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Politique Publié le mardi 29 décembre 2009 | Le Mandat

Interview / Mme Sita Coulibaly, Déléguée PDCI de Korhogo 2, sort de sa réserve : "Nous ne pouvons plus accepter d’être dans l’opposition"

Mme Sita Coulibaly, Déléguée Pdci de Korhogo 2, par ailleurs vice-présidente de l’Union des femmes du Pdci, travaillant depuis longtemps discrètement pour son parti, a décidé de sortir de sa réserve. Dans cette interview exclusive qu’elle nous a accordée, elle parle de la vie du Pdci à Korhogo, du dernier découpage de cette zone par la direction du parti, avant de donner les chances de son candidat, Henri Konan Bédié, aux prochaines élections présidentielles.

Récemment, Mme la déléguée, vous avez reçu dans votre délégation (M’Bengué) le président du Pdci, Henri Konan Bédié dans le cadre d’une tournée qu’il a effectuée dans le nord du pays. Aujourd’hui, quel bilan pouvez-vous faire de cette visite ?
Je peux dire que nous sommes très heureux d’avoir reçu le président Bédié. On en avait besoin parce qu’il y avait beaucoup de manifestations des autres partis politiques sur le terrain. Vous le savez aussi bien que moi, que beaucoup d’activités politiques se font à Korhogo. Et revoir le président Henri Konan Bédié, des années après le coup d’Etat de 1999, a été pour la population du nord, un honneur et un moment de joie. Ainsi, elles se disent qu’il ne les a pas oubliées. Nous aussi, nous l’attendions et nous sommes prêts pour le vote. Donc je pense que le bilan de cette visite est positif. Nous les leaders, essayons de faire ce que nous pouvons. Mais je crois que cette visite a galvanisé davantage nos militantes, qui se disent qu’elles ne sont pas oubliées par le président. Nous sommes prêts pour les élections parce que, c’est la seule condition pour dire si vraiment on a eu des militants après son passage. Si on travaille réellement. On verra ce qui va être mis sur le tapis le jour des élections.

Que pensez-vous du dernier découpage qu’a fait la direction de votre parti à Korhogo et qui vous retire la gestion de M’Bengué en plus d’augmenter le nombre de délégations dans cette région?
Nous avions dit aux militants que nous avons besoin d’un encadrement serré, c’est-à-dire un encadrement de proximité pour que nous puissions ratisser large. Une seule personne dans un département où il y a à peu près 12 sous-préfectures, vous comprenez que c’est très vaste. Donc nous nous sommes dit que pour ne pas que les militants se sentent négligés et oubliés nous avons besoin d’être proches d’eux. Korhogo se retrouve avec trois communes. C’est énorme. Les militants ont plus besoin d’être proches de leurs leaders pour partager avec eux leurs difficultés afin qu’une solution puisse être trouvée. Il est vrai que nous ne pouvons pas tout faire mais nous nous sommes dit qu’aller à 100 km à gauche, 150 km à droite, cela n’est pas facile. Alors que nous devons gérer cette zone de 200 km. D’où aujourd’hui, ce nouveau découpage.

Ne considérez-vous pas cela comme une frustration quand on sait que la zone de M’Bengué que vous dirigiez vous a été retirée au profit d’une autre personne ?
Non ! Je pense que j’ai été honorée de revenir en ville parce que quand même cela a été ma zone de prédilection dès le départ. Ce, depuis très longtemps. Cela fait aujourd’hui près de 20 ans que je suis sur le terrain. Donc, je me dis que j’étais plus proche des militants de Korhogo en ville. Le fait que je sois parti dans la sous préfecture de M’Bengué, cela a été une autre expérience pour moi. Les parents l’ont bien accepté et nous avons travaillé ensemble. Nous avions même mis en place notre bureau de campagne. Maintenant que le président et la direction du parti ont bien voulu nous faire confiance en nous donnant la latitude de travailler sur Korhogo, cela n’est pas une sanction à mon avis. J’estime que le président ayant été sur le terrain, s’est rendu compte que certains militants pouvaient faire quelque chose et d’autres militants autre chose. Comme rentrer dans les villages et moi revenir travailler en ville. C’est une marque de sympathie à mon endroit. J’estime que c’est parce que le travail déjà abattu est satisfaisant et qu’il s’est rendu compte que ceux que j’ai eu à encadrer se sentaient plus proches de lui. Donc, il a décidé de m’amener ailleurs. Sinon je ne sais pas ce qui a guidé ce nouveau découpage. Mais je pense que le président a vu juste, parce qu’il sait aussi ce qui se passe sur le terrain. Et le fait qu’il s’y soit rendu, il a bien compris que d’autres personnes avaient besoin de monter au créneau parce que c’est un jeune qu’on a mis à ma place. Et puis, cela vient faire mentir ceux qui disent que le Pdci est un parti de vieux. Moi, je ne le prends pas négativement. Je pense qu’on a l’opportunité d’aller partout où on croit qu’on peut apporter une voix au président Bédié et au Pdci.

Que répondez-vous à ceux qui affirment que le Pdci est mort au Nord et plus particulièrement à Korhogo ?
Vous savez, beaucoup de gens parlent. Mais il vaut mieux attendre des résultats plutôt que de se mettre à spéculer sur tout. Et puis, il ne faudrait pas oublier que le Pdci a été créé dans le nord de la Côte d’Ivoire. Le président Houphouët, depuis 1945, c’est Korhogo qui l’a mis sur l’échiquier et avec le nom du Pdci. Il a été député de Korhogo. Mais ce qu’on peut retenir c’est que depuis cette année-là, le président Houphouët a été soutenu par notre grand-père, Péroforo Gbon Coulibaly. Donc, nous n’avons pas le droit de le trahir aujourd’hui. Parce que c’est comme si on remettait tout cela en cause. C’est comme si, ce que nos parents ont fait, on le reniait. Alors, on a la latitude de dire qu’on doit faire progresser le Pdci dans le nord.

Donc vous pensez que Malick Coulibaly qui est également le petit fils du patriarche Gbon a trahi en étant aujourd’hui le directeur de campagne de Laurent Gbagbo qui a toujours combattu Houphouët ?
Je n’ai pas de commentaire personnel à faire parce que c’est lui seul qui peut dire ce qu’il ressent en étant dans cette position. Je pense qu’au niveau de Korhogo, cela n’entame en rien nos relations familiales parce que ce n’est pas lui qui a commencé. Il y a d’autres qui sont allés dans des partis autres que le Pdci. Mais nous sommes restés toujours ensemble. Ce qui est sûr, on verra au finish, qui va triompher. Nous, nous sommes les garants du fétiche Pdci. Nous savons qu’avec le multipartisme beaucoup sortent du ventre du Pdci. Mais il faut que chacun sache qu’il peut apporter quelque chose à son peuple. Regardez le nord, c’est une honte pour nous-mêmes. Il faut faire en sorte que nos parents sortent de ce bourbier là. Si on veut avoir une position pour pouvoir les aider, moi je ne trouve pas d’inconvénients. Mais je dis que le fétiche que nos parents ont adoré jusqu’au aujourd’hui, on ne doit pas l’abandonner en si bon chemin. Le président Houphouët a eu confiance au président Henri Konan Bédié en le désignant comme son héritier direct. C’est par rapport au patriarche Gbon et au président Houphouët que nous essayons de faire ce que nous pouvons. Et puis, lorsque quelqu’un va de parti en parti, je ne sais pas ce qu’on en pense. Mais ce n’est pas mon fort de valser.

Nous sommes en période pré-électorale. Aujourd’hui, quelles sont vos ambitions pour la délégation qui vous a été confiée ?
L’ambition, c’est qu’il ne faudrait pas que ceux qui sont sur le terrain pensent qu’on a voulu les sanctionner ou les enlever. Nous allons travailler de concert. Nous allons essayer d’apporter notre petite pierre à l’édifice commun. Nous allons essayer également de faire en sorte que les parents ne s’imaginent pas qu’il y a trois ou quatre Pdci et qu’ils sachent surtout que nous sommes des courroies de transmissions entre la direction du parti et la base. Il faudrait que les gens perçoivent cela comme si c’était pour faire en sorte qu’il y ait moins de frustrations. Pour ne pas qu’ils pensent qu’ils ont été oubliées par leur parti. Le Pdci, c’est l’affaire de tous. Si on peut apporter quelque chose, on le fait. Il ne faut pas rester dans son coin et dire parce qu’on ne m’approche pas, je ne fais rien. C’est vrai, ça ne sera pas facile. Mais il ne faudrait pas qu’on pense que le Pdci c’est seulement l’affaire de tel ou tel délégué. Il faut savoir que Pdci a un président qui s’appelle Henri Konan Bédié et nous (délégués), nous sommes des bras séculiers pour atteindre les militants et la base. Nous essayons de faire comprendre que les envoyés que nous sommes, travaillons pour le bien, l’unité et la cohésion du Pdci. C’est en cela que nous avons intérêt à montrer que les problèmes de personnes reviennent dans l’écurie qu’après. Nous avons bien plus à faire que de nous marcher là-dessus.

Comment est-ce que vous gérez la période après la publication des listes électorales provisoires?
Nous avons mis en place une équipe pour voir dans chaque bureau de vote combien nous avons de gens susceptibles de nous donner leur voix et aider les militants dans la gestion des contentieux afin qu’ils soient inscrits sur les listes définitives et leur permettre également d’obtenir leurs papiers pour aller voter. Pour cela, nous avons impliqué le plus les secrétaires de section. Tout le monde est dans la gestion de cette campagne. Si nous voulons vraiment qu’il y ait moins de problèmes et de frustrations, nous sommes obligés de mettre tous ces hommes qui sont des hommes de terrain afin qu’ils travaillent pour la victoire du parti et de son candidat Henri Konan Bédié.

A combien peut-on donc estimer le nombre de gens susceptibles de voter pour le Pdci à Korhogo ?
On ne peut pas donner actuellement un chiffre. Puisqu’on n’a pas encore arrêté la liste définitive des personnes enrôlées dans les bureaux de vote. Donc on ne peut pas dire avec certitude que nous avons tel ou tel nombre de personnes. Mais après la période du contentieux électoral et l’affichage de la liste définitive, on pourra le faire. On saura combien de personnes ont été enrôlées dans chaque bureau de vote et à combien on peut chiffrer les votants réels du Pdci.

Vous êtes vice-présidente de l’Ufpdci, vous avez également des activités professionnelles très intenses. Comment arrivez-vous à gérer votre délégation, à être constamment sur le terrain aux côtés de vos militants quand on sait que même au niveau d’Abidjan, vous bougez beaucoup pour des activités politiques ?
C’est peut-être mon secret. Mais je fais en sorte que mes activités professionnelles ne soient pas entachées par mes activités politiques que je trouve extra. Puisque c’est avec mes moyens professionnels que je me permets d’aller sur le terrain. Donc généralement, je commence à aller à Korhogo à partir du vendredi soir pour être là-bas le samedi matin. Je travaille comme je peux. Le week-end dernier, j’avais demandé aux parents de venir, avant qu’on ne sorte le nouveau découpage ; ils sont restés chez moi, nous avons mangé ensemble et nous nous sommes quittés le dimanche après-midi. Je pense que l’essentiel, c’est de faire en sorte qu’il n’y ait pas trop d’interférence dans notre manière de travailler professionnellement et d’apporter le minimum à nos parents pour qu’ils ne se sentent pas oubliés. Je pense que j’arrive à faire ça. C’est vrai que je suis de l’Ufpdci mais Mme Dao (la présidente) ne nous gène pas trop dans ce que nous faisons. On ne nous envoie que dans le cadre des grandes rencontres avec la base. C’est la raison pour laquelle j’ai été avec une équipe à grand Bassam le samedi 19 décembre dernier. Et le lendemain, dimanche 20 décembre 2009 nous étions à Bonoua pour rencontrer les femmes afin de les préparer pour les élections.

Pensez-vous que la nouvelle période fixée pour la tenue des élections pourra être respectée ?
Est-ce tenable ? Je ne sais pas. De toutes les façons depuis le mois de juillet, je savais que le 29 novembre n’était pas tenable. Mais je ne pouvais pas le dire au risque qu’on me prenne pour un oiseau de mauvais augure. On souhaite que les élections aient lieu à la période de fin février-début mars mais ce n’est pas tellement évident. Il y a beaucoup plus d’éléments qu’on va essayer d’élaguer et de vous le dire au moment opportun. Mais actuellement, je préfère ne pas vous donner mon avis sur cette question.

Quelles sont selon vous, les chances de votre candidat, Henri Konan Bédié, de remporter la présidentielle ?
Le président Bédié est un homme d’expérience. Il a un carnet d’adresse très fourni. Il a su tenir débout ce pays jusqu’à ce que le coup d’Etat de décembre 1999 viennent aujourd’hui ouvrir la boîte de pandore. Mais je pense que ça va aller. Car, je suis convaincue que ça ira. Il faut que les ivoiriens comprennent qu’avec lui, ils auront le bonheur, un bonheur partagé. Il leur permettra d’avoir à manger ; d’avoir le minimum. A Korhogo par exemple, les gens n’arrivent pas à s’offrir plus d’un repas par jour. Il n’y a plus d’école, plus d’hôpitaux, plus de routes, sans parler des grèves dans tous les secteurs d’activité. Tout cela, c’est parce qu’aujourd’hui, la situation est difficile. Mais il faut que ça change. Et les populations doivent savoir que leur chance, c’est Bédié. En tout cas, je suis convaincue que Korhogo, à l’instar de toutes les autres villes de Côte d’Ivoire, votera pour Bédié, car il peut apporter beaucoup à ce pays.

On dit de votre candidat qu’il est rancunier et qu’il tient à revenir au pouvoir pour se venger. Qu’est-ce que vous en pensez ?
On ne peut pas avoir subi ce qu’il a subi et dire qu’on ne peut pas y penser. Mais est-ce là aujourd’hui les priorités pour l’Etat de Côte d’Ivoire ? Et puis, si c’est par rapport au coup d’Etat de 1999 que les gens disent cela, ça n’a pas de sens puisque celui qui a fait le coup d’Etat est mort. Certes, chacun à son caractère mais on ne peut pas d’emblée décréter que quelqu’un est rancunier. Le dialogue qui est la base de notre fondement nous oblige à nous parler et à nous écouter. Tant que vous n’échangez pas avec quelqu’un, vous ne pouvez pas le connaître. Je crois que cette question, si vous la lui aviez posée, il serait disposé à vous répondre en toute honnêteté. Mais je tiens à vous dire que dans la vie, il faut être beaucoup indulgent. Vous savez, il faut que les gens comprennent qu’on n’a pas que ça à faire et que la Côte d’ivoire a besoin d’être sur les rails pour son développement. La Côte d’Ivoire a de grandes ambitions pour ses enfants que de s’asseoir pour retourner le couteau dans la plaie. Je pense sincèrement que le président Bédié ne peut pas revenir uniquement que pour se venger. Et je pense qu’en tant que héritier d’Houphouët, il n’a ni le droit ni le devoir de s’arrêter à ce niveau du coup d’Etat. L’important, c’est penser à l’avenir de son peuple.

La Côte d’Ivoire traverse la plus grande crise de son histoire marquée par la guerre et les grèves à répétition. Selon vous, quelles en sont les conséquences ?
C’est ce que nous avons connu en 1999 qui continue jusqu’aujourd’hui. Si la Côte d’Ivoire n’était pas bénie de Dieu, je pense qu’on aurait eu plus de grabuges que ça. C’est pourquoi je vous ai dit plus haut que nous serons très heureux de voir les élections. Ça va légitimer tout le monde et tout le monde se sentira à l’aise. Et puis, celui qui sortira vainqueur de ces élections que nous voulons transparentes et justes, devra être sûr qu’il est soutenu par le peuple. Ce dernier devra faire en sorte que les blessures se cicatrisent. Je pense aussi que c’est parce que Dieu aime la Côte d’Ivoire qu’il a un tant soit peu mis un frein à notre ascension. Parce qu’on a commencé à être un peu gâté. Les conséquences, je pense que Dieu va les transformer au nom du peuple parce que notre peuple n’a rien fait pour mériter cela. Je pense que ce pays mérite mieux.

Votre appel à l’endroit des sympathisants et militants du Pdci à la veille des élections en Côte d’Ivoire.
Je ne veux plus que les sympathisants soient sympathisants et qu’ils comprennent qu’avec le Pdci ils ont beaucoup à gagner. Ils doivent essayer de s’impliquer, d’être avec nous pour apporter quelque chose à ce peuple. Qu’on cesse de ne pas prendre des positions trop claires pour faire avancer le pays. Aux militants, je pense qu’ils ne doivent pas perdre la face. Parce que le fait d’avoir été dans l’opposition, d’avoir souffert depuis le coup d’Etat et continuer de se maintenir, nous ne pouvons que leur dire merci d’avoir cru en ce parti. Nous leur disons maintenant qu’il reste une dernière marche, il faudrait qu’ils arrivent à la franchir. Sinon tout ce qui a été consenti comme sacrifice sera vain. Nous ne pouvons plus accepter d’être dans l’opposition.

Interview réalisée par Lance Touré
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