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Politique Publié le mercredi 5 janvier 2011 | L’Inter

Indépendance - 50 ans après les indépendances - Taïwan - Côte d`Ivoire , 2 réalités

Le 07 août dernier, la Côte d'Ivoire célébrait, à l'image de la plupart des pays d'Afrique francophone, le premier cinquantenaire de son histoire. Pendant presqu'un an, l'Etat ivoirien a dégagé les moyens pour une commission spéciale, qui a préparé une fête chiffrée à des milliards de F CFA. Laquelle avait été prévue pour se prolonger dans le dernier trimestre de l'année écoulée si tout se passait très bien au niveau du processus électoral. La Côte d'Ivoire, hélas, ne se relèvera pas à l'issue de ces élections, qui l'ont replongée dans une profonde crise dont elle peine, à nouveau, à sortir. Au moment où de petit pays d'Asie font parler d'eux dans le monde, il est temps, face à des situations tirant le pays vers le bas, de se poser cette question: qu’avons-nous fait des 50 ans écoulés ? Pour répondre à cette préoccupation, prenons en exemple hors de l'Afrique, un pays qui a accédé à sa liberté dans la même décennie que la Côte d'Ivoire, en 1960, la Taïwan. Pourquoi la Taïwan ? Parce que cette île avait tout pour ne pas réussir. Ni surface (10 fois plus petite que la Côte d’Ivoire) ni stabilité (en conflit total avec le géant chinois qui lui refuse même le droit d’exister et la considère comme sa 23è province. Taïwan est régulièrement balayée par des typhons destructeurs qui font la une des informations mondiales. Taïwan a une population identique en nombre à celle de la Côte d’Ivoire avec une superficie 10 fois inférieure (36000 km2) à celle de la nation ivoirienne. Le pays n’a aucune ressource naturelle. Pas de cacao, pas de café, pas de pétrole, pas de coton,de palmier à huile ou d'hévéa. Rien de tout cela! Ce petit pays engloutit une grande partie de son économie dans l’armement pour ne pas faire pale figure devant la grande Chine. Eu égard à leurs richesses naturelles, entre la Côte d'Ivoire et la Taïwan, toute comparaison devrait paraître irraisonnée. Dix fois plus grande (322460 km2 de superficie), 1er producteur mondial de cacao, 3ème de café, la Côte d'Ivoire produit en outre des milliers de tonnes de graine de palme, du coton (105000 tonnes exportés en 2004), du coco, de l'hévéa, de la canne à sucre, de l'ananas, de la banane, des noix de cajou (235 000 tonnes) en plus des agrumes et fruits tels les mangues, les avocats, la papaye, les oranges etc., ainsi que les cultures vivrières. Notamment le mais (600 000 tonnes), le riz (700 000 tonnes), l'igname (5 millions de tonnes), le manioc (2 millions) etc. En plus de toutes ces dérivés de la terre, le sous-sol ivoirien est riche. La Côte d'Ivoire produit du Gaz naturel (1.3 milliard de mètres cubes selon les chiffres de 2004), du pétrole (57000 barils par jour en 2008, un peu plus selon des indiscrétions), sans compter l'or, le diamant, le fer, le manganèse exploités çà et là sur ce territoire de 19 millions d'habitants.
Le modèle taïwanais du dévelopepment
L'industrialisation rapide de Taïwan a entraîné depuis les années 60, une croissance rapide décrite comme le miracle taïwanais. En 2007, les services (secteur tertiaire) représentaient 71.1% du PIB, contre 27.5% pour l'industrie (secteur secondaire) et seulement 1.4% pour l'agriculture (secteur primaire). Ces trois secteurs emploient respectivement 57.9%, 36.8% et 5.3% de la population active (2007). L'industrie taïwanaise est principalement basée sur la haute technologie. Dont les secteurs importants comprennent la biotechnologie, les semi-conducteurs, l'ordinateur portable, les Smartphones, les communications et réseaux, le GPS, les photovoltaïques, la pétrochimie, les machineries, l'automobile etc.
L'évolution de la Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny était bien partie jusqu'en 1976. Avec un code d’investissement avantageux, une stabilité sans pareil sur le continent, ce pays s'est propulsé au premier plan économique de l’Afrique de l’Ouest. A peine une décennie après le décès, en décembre 1993 du ''vieux'', dénommé ''le sage'', les choses ont pris une tout autre tournure. Aucune visibilité économique. L'instabilité chronique alimentée par des coups d’Etat à répétition va engendrer la fuite des plus indécrottables investisseurs qui ont tenu haut ce territoire aux énormes potentialités. En 2000 (au lendemain du 1er coup d'Etat en décembre 1999), la plupart des secteurs industriels enregistrent des taux de croissance négatifs. En 2002 et en 2003, l’extraction du pétrole et les mines sont en hausse de 78,3 et 74,8%, puis de 3,5 et 10,7% en 2004 et 2005. En raison de la baisse de la consommation intérieure et des difficultés de transport pour l’exportation, le secteur industriel connaît à nouveau des difficultés en 2006. Tandis que les matériaux de construction augmentent de 25,7 et 26% en 2004 et 2005, malgré la crise qui affecte le pays. L’industrie agroalimentaire, qui regroupe principalement la minoterie, le décorticage du riz (rizeries), la transformation du café et du cacao, la production de sucre, les oléagineux, les conserves de poisson, les boissons et les huiles essentielles, subit tout particulièrement l’influence négative de la crise militaro-politique déclenchée en 2002. La part de ce secteur dans le PIB passe conséquemment de 21% en 2000 à 12,4% en 2005. Par ailleurs, avec l’intensification des troubles politiques à la fin 2004, le secteur secondaire a, dans son ensemble, payé un lourd tribut à la crise.
Résultat pour la Côte d’Ivoire
Le résultat n'est point reluisant pour la Côte d'Ivoire. Qui trainait, jusqu'en 2007, une dette publique estimée à 75,2% du PIB (produit intérieur brut) et une dette extérieure de 13,79 milliards de dollars (environ 6.895 milliards de F CFA) au 1er janvier 2008. Le PIB par an et par tête d'habitant ivoirien est évalué à 980 dollars, soit 490.000 F CFA, 35 fois moins que celui de Taïwan. 49% de la population vivent en dessous du seuil de la pauvreté. L'indice de pauvreté en Côte d'Ivoire (proportions de personnes en dessous du seuil de développement humain admis) atteint 40,3% en 2004, mettant le pays au 92e rang de 108 pays en développement. La Côte d'Ivoire reste donc pays à économie sous-développée. Cette pauvreté s'est fortement aggravée durant la période précédant la crise. L’indice de pauvreté est passé de 32,3% en 1993 à 36,8% en 1995. En 2003, il s'est situé entre 42% et 44,2% contre 38,4% en 2002. La hausse de cet indice en 2003 et en 2004 relèverait des déplacements internes des populations, des perturbations des systèmes de production et de commercialisation et de la dégradation des infrastructures sociales de base dans certaines régions. Les inégalités restent très marquées, et se sont accentuées en 2002. Les 10 % des plus riches cumulaient 36 % du revenu national contre 20% pour les 50% les plus pauvres. La Côte d'Ivoire reste donc l’un des pays les plus pauvres de la planète et également une contrée fragile au plan social. Les dépenses de santé ont représenté 0,9% du PIB en 2004, 0,8% en 2005 et 0,4% en septembre 2006.

Résultat pour Taïwan
Aujourd'hui, Taïwan est un pays développé à revenu élevé. Selon les chiffres du ministère taïwanais du Budget, de la Comptabilité nationale et des Statistiques, le produit national brut (PNB) devrait atteindre 14 459 billions (1 billion de dollars égal 1000 milliards de dollars taïwanais en 2011), ce qui est équivalent à un PNB par habitant de 20 332 dollars américains, soit 10.166.000 F CFA. Le PIB total s'élève en 2009 à 426 984 millions de dollars américains (statistiques FMI). L'équivalent de 213.492 milliards de F CFA, faisant de Taïwan la 24ème puissance économique du monde. En parité de pouvoir d'achat, son PIB par habitant est équivalent à celui de l'Union européenne. Selon le FMI, il devrait s'établir à 34.700 dollars américains ( 17.350.000 F CFA) en 2010, surpassant ainsi celui du Japon. En Taïwan, la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est estimée à 1.08%

Ces questions qui fâchent

Cette étude comparée de l'évolution de Taïwan, ce petit pays d'Asie sans ressources naturelles et de la Côte d'Ivoire, pays phare aux énormes potentialités d'Afrique occidentale, montre clairement le fossé existant entre les autres et le continent noir, 50 ans après les indépendances. Les Africains passent le clair du temps à résoudre des querelles interminables, tandis que, dans le silence, les autres marchent résolument vers le développement. Après, ce sont eux qui accusent ces autres de leurs problèmes. Le fait est marquant en Côte d'Ivoire où l'on passe le temps à se disputer sur le sexe des anges à propos de celui qui est élu président. Un président qui, de toutes les façons, ne diffèrera pas du précédent. Au lieu de pérorer sur des sujets qui ne changeront rien à la situation des Ivoiriens, il importerait de chercher à répondre à des questions plus importantes, qui semblent, hélas, fâcheuses pour certains. Pourquoi, dans ce pays de misère, les hommes politiques sont milliardaires? Pourquoi copier notre législation du travail sur celle d’un pays (la France) qui essaye de se débarrasser de la sienne? Pourquoi faire de notre fiscalité un handicap plutôt qu’un moteur? Pourquoi laisser le racket se propager partout alors que tous savent sa nuisance sur l'Economie et le train de vie des populations déjà malfamées? Rien ne dit que les autres sont à l'origine de nos malheurs. Ceux-ci trouvent racine en nous mêmes. Dans ces mentalités forgées à la facilité, le manque d’amour de la patrie, qui mène droit et tristement à la faillite sociale. Les taïwanais qui ont facilité les échanges, se sont donné une fiscalité simple et légère, des attraits financiers aux entrepreneurs et aux capitaines d’industrie. Ils se sont mis au travail pour sortir de la précarité. Mais avant tout, ils vouent un véritable culte à leur pays qu’ils aiment et honorent par-dessus tout. La véritable indépendance commence par là.
Félix D.BONY


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