuple guinéen ?

Vous savez, le peuple guinéen est un peuple patient et courageux. C'est ce qui me donne le courage de continuer. C'est un peuple patient qui ne veut pas d'un démagogue, d'un menteur à sa tête. C'est un peuple qui ne veut plus des discours pour endormir les consciences. C'est pourquoi, le Cndd s'est prononcé en disant qu'on a un projet d'électricité et d'eau. Il ne faut pas avancer des idées. Il faut être pragmatique. Et moi, je ne suis pas un théoricien, je suis un homme pragmatique. Pour l'instant, je ne veux pas dire qu'on a acquis certaines choses. Mais quand tous les équipements que nous sommes en train d'acquérir seront là, nous ferons une déclaration à la télévision pour annoncer officiellement l'arrivée des groupes électrogènes et les présenter au peuple guinéen. Il en sera de même pour l'eau. Quand les travaux vont démarrer, je passerai par les mass-médias pour dire au peuple que le Cndd tient toujours ses engagements. Le peuple ne veut plus de démagogie, de verbiage, de la langue de Molière. Ce peuple a besoin d'un homme naturel, honnête et simple qui est dans leur esprit.


En attendant de réaliser tous vos chantiers, pourquoi ne pas vous approvisionner en Côte d'Ivoire qui exporte déjà de l'électricité vers les pays voisins ?

C'est vrai et vous avez raison. C'est mon frère et ami Sidia Touré que j'avais coopté pour s'occuper de ce dossier. Je l'avais choisi devant le peuple comme mon Conseiller économique. Il devait conduire une mission en Côte d'Ivoire à cet effet. Malheureusement, depuis que la question de ma candidature a été soulevée, je ne l'ai plus revu. Même quand il partait en voyage, il ne m'a pas tenu informer. Il a fait pareil quand il est rentré de voyage. Depuis lors, on ne sait plus revu. Sinon, nous avions convenu ensemble qu'il parte en Côte d'Ivoire pour essayer de résoudre le problème d'électricité en Guinée. Mais très prochainement, une délégation séjournera en Côte d'Ivoire afin de demander à mon aîné Laurent Gbagbo et à son gouvernement, les possibilités d'approvisionnement en électricité, pour essayer de soulager le peuple guinéen.


La Guinée peut avoir besoin de la Côte d'Ivoire dans certains domaines et des opérateurs économiques ivoiriens s'intéressent de plus en plus à la Guinée. La Sotra pour l'organisation du transport urbain en Guinée mais, aussi des opérateurs économiques tels que Sophia Immobilier pour la réalisation d'un pole universitaire et bien d'autres. Où en sommes-nous avec ces dossiers ?

Vous savez que la Côte d'Ivoire peut apporter beaucoup à la Guinée dans tous les domaines. Le peuple ivoirien a connu le vrai libéralisme et non un libéralisme sauvage. Elle a connu beaucoup de performances et est beaucoup avancée surtout dans le domaine agricole. Avec notamment une bonne politique agricole et des terres cultivables. Sur le plan commercial avec le mouvement des biens et services, la Côte d'ivoire est également avancée. En matière de construction, la plupart de matériaux proviennent de ce pays voisin et frère. Beaucoup de citoyens guinéens ont de grandes réalisations. Ceux d'entre eux qui sont de ma région n'ont pas eu besoin du ciment de la Guinée. En toute sincérité, nous sommes un pays ouvert et nous attendons les investisseurs ivoiriens. Nous avons besoin de l'expérience de nos frères ivoiriens dans ces domaines. Nous voulons aussi créer un département de l'économie maritime comme il en existe au port autonome d'Abidjan. A la vue des recettes réalisées au port d'Abidjan, nous pensons que la Côte d'Ivoire a eu raison de créer ce département. Sur le plan fiscal, des mécanismes de lutte contre la corruption. De sorte que les recettes fiscales et douanières sont bien recouvrées. En toute sincérité, la Côte d'Ivoire a su profiter des opportunités qu'offrait l'ère des indépendances. Au niveau infrastructurel, la Côte d'Ivoire n'a rien à envier aux autres pays. Dans le domaine de la culture, il suffit de voir les artistes ivoiriens pour comprendre que le pays regorge de potentialités, de diversités culturelles. En matière culturelle, la Côte d'Ivoire est une réalité vivante reconnue bien au-delà de ses frontières. Nous avons besoin de vivre toutes ces expériences. On n'a plus besoin d'expériences occidentales. Avant de penser à l'occident, il faut d'abord penser à la Côte d'Ivoire, au Mali, au Sénégal, etc. C'est cela l'intégration. Il ne faut pas se faire de complexe, nous avons besoin de vous sur tous les plans, même journalistique. Nous allons bientôt envoyer nos journalistes, nos jeunes gens en Côte d'Ivoire pour apprendre auprès de vous.


Quel message Excellence M. le Président avez-vous à lancer aux autorités ivoiriennes?

J'encourage le peuple ivoirien, notamment la jeunesse qui a pris conscience. Personne n'avait imaginé que les peuples du Nord, du Sud, de l'Ouest, de l'Est et du Centre allaient s'entendre, du moins parler d'une même voix. L'union et l'entente sont extrêmement importantes. Nous voulons que la liberté de circulation des hommes et des biens se passe dans de bonnes conditions. Lorsque je vois à la télévision ivoirienne, mes frères Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié s'exprimer librement, je sens que la situation politique s'est améliorée et que les leaders politiques se sont réconciliés et que les conflits régionalistes ont pris fin. Nous demandons à la jeunesse ivoirienne de ne pas laisser prospérer les campagnes d'intoxication. Personne n'a choisi sa naissance. C'est Dieu qui a décidé que certains soient Baoulé, Dioula, Bété, Guéré, Sénoufo, Malinké… Pourquoi certains veulent prétendre être supérieurs à d'autres ? Il n'y a pas d'ethnie supérieure. Il n'y a pas de langue supérieure. Par exemple, mes demi-sœurs qui vivent en Côte d'Ivoire ne parlent pas ma langue. Elles parlent le Bété, le baoulé, alors qu'elles sont Guinéennes. Ceux qui disent qu'ils sont issus d'une ethnie supérieure sont maudits. Quelqu'un ne peut pas prétendre avoir un sang supérieur à son voisin. Il faut qu'on bannisse cette attitude qui frise le sectarisme et la xénophobie. Les histoires de descendants de tels ou tels ne sont pas de nature à nous faire avancer. L'Afrique n'est pas la démagogie. En Guinée, certains continuent de dire que telle famille ou telle ethnie ne doit pas se marier à d'autres. Ce sont des balivernes. C'est pourquoi, je suis fier de la Côte d'Ivoire. Il y a une multiplicité d'ethnies en Côte d'Ivoire. C'est ce qui fait sa richesse. Il ne faudrait pas que les Ivoiriens acceptent qu'on oppose une ethnie à une autre. La Côte d'Ivoire est un pays prospère qui ne doit pas se diviser pour des problèmes ethniques. Ce qui fait encore la force en Côte d'Ivoire, c'est aussi la coopération des religions. Mon pays, la Guinée doit copier ce bon exemple de brassage culturel. Où le malinké épouse une bété ou dida et vice versa. La Côte d'Ivoire doit se débarrasser de ceux qui ont un esprit régionaliste. En Guinée, nous allons combattre cela pour aller de l'avant.

Interview réalisée à Conakry (Guinée) par Joseph Atoumgbré,
Envoyé spécial
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