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Santé Publié le samedi 4 septembre 2010 | L’expression

Pr Dosso Mireille, directrice de l’Institut pasteur de Côte d’Ivoire : "Le vaccin de la dengue est en préparation"

© L’expression Par DR
Dengue et fièvre jaune: L`élimination des gites larvaires a démarré à Abidjan
On recense environ près de 3000 espèces de moustiques dans le monde, dont environ 300 qui piquent l’homme.
Le Pr Dosso Mireille, directrice de l’Institut pasteur de Côte d’Ivoire (Ipci), explique la fièvre jaune, la dengue et le chikungunya, une troisième maladie qui se signale déjà en Côte d’Ivoire. Elle précise également que le vaccin de la dengue est en préparation.

Pouvez-vous nous définir la fièvre jaune et la dengue, deux pathologies dont on parle beaucoup ces derniers jours ?

Ce sont deux pathologies virales, c’est-à-dire des pathologies dues à des virus de la fièvre jaune et de la dengue. Ces deux pathologies sont regroupées dans un genre qu’on appelle les arbovirus qui sont transmis par des vecteurs, en l’occurrence des moustiques. Ce sont donc des maladies transmissibles. Ces vecteurs sont du genre Aedes, notamment Aedes Aegypti. On les trouve partout, dans les maisons, aux alentours des maisons. Ils s’infectent en piquant un malade et sont susceptibles de transmettre ainsi la maladie d’un sujet malade à un sujet sain en zone urbaine. Puisque c’est en zone urbaine que ces pathologies se signalent en Cote d’Ivoire.

Vous avez parlé d’arbovirus. Qu’est-ce qu’un arbovirus ?

Ce sont des pathologies transmises par des vecteurs. La fièvre jaune, la dengue, et le Chikungunya sont transmis par des moustiques.

Quels sont aujourd’hui les types d’arbovirus que l’on est susceptible de rencontrer en Côte d’Ivoire?

Avant de répondre à la question, je souhaiterais vous dire que l’une des principales raisons qui étaient à la base de la création de l’Institut pasteur, ce sont les arbovirus. Et à l’origine, l’Institut Pasteur a été créé pour surveiller et diagnostiquer ces arbovirus. Donc depuis 1972, il y a une tradition à l’Institut pasteur, qui est la confirmation de cas et de surveillance des moustiques par rapport à la fièvre jaune, la dengue et le Chikungunya. Dans les archives de l’Institut, on retrouve plusieurs types de ces virus.

C’est dire que la circulation de ces virus au niveau du pays est connue. Mais ce qui se passe actuellement en 2010, c’est qu’on a constaté une poussée épidémique qui est due, en ce qui concerne la fièvre jaune, à certaines personnes qui ne se sont pas vaccinées bien qu’il y ait eu une épidémie en 2001 avec des personnes déjà vaccinées et une épidémie de la fièvre jaune en 2008 malgré la vaccination de la ville d’Abidjan. Et la plupart des malades qui sont actuellement diagnostiqués pour la fièvre jaune sont des sujets non vaccinés en 2009, en 2008 et il y en a propablement qui ne vont pas se faire vacciner en 2010. Et pourtant pour la fièvre jaune, Il y a une prévention qui est la vaccination et qui est valable pour 10 ans. C’est une vaccination qui est simple et pour laquelle, il n’y a quasiment pas de complications. C’est facile d’arrêter l’épidémie de fièvre jaune à condition que la population se fasse vacciner. C’est d’ailleurs un vaccin qui est dans le Programme élargi de vaccination. Pour la dengue, il n’y a pas de vaccin pour l’instant mais il faut éviter d’avoir dans son entourage, des gites larvaires grâce auxquels les moustiques vont pouvoir se multiplier et infecter ainsi les populations. La seule solution, c’est la démoustication et la destruction des gites larvaires et tout ce qui peut contenir de l’eau car le moustique va se multiplier dans l’eau.

Comment expliquez-vous que ces deux pathologies aient ressurgi en même temps?

Je pense qu’il y a des réponses scientifiques. Ce sont des investigations que la Cote d’Ivoire est en train d’entreprendre afin de trouver véritablement des réponses. Mais il faut dire que dans les archives de l’Institut Pasteur, il y avait déjà des cas de dengue. Il faut également préciser qu’il existe quatre types de dengue: la dengue 1, 2, 3 et 4. En Côte d’Ivoire, on a déjà en circulation la dengue 1, 2 et 4.

Ces informations datent de depuis la création de l’Institut Pasteur en 1972. Mais c’est récemment qu’on a eu une émergence de la dengue 3. Auparavant, les cas de dengue se produisaient dans les Antilles, en Asie et en Afrique de l’Ouest. Et l’année dernière, il y a eu une épidémie de dengue 3 en Guinée Bissau qui a causé plus de 20.000 cas de dengue 3. La Côte d’Ivoire a eu une épidémie de dengue 3 comme d’autres pays en Afrique de l’Ouest.

Est-ce qu’on est capable de dire aujourd’hui d’où provient le 1er cas de dengue 3?

Scientifiquement, on peut le faire par analyse de séquence. On peut voir le temps mis par le virus pour circuler dans le pays et voir d’où il provient. Est-ce que c’est une dengue qui a son origine en Côte d’Ivoire où qui vient d’ailleurs, dans les pays limitrophes. C’est facile aujourd’hui de voir cela.
Est-ce qu’on a pu le faire en Côte d’Ivoire?

On est en train de commencer à le faire. Le budget de l’Etat a permis de nous doter cette année de séquenceur. Ce séquenceur va permettre justement de pouvoir comparer les virus des malades avec les virus d’ailleurs pour voir s’ils sont différents ou s’il s’agit du même virus. Il y a des calculs qui vont nous permettre de savoir depuis combien de temps, ils évoluent et depuis quand ils sont modifiés.

Une fois que le virus est introduit dans l’’organisme humain, quelle est sa durée de vie?

Cela dépend de l’état de l’individu, son état physiologique et bien évidemment, s’il a un terrain de débilité et s’il a d’autres pathologies. Et cela peut même entrainer la mort de la personne. Il y a beaucoup de gens qui certainement font des formes sans signes cliniques, où on ne voit que la partie visible de l’iceberg.

Récemment lors d’une conférence, le Pr Doannio de l’Insp qui a nous parlé d’une menace de chikungunya. Quelle est la particularité de cette maladie et est-ce que la menace est réelle?

Il y a quelques années, il y a eu une très grande menace de chikungunya à l’Ile de la Réunion et en principe il est transmis par un autre Aèdes qui est différent de celui de la fièvre jaune qui est l’Aèdes Arbobicus. Et c’est très récemment que le Pr Doannio a pu se rendre compte qu’il y a quelques Aèdes Albobicus qui ont été retrouvés au niveau du port. Il y a propablement un petit nombre d’Aèdes Albobicus en Côte d’Ivoire, mais il est aussi possible que les Aèdes Aegypti aient pu transmettre le virus du chikungunya. En tant que spécialistes, on se dit que si les Aèdes qui transmettent traditionnellement la fièvre jaune, transmettent la dengue 3, on se pose quand même la question de l’émergence du virus du chikungunya.

Quelles sont les manifestations cliniques du Chikungunya ?

Les manifestations cliniques sont différentes de celles des deux autres pathologies, car il y a beaucoup de douleur. Le chikungunya signifie « marcher courbé » et fait partie du grand groupe des fièvres hémorragiques.

L’Institut Pasteur fait la surveillance de ces différentes pathologies. Comment cela se passe concrètement. Est-ce que ce sont des cas qui se présentent aux agents ou ce sont les agents qui se déplacent vers les populations ?

L’Institut Pasteur participe à la surveillance épidémiologique. En Côte d’Ivoire, la surveillance épidémiologique est pilotée par l’Institut national d’hygiène publique (Inhp). Il y a donc tout un réseau de surveillance et nous recevons des échantillons de larves que nous confirmons ou infirmons. Pour la dengue, nous allons essayer d’étudier les différents virus pour comprendre pourquoi on a ces épidémies.

Y a-t-il actuellement des cas de Chikungunya en Côte d’Ivoire ?

Pour l’instant, il n’y en a pas. Mais concernant le nombre de cas confirmé de fièvre jaunes et de dengue, les chiffres varient quotidiennement. Mais le chiffre récent que l’on a est de 12 cas confirmés de dengue 3.

Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui le malade a en face de lui des médecins aptes pour la riposte ?

Oui. Dans la fièvre jaune, le programme national a mis en place une série de formations dans les hôpitaux publics, les établissements privés et les centres de santé. C’est à la suite de ces formations que les échantillons de laboratoires ont augmenté et les gens ont été formés.

Quels sont les signes cliniques qui peuvent amener les malades à penser qu’ils ont la fièvre jaune, la dengue ou le chikungunya ?

C’est l’ictère. On jaunit et puis les signes hémorragiques que sont les saignements de nez par exemple. C’est ce qu’on appelle les critères fébriles.

Une fois à l’hôpital, au bout de combien de temps peut-on avoir les résultats de ces examens?

Le laboratoire a été équipé par des partenaires notamment l’Oms. Il est à même de faire plusieurs tests sur les patients et de donner des réponses en 24h aux patients.

Y a t-il un vaccin pour le chikungunya?

Non. Mais pour la dengue, il y a un vaccin en préparation.

Touré Yelly
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