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Politique Publié le mardi 15 décembre 2009 | Le Patriote

Dabou : contentieux sur la liste electorale - Comment le CECOS a kidnappé des militants du RDR

Le quartier Dioulabougou de Toupah, dans le département de Dabou, n’oubliera pas de si tôt la descente musclée effectuée par des éléments du centre de commandement et de sécurité (CECOS) venus d’Abidjan. A bord de deux cargos et un véhicule de type 4x4, selon des témoins, les éléments du général Guiai Bi Poin n’ont pas fait dans la dentelle. Pour envahir et surprendre un ennemi redoutable, le CECOS ne se serait pas pris autrement. Venus en détachement important ce vendredi, à bord de trois véhicules, les éléments commis à cette opération «barakouta », ont envahi le quartier Dioulabougou à 5 h du matin. Au moment où la plupart des habitants de ce quartier allogènes en majorité musulmans, s’apprêtaient à aller à la mosquée pour la prière du levée du jour. Le résultat de cette battue des forces de l’ordre est exactement de 14 personnes : des vieux de soixante dix ans et plusieurs femmes dont une en état de grossesse.
A notre arrivée, hier, à 12 h 30 dans la ville, nous nous sommes rendus compte du sentiment d’indignation et de révolte des populations qui ont vu leur quiétude troublée ce matin-là, par les éléments de Guiai Bi Poin. Nous sommes accueillis par Charles Lorng, fils du village et cadre du RDR et Agbré Jean, directeur régional de campagne associé d’Alassane Ouattara, dépêché sur place par le ministre Vincent Lohoues, premier responsable du RDR au niveau de cette région. Après un briefing, nos hôtes nous conduisent chez Ladji Kamara, septuagénaire, originaire de Boundiali qui a été interpelé avec sa femme et ses enfants.
Visiblement affecté par l’humiliation que sa famille et lui ont subie ce vendredi, le vieil homme de 74 ans nous accueille cependant avec sérénité. Sanafi Kamara, fille du vieux Ladji Kamara, traumatisée par cette interpellation humiliante, raconte son calvaire avec les éléments du CECOS. «Ils (les éléments du CECOS » sont venus aux environs de 5 h ou 5 h 15. Ils sont brusquement entrés dans la maison. Et ils m’ont demandé : où est Ladji Kamara ? Où sont ses enfants et sa femme ? Il faut dire que j’étais affolée. J’ai commencé à avoir des malaises car je suis hypertendue. Je leur ai dit que je suis enceinte de deux mois. Leur réponse a été catégorique : « On s’en fout. Si ton enfant meurt, il y a de la terre à Abidjan pour l’enterrer ». C’est ce qu’ils m’ont dit. Ils nous ont tous embarqués pour Dabou où la brigade de gendarmerie où nous avons été soumis à un interrogatoire serré. Nous avons montré nos papiers. Dans la soirée, ils nous ont relâchés. En effet, la nationalité de Ladji kamara ne souffre d’aucun doute au vu des pièces administratives. Son père, Moussa Kamara né vers 1910 est originaire de Boundiali. Ladji lui-même est né à Toupah le 23 mai 1935. «Je suis né dans ce village en 1935 le même jour que le chef. Aujourd’hui je suis notable », a-t-il dit. Pour attester ses dires, il nous présente une copie de son extrait de naissance établi en 1947 et signé du commandant de division de Dabou, R. Alessandri (voir fax). C’est au vu de toutes ces pièces administratives irréfutables que la gendarmerie a relâché M. Ladji et sa famille. Ils étaient au nombre de six personnes.
Comment en est-on arrivé là ?

« La plume », le bourreau des militants du RDR.
Selon les témoins, les militants du RDR ont été l’objet de délation de la part d’un jeune homme appelé Latt Djedje alias «La plume ». Ce dernier passe depuis quelques jours dans les cours pour recenser les noms des gens en leur faisant croire qu’il a la possibilité de leur faciliter la tâche des réclamations sur la liste électorale provisoire. Souvent très naïvement, ceux-ci y croient et vont même jusqu’à lui donner leur récépissé d’enrôlement dont il relève les numéros. Le coup est donc joué. Le sieur « la plume » dresse alors la liste de ses victimes qu’il envoie à ses commanditaires tapis dans l’ombre dans le village. Ceux-ci à leur tour, informent leur «gourou » à Abidjan. Le CECOS ou la gendarmerie est alors actionnée voire manipulée pour commettre des dérapages tel que celui qui s’est produit à Toupah. C’est clair, c’est le FPI qui a été désarçonné par la visite triomphale d’Alassane Ouattara à Toupah, qui est à la base de cette autre manigance contre les militants du RDR.
Ladji et sa famille sont aujourd’hui libres, mais ils sont choqués par la manière dont ils ont été kidnappés. « J’ai honte pour ce qui s’est passé », nous a-t-il dit. La chefferie du village n’est pas en reste. Elle se dit également indignée et scandalisée par ce qui s’est passé. Successivement, nous avons rencontré Essoh Nomel Henri, doyen d’âge des propriétaires terriens et gouvernant de Toupah ; Essis Esmel Bernabé, notable, et Djedj Adou Pierre dit bon planteur, également membre de la chefferie. A l’unanimité, ces autorités coutumières ont condamné ce qui s’est passé et promis de demander des comptes aux fauteurs de trouble qui ont été à la base de cette manigance. (réaction à lire demain) .
Ibrahima B. Kamagaté
(Envoyé spécial à Toupah)
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