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Politique Publié le lundi 14 décembre 2009 | Le Mandat

Gestion du processus électoral - Mambé a-t-il détourné des fonds ?

La Côte d’Ivoire connaît depuis 2002 la plus grande crise de son histoire. Pour en sortir, l’organisation d’élection propres et transparentes dans les meilleurs délais s’avère une nécessité. A cet effet, la tâche a été confiée à la Commission Electorale Indépendante (Cei) dirigée par Robert Beugré Mambé. Mais dans son exécution, le processus électoral n’avance pas comme on l’aurait souhaité.
La Cei a plusieurs fois dressé un chronogramme qui n’a été respecté. Et à chaque fois, les élections sont reportées sous le prétexte du manque de moyens financiers. Cet argument de la Cei est loin de convaincre.
La gestion financière du processus électoral reste encore floue. Robert Mambé Beugré laisse planer un mystère sur la gestion des ressources financières mises à sa disposition. Combien à été reçu ? Comment cela a été dépensé ? Ce qu’il en reste ? Des questions qui restent jusqu’aujourd’hui sans réponse. A en croire un confrère, cela a servi d’arguments au premier ministre, Guillaume Soro et au chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, pour battre en brèche la proposition des présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara au cours du dernier Cpc, qui demandaient au chef de l’exécutif de mettre en place un chronogramme clair pour le décaissement des fonds à mettre à la disposition de la Cei. Pour le premier ministre et le chef de l’Etat, cela n’est pas possible parce que la Cei n’a jamais rendu compte des moyens déjà mis à sa disposition. Un argument qui tient la route et qui a fait fléchir les deux leaders de l’opposition. Ce qui est regrettable pour une institution qui se veut sérieuse.

Mambé inquiète
Le moins qu’on puisse dire c’est que le président de la Commission Electorale indépendante (Cei) inquiète. Pour certains, Mambé Beugré n’est pas au-dessus de tout soupçon dans le blocage du processus électoral. A preuve, nos sources affirment qu’il entretiendrait des rapports privilégiés avec le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. Le patron de la Cei serait rentré dans les bonnes grâces du chef de l’Etat. Ses rencontres et coups de fil (souvent nocturnes au chef de l’exécutif ivoirien seraient fréquents. Laurent Gbagbo lui-même ne nie pas ce fait. Puisqu’il affirme que ses rapports avec Mambé sont au beau fixe et qu’à n’importe quel moment et à n’importe quelle heure, ils pouvaient se rencontrer. Gbagbo et Mambé ne se lâchent presque plus. Au dernier Cpc, le chef de l’Etat s’est empressé de se rendre à Ouagadougou avec Mambé deux jours avant la réunion. En outre, une source proche de la maison électorale fait cas du ballet incessant de proches de Laurent Gbagbo et des cadres du Fpi au bureau de Mambé. Qu’est-ce qui pourrait expliquer ce rapprochement entre Mambé et le camp présidentiel. Notamment avec Gbagbo ?

Mambé pris au piège de Gbagbo ?
« Toute action que je pose est politique ». Ces propos de Laurent Gbagbo prouvent que ce dernier ne fait rien au hasard. Et dans son jeu politique, Laurent Gbagbo arrive souvent à faire plier ses adversaires. Ces victimes sont pour la plupart ceux qui sont loin de présenter une certaine probité dans l’exercice de leur fonction ou ceux qui, à cause de leurs affaires, sont obligés de le soutenir. C’est le cas de Dossongui Koné, riche homme d’affaires, militant du Pdci dont le soutien à Laurent Gbagbo n’est pas de conviction, mais plutôt pour protéger ses intérêts. Il y a aussi le cas de Doulaye Coulibaly sur qui des langues persistent à dire qu’il est devenu directeur de campagne du candidat de la mouvance présidentielle pour éviter d’être emporté par des dossiers sales. Ce sont autant de pressions exercées sur certains cadres de l’opposition qui ne peuvent faire autrement parce que pris à la gorge. Le rapprochement Mambé-Gbagbo pourrait donc se situer dans ce contexte. Si Mambé n’est pas un homme d’affaires, il va sans dire qu’il n’a pas les mains propres. A preuve, il lui est reproché de ne pas faire le bilan des moyens financiers reçus dans le cadre du processus électoral. N’est-ce pas pour éviter de répondre de sa gestion devant les tribunaux que Mambé a décidé de rentrer dans les bonnes grâces de Gbagbo ? Répondre par l’affirmative à cette question ne saurait étonner quand on sait que cela pourrait être un moyen de pression sur le président de la Cei. Qui en ce moment se verrait obligé de jouer le jeu des refondateurs au risque de finir derrière les barreaux. Ce qui mettrait très à l’aise le chef de l’Etat d’accuser la Cei lorsqu’il est mis en cause par l’opposition pour le non respect des dates fixées pour les élections, sans que Mambé ne réponde. Sans doute parce que le président de la Cei a mordu à l’hameçon. Pour ce faire, un audit est nécessaire pour situer tout le monde sur la gestion de la Cei.

Un audit de la Cei s’impose
Un audit sur la gestion financière de la Cei dans le processus électoral est nécessaire pour rassurer les Ivoiriens. Sinon qu’est-ce qui peut expliquer le manque de transparence de cette institution dans la gestion des ressources mises à sa disposition? Un état des lieux s’avère donc nécessaire pour situer les Ivoiriens sur ce qui a été fait et ce qui reste à faire sur le plan financier. Car on ne peut continuer à débourser de grosses sommes d’argent pour ce processus aussi coûteux sans savoir ce qu’on en fait. Cela permettra de confirmer ou d’infirmer les rumeurs de malversation au sein de la maison électorale. S’il est avéré que cet argent est mal géré, cela pourrait également confirmer le rapprochement de Mambé et Gbagbo. On comprendrait dès lors que c’est pour éviter de se voir jeter en prison comme Tapé Do et autres, que Mambé a décidé de rentrer dans les bonnes grâces du camp présidentiel et de se plier à sa volonté. D’où les reports incessants des élections tels que voulus par les refondateurs. C’est pourquoi, il faudrait qu’un audit soit fait ou que Mambé Beugré fasse le point des moyens déjà mis à sa disposition dans le cadre du processus électoral. Il n’est pas normal qu’on avance dans un flou total. Car il s’agit de l’argent du contribuable. Les ivoiriens ont donc besoin qu’on leur rende compte. Il est inadmissible qu’en plus du pactole que les agents de la Cei, avec à leur tête le président Mambé, touchent mensuellement, on puisse entendre parler de détournement de deniers publics dans une institution qui se veut transparente. Alors, accusés, défendez-vous.
Lance Touré
lancetoure2006@yahoo.fr
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