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Politique Publié le jeudi 10 mars 2011 | Nord-Sud

Massacre de femmes à Abobo / Les confidences de proches de victimes

La mère de Koné Mayamou et l’époux de Coulibaly Fatoumata, deux des sept femmes tuées par des soldats pro-Gbagbo lors d’une marche à Abobo, évoquent ici les derniers jours des défuntes. Et, donnent leur sentiment relativement aux propos qui qualifient ces crimes de montage.

La mère de Koné Mayamou :“La vérité se manifestera”

Avez-vous vu votre fille avant qu’elle ne se rende à la marche ?
Oui !

Y étiez-vous vous-même ?
Non !

Quelles sont les dernières paroles que vous avez échangées ?
Nous avons causé. Je lui ai fait des bénédictions afin qu’elle me revienne saine et sauve.

Comment avez-vous appris ce qui s’est passé à la marche ?
Sa camarade (celle de la victime, ndlr), celle qu’on voit crier à côté d’elle dans la vidéo, a eu peur de me le dire. Elle n’est pas revenue tôt de la manifestation. L’un de mes petits frères qui s’y trouvait à accouru pour venir à la maison. Il m’a dit : « Maman de Mam, où se trouve ta fille ? » Je lui ai répondu que Mam est allé à la marche. C’est alors qu’il m’a dit : « Mam est parti. C’est son sang qui a entaché ainsi mes vêtements ». Je lui ai dit que ça ne pouvait pas être vrai. Il m’a dit que si. Et, qu’elle était morte entre ses mains (Koné Mayamou est donc décédée sur le champ et non à l’hôpital général comme une erreur nous l’a fait écrire, hier, ndlr). Il a ajouté qu’il a essayé de la relever mais qu’elle pesait trop lourd pour lui. C’est ainsi qu’il l’a reposée par terre et a couru pour venir m’informer. Prise de panique, je me suis évanouie. Lorsque j’ai retrouvé mes esprits, j’étais avec ma mère que vous voyez-là. Je n’y croyais toujours pas. Je voulais la voir moi-même. Quand je me suis rendu sur les lieux, j’ai constaté que c’était malheureusement la vérité. Le corps a été conduit à l’hôpital général avant d’être conduit au Chu. J’ai tenu à faire des prières pour le repos de son âme.

Quel souvenir gardez-vous de votre fille ?
Elle était un véritable soutien pour moi. Elle m’a beaucoup aidée. C’est ma première fille. Je ne pourrai faire subir à aucun autre de mes enfants ce que je lui ai fait connaître. Qu’elle me pardonne. Même lorsque ses camarades faisaient un uniforme dans le quartier, elle n’en achetait pas. Elle se privait de tout plaisir personnel. Nous utilisions son argent pour la nourriture. La cour dans laquelle nous sommes présentement appartient à mon père. Il y a onze ans que le père de Mayamou est décédé. Ses oncles nous ont abandonnés. Nous sommes retournés chez ma mère, Mariam Konaté. Mon père, Seydou Bamba est mort à Williamsville. Il est décédé alors que j’étais encore en veuvage. La dernière fois que mon géniteur et moi nous sommes vu, c’était lors des sacrifices suite au décès de mon mari. J’avais cinq enfants dont Mayamou. Je n’avais aucun moyen pour subvenir à leurs besoins. C’est celle qui m’aidait. (Sa gorge se noue d’émotion. Elle poursuit). Je ne verserai pas de larme pour sa mort. Le faire serait salir sa mémoire.

L’enterrement a-t-il déjà eu lieu ?
Non. Il nous a été demandé d’attendre (ndlr, les responsables du Rhdp selon nos informations). Sinon, le certificat de décès a été établi.

Que répondez-vous à ceux qui disent que la mort de votre fille est un montage ?
J’ai vu ma fille. Elle a pris deux balles. L’une ici (elle montre son ventre) et l’autre là (elle indique son coup). Si c’est vrai, ça se saura. Si c’est un faux, ça se saura également. Chaque chose en son temps.

Propos recueillis par Bamba K. Inza
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