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Santé Publié le samedi 23 octobre 2010 | L’expression

Bouaké / Manque de tubes, de coton, d’alcool et autres matériels de travail : Le Centre de transfusion sanguine refuse les dons de sang

Pendant qu’on demande à la population ivoirienne de se mobiliser pour les dons de sang, à Bouaké, ce sont les donneurs qui sont congédiés, faute de matériels de prélèvement.

Un déplacement pour rien. Venu pour un don de sang au Centre de transfusion sanguine (Cts) de Bouaké, sis dans la cour du Chu de la ville, Koné Roland n’a pas pu accomplir le geste qui sauve.

A l’en croire, il a été prié par le personnel médical de retourner à la maison, car, selon eux le magasin de stockage des matériels nécessaires aux opérations de prélèvements sanguins est vide. Pour ce donneur, rien ne justifie les arguments avancés par le personnel du Cts. « On nous demande à chaque fois de venir donner notre sang afin de sauver la vie de nos semblables. On vient maintenant, on nous dit que c’est impossible, à cause d’un problème de moyens matériels.

C’est vraiment le monde à l’envers. Est-ce le sang qui doit attendre le matériel de prélèvement ?

Où c’est le matériel qui doit attendre le sang à prélever. On ne comprend plus rien », a regretté M. Koné. Découragé, il ne compte plus revenir pour un quelconque prélèvement. « Je ne viendrai plus ici. On parcourt des kilomètres à pieds pour se rendre ici. J’habite à Dar-es-Salam, un peu loin d’ici. Je pense que le ministère se doit de tout mettre en œuvre pour nous encourager dans ce sens. Comment dans une grande ville comme Bouaké, le matériel de prélèvement peut faire défaut », s’interroge-t-il. Séka Arnaud, membre du bureau régional de l’Unads-Ci (Union nationale des donneurs de sang de Côte d’Ivoire), partage le même regret. Rencontré devant les locaux du Cts, il dit avoir été également refoulé. « Les dons se font tous les trois mois. Je veux bien donner aujourd’hui mon sang. Mais, c’est impossible car le Cts me dit qu’il n’y a rien pour le faire.

Manque de matériels de prélèvement…

Or, en Côte d’Ivoire, des patients sont en attente de sang, pour recouvrer la santé. C’est regrettable », a déploré Seka Arnaud. Et de poursuivre : « Nous sommes en droit de nous demander si leur intention n’est pas de fermer le centre de Bouaké. En donnant régulièrement notre sang, nous avons des motivations d'ordre humanitaire. Avec ces informations qu’on nous donne, ici, au centre de transfusion de Bouaké, on se demande si on doit continuer ces gestes.

Le sang est donné pour sauver la vie d’autrui. Il faut que les gens sachent que Bouaké, c’est le lieu où vivent aussi des Ivoiriens. Tout le grand Nord vient se ravitailler ici en poches de sang.

C’est n’est pas juste ». Si Séka se dit déçu, c’est parce que, selon lui, cette situation est susceptible de réduire à néant tous les sacrifices consentis pour agrandir le cercle des donneurs de sang dans la région. « Avec cette situation déplorable, notre sensibilisation auprès des populations devient inutile. Pourtant, convaincre des nouveaux donneurs relève d’un véritable parcours de combattant. D’abord quand on prélève le sang, la quasi totalité reste à Abidjan. Pire, quand un donneur se rend au Cts pour faire son don, on est incapable de le satisfaire. Les donneurs de Bouaké se sentent abandonnés », s’indigne le membre du l’Unads Ci locale. Une visite au centre de transfusion sanguine de la capitale du Centre, a permis à notre équipe de reportage de confirmer les faits décriés par les donneurs de sang rencontrés. Les services sont ouverts, les agents sont présents à leurs postes. Mais ne sont pas en mesure de faire leur travail. Selon le premier responsable du centre de l’établissement sanitaire, Dr Mankoua Désiré, faute d’outils de travail, ses services en charge des prélèvements sont inopérationnels, depuis jeudi dernier. Des commandes ont été faites, mais, le Cts est toujours dans l’attente. « Dans la gestion des stocks, il y a un seuil. Depuis mi-août, les commandes n’ont pas été honorées. Ces commandes portent sur les tubes, le coton, le savon, de l’eau de javel. Si ces derniers peuvent être achetés sur place, les tubes quant à eux sont indisponibles dans les étals de nos pharmacies », informe-t-il. Il ajoute, par ailleurs, que « Le prélèvement nécessite trois types de tubes. Deux tubes violets et un troisième de couleur rouge. On a fait les commandes. On n’a pas encore été servi. Nous sommes toujours dans l’attente. Ce que nous pouvons dire aux donneurs, c’est de patienter ».

…Le sang risque de manquer

Selon un agent qui a requis l’anonymat, leurs problèmes ne se limitent pas uniquement au manque d’outils de travail. Ce qui trouble son sommeil, ce sont les menaces des usagers qui continuent de leur parvenir. Surtout quand l’approvisionnement de la banque du Cts en sang n’est pas suffisant. « Nous recevons de nombreuses menaces téléphoniques de la part des usagers. Ils disent que nous les avons poussés à donner leur sang, mais aujourd’hui qu’ils sont dans le besoin, on leur dit qu’il y a problème. Sous l’effet de la colère, le parent d’un malade mort suite au manque de sang pourra nous attaquer. Cela nous inquiète énormément », redoute l’agent à la blouse blanche. A l’en croire, si la situation perdure, la banque nationale de sang peut en faire les frais. Car, avec l’arrêt des prélèvements à Bouaké, c’est la quantité de sang qui entre dans les laboratoires de traitement qui se réduit. Du coté du bureau régional de l’Unads-Ci qui veut régler tous ces problèmes qui plombent le fonctionnement du Cts de la seconde ville du pays, il y a des efforts politiques à faire en vue d’une autonomisation. Pour Séka Arnaud, il est grand temps que Bouaké obtienne son propre laboratoire et autres équipements de traitement du sang. « Au niveau du bureau régional de l’Unads-Ci, nous conseillons en priorité l’ouverture d’un laboratoire de traitement du sang. C’est la seule condition pour mettre fin aux désagréments que tous vivent ici», croit-il. Il estime également que « le véritable problème, c’est la centralisation de tout à Abidjan. Pour une aiguille, on est contraint de se rabattre sur Abidjan. Il est impératif de décentraliser afin de permettre au Centre de transfusion de Bouaké de bénéficier d’une autonomie ».

Marcel Konan
Correspondant régional
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