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Politique Publié le vendredi 21 janvier 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Lettre ouverte à monsieur Laurent Gbagbo Marie-Laure AYÉ

‘’Laisser votre cœur vous parler loin des tumultes, des vociférations, loin des avis bien intentionnés…’’
Monsieur le Président, mon propos n’est ni de vous accabler, ni de vous jeter l’anathème encore moins de vous vouer aux gémonies. Vous l’êtes déjà assez comme ça pour que j’en rajoute une couche car, nos parents nous ont enseigné que : « l’on ne frappe pas un homme déjà à terre »! Non, mon inquiétude à moi, est de savoir comment vous voulez entrez dans l’histoire : par la petite ou la par la grande porte ?
En effet, Monsieur le Président, un homme qui, un soir du 1er août 1995, a écrit ces mots et je cite : « Mes condoléances à Joséphine. Arme-toi de courage car pour toi et les enfants, la vie continue.Quant à toi "John Pata ", tu n’as plus de problèmes.Tu nous les a laissés » dans le livre de condoléances ouvert à l’occasion du décès de votre regretté ami Jean-Pierre AYÉ ; ne peut pas être aussi mauvais, aussi fourbe qu’on le dit.Ce jour-là,vous vous êtes montré ni plus ni moins en Ami. Un ami, un véritable ! Une de ces amitiés dont nous languissons tous et après laquelle, nous courons, soupirons quelle que soit notre réussite sociale. Malgré vos différences, vos désaccords qui, au fil du temps sont devenus profonds, malgré vos joutes oratoires, vos échanges houleux, acides à la limite parfois de l’acceptable, habillé- je me rappelle comme si c’était hier- d’un ensemble boubou tout blanc, vous étiez parmi les premiers à être venus rendre vos hommages à un ami. Votre ami tombé les armes à la main. Parmi les fidèles des fidèles ! Vous le combattant, l’ami des heures de braise, l’ami de la détention à Séguéla avez eu la grandeur d’esprit de mettre ce qui, toutes ces années vous ont éloignés l’un de l’autre pour ne vous rappeler que des bons moments, de ce qui vous a lié au lieu de ce qui vous a éloigné et divisé.Ce jour-là, vous avez grandi dans mon estime et êtes monté d’un cran dans l’admiration d’une jeune fille dont le père un jour de chose discussion, lui a dit que vous étiez un frère, un ami…loyal! Il n’empêche que, pour avoir tenu tête et mis mon idole, l’icône des icônes Félix HouphoüetBoigny aux abois, je ne vous aimais pas beaucoup. Et, un jour, que j’étais en train de baver sur vous, déverser toute ma bile, cracher tout mon venin et mon ressentiment; je fus à mon grand étonnement reprise assez durement par mon père. Ebahie, par la violence de sa réaction, il me fit savoir que, malgré les trajectoires diamétralement opposées que vos vies et vos routes n’ont pas manqué de prendre ;vous les étudiants naguère frondeurs, contestataires au sang bouillant et bouillonnant, qui vous a valu à tous deux de faire connaissance avec Séguéla-lieu où l’on envoyait tous les "récalcitrants" pour un service militaire bien appuyé- puis, lui le futur indécrottable militant du PDCI-RDA et vous le farouche opposant ; vous étiez et resterez toujours des amis !Qu’un ami bien qu’il ne soit pas votre double, ne partageait ni certaines de vos convictions, vos idéaux, vos rêves encore moins vos principes méritait tout autant votre respect, votre estime, votre considération mais surtout et avant tout votre : « loyauté » ! Et, vous l’avez prouvé ce 1er Août 1995 !
Mais alors, que vous est-il arrivé en chemin ? Pourquoi sont-ils nombreux aujourd’hui ceux qui vous traitent de « boulanger » et qui disent que vous n’avez aucune parole ? Qu’est-il arrivé à ce monsieur qui, conscient des batailles futures qui seraient les siennes regrettait que son challenger, son rival, son adversaire, son "ennemi", son ami l’abandonne ainsi ! Qu’est-il arrivé à cet homme si plein de sollicitude pour la famille d’un ami qui n’a pas été toujours tendre avec lui ? Loin s’en faut ! Qu’est-il arrivé à cet homme si compatissant qui, n’a pas hésité un seul instant à mettre tout de côté : son orgueil, sa fierté, ses ressentiments, sa colère peut-être sa rancœur pour venir réconforter la famille de son plus farouche critique ? Un homme, cet homme qui, comme lui n’avait pas sa langue et sa plume dans la poche et qui refusait de le caresser dans le sens du poil alors que nombreux, étaient ceux qui le portaient aux nues ? Où était-il passé cet homme pour qui, sans même le connaître à l’époque, j’ai versé des larmes à la vue du fourgon cellulaire qui, le ramenait lui et d’autres à la MACA, après la fameuse marche du 18 Février 1991. Ils étaient nombreux ceux, qui à l’époque, disaient de vous que vous êtes un homme bon, plein de sollicitude, ayant le cœur sur la main, ne souffrant pas de voir la misère et la souffrance autour de lui, revenant toujours fauché, les mains vides pour avoir donné tout ce quil’avait sur lui comme argent à tous ceux qui lui rendait visite au siège du FPI. Quitte à emprunter, à s’endetter plus tard. Faisant de lui, un éternel fauché. Vous aviez et connaissiez alors la valeur du partage. Défendiez encore la cause de la veuve et de l’orphelin. Saviez ce qu’était la leçon du donner et du recevoir. Saviez ce qu’était l’amour avec un grand A. L’amour de l’autre. L’amour de son prochain. L’amour de son peuple !
Alors, combien de temps allez-vous encore fermer les yeux ? Fermer votre cœur ? Permettre que l’on assassine sous vos yeux votre peuple ? Alors, pendant combien de temps encore allez-vous laissez tuer, voler, tabasser, molester, assassiner,racketter, violer, corrompre, ruiner les entreprises en votre nom ? Combien de temps encore allez-vous les laissez opprimer, brimer, enclaver, martyriser, flageller votre peuple ? Combien de temps encore allez-vous laissez ce peuple, vôtre peuple mourir de faim, crier aux abois ? Pendant combien de temps encore, allez-vous laissez vôtre peuple mourir à petit feu sous vos yeux ne sachant plus à quel Saint se vouer ? Pendant combien de temps encore, allez-vous laisser vôtre peuple, vos "enfants" se déchirer, s’entre-déchirer, les familles se disloquer au nom de cet entêtement absurde? Pendant combien de temps encore allez-vous les laisser répandre leur fiel, leur haine et propager une guerre religieuse et fratricide qui pointent leur nez à l’horizon?Pendant encore combien de temps, allez-vous accepter que vôtre peuple agonise et se vide lentement de son sang sous vos yeux ?
Un peuple qui vous a tout donné ! Son corps ! Son sang ! Sa sueur ! Vous a tout abandonné : ses valeurs, ses principes, ses idéaux ! Son…âme !Un peuple qui, n’a pas hésité à donner sa poitrine pour vous. Un peuple, qui à votre appel en 2000, a accouru comme un seul homme offrir sa poitrine, ses enfants, son avenir aux balles et coups de canon de Feu Le Général Guéi, votre adversaire. Des corps sont encore dans la lagune pour témoigner de cette tragédie. Un peuple qui, vous a suivi dans votre croisade contre les nordistes ivoiriens, nos frères, "vos "frères, "vos" enfants ; les burkinabè et les maliens. Un peuple qui, est devenu nationaliste, extrémiste, xénophobe, raciste, intolérant, irrévérencieux à l’égard des autres peuples, certains Chefs d’Etat, personnalités, grands de ce monde pour vous faire plaisir. Un peuple qui, comme drogué, robotisé, lobotomisé a cru, gobé vos thèses, toutes vos thèses colonialistes, même plus les farfelues telles que : « la France, 5ème puissance mondiale attendait notre argent pour payer ses fonctionnaires » etc.Un peuple, qui pendant les évènements des 6,7 et 8 Septembre 2004, a une fois de plus offert sa poitrine, cette fois à l’armée française mais aussi ses prières pour vous sauver. Sauver vos vies. Vous et les vôtres !Vous et votre pouvoir ! Votre fauteuil, vos biens !
Des choix, des combats dont certains aujourd’hui,portent encore les stigmates sur leurs corps, dans leurs corps. Un peuple, qui malgré le scandale des déchets toxiques,de la filièrecafé- cacao, de la cherté de la vie, de vos voltes face quotidiennes n’a retenu de vous que l’homme qui, malgré le déclenchement de la guerre en 2002 est revenu dans son pays. Cet homme, qui a su tenir face à la grande France et humilié son président d’alors, Jacques Chirac. Cet homme, qui dit tout haut ce que tous les dignitaires de ce monde pensent et disent tout bas. Cet iconoclaste, frondeur, anti- conformiste.Cet homme qui, a su mettre après certes de longues et éprouvantes péripéties, son orgueil de côté pour accepter de faire d’un de ses "ennemi juré" son premier Premier Ministre. Un peuple qui, pendant de longues années de souffrances multiples a accepté que, vous continuez malgré tout à prendre son destin en mains. Une "offre", un "cadeau" qui a tout de même duré dix ans. Dix longues années!
Alors, en tant que digne héritier du Grand, de l’icône Félix-Houphoüet BOIGNY comme vous le prétendez et revendiquez, vous devez et pouvez entendre les cris, les pleurs, les lamentations, les désirs, les aspirations des vôtres. De votre peuple ! Pour cela, faites silence en vous-même, faites taire vos griefs, votre rancœur, votre fierté, votre orgueil pour écouter votre…cœur ! Laisser votre cœur vous parler loin des tumultes, des vociférations, loin des avis bien intentionnés, loin des stratèges et des lumières, des donneurs de leçons, les jusqu’aux boutistes, loin des vôtres (votre famille, vos proches, vos intimes, vos amis), de vos militants de premièreet de dernière heure, vos affidés, vos fans, vos "petits", vos protégés, vos détracteurs, vos ennemis, vos obséquieux, vos flatteurs ; votre cour ! Vous verrez ce que vous dit votre cœur. Puisque seul un cœur qui a fait "vœu de silence", un cœur bien disposé peut nous, vous faire prendre conscience de la réalité. Nous ramener les pieds sur terre. Nous faire prendre conscience de nos erreurs, nos échecs.Nous montrer notre part d’ombre et de lumière. Nous faire prendre conscience du bien et du mal qui existe en chacun de nous. Nous montrer nos petitesses, nos lâchetés!Nous montrer tel que nous sommes. Nous mettre à nu ! C’est là, et seulement là, que vous prendrez conscience que : « TOUT EST VANITÉ » en ce bas monde comme le dit L’Écclésiaste. Alors, la porte de la sagesse s’ouvrira grande devant vous et vous comprendrez que, le temps est venu pour vous de montrer et démontrer à tous vos détracteurs, à tout le monde que, Ce peuple-là, Vôtre peuple, vous l’aimez de toutes vos forces, de toute votre âme et comme Félix-Houphoüet-Boigny, je cite sans votre peuple, vous êtes comme un poisson hors de l’eau. C'est-à-dire mort parce que sans aucune raison valable de vivre, survivre ou même combattre !
C’est la condition sine qua non, qu’à ce prix, ce sacrifice ultime, que vous ferez votre entrée par la grande porte dans l’Histoire avec un grand «H». Le contraire, nous n’osons y penser ne fera nullement de vous un martyr comme le prétendent vos zélateurs. Non, vous serez simplement, l’homme qui s’appelait Laurent Gbagbo, un opposant brillant à qui, le monde souriait, ouvrait les bras et que tout un peuple même s’il ne l’aimait pas, admirait, estimait, respectait et qui a fini comme un …dictateur !Un illuminé ! Un potentat qui a connu la fin réservée à ceux de sa race ! Alors, M. le Président, L’historien que vous êtes doit faire le bon choix car les hommes ont et peuvent avoir la mémoire courte mais jamais l’Histoire ! Mais aussi et surtout, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de gloire pour un combattant de finir aussi… piteusement!

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