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Politique Publié le jeudi 17 mars 2011 | Le Temps

Que les Ivoiriens restent forts pour empêcher le syndrome tchadien

Notre contribution à cette lutte africaine, au plus fort de cette crise, avait déjà mis en garde contre la réalisation diabolique de ce que nous pouvons appeler le syndrome tchadien. Notre analyse comparative n’a rien de fortuit, tant les similitudes restent têtues et avérées. De l’opération Epervier, secondée par l’opération Manta, qui avaient fait leurs prouesses depuis les grottes du Tibesti, à l’opération Licorne au bord de la lagune Ebrié, les faits et les personnages n’ont pas changé. Seulement, il y a quelque chose que les commanditaires de ces rébellions n’ont pas prévu : la résistance. Cette résistance qui, malgré la détermination des fauteurs, ne désarme pas, déroute complètement la France qui se sent maintenant obligée d’agir à visage découvert en utilisant les forces de l’Onu dont la mission première est la paix et la sécurité internationale. La résistance ivoirienne est un acte historique qu’il faut soutenir. Notre expérience d’avoir vécu les affres d’une rébellion, doit servir de lanterne à cet innocent peuple de Côte d’Ivoire si pacifique, qui a reçu le monde entier sur son sol. Même à votre ennemi, vous ne pouvez souhaiter qu’une rébellion prenne le pouvoir dans son pays. Voici les raisons pour lesquelles les Ivoiriens ne doivent pas laisser une rébellion, d’où qu’elle vienne, quelle que soit la pertinence de leurs revendications et quels que soient ses commanditaires, prendre le pouvoir dans leur pays.

L’équilibre nord-sud vu par les rébellions francophones

De nos connaissances de l’histoire des rébellions francophones, nous retenons une caractéristique qui leur est commune : la terreur. Cette terreur qui s’intensifie systématiquement sur l’ensemble du territoire, s’appuie sur ce justificatif – leur cheval de bataille : le Nord du pays est exclu, marginalisé et défavorisé par le régime en place, et c’est la faute des gens du Sud du pays. Il faut donc rétablir l’équilibre. C’est cette méthode que Hissein Habré a utilisé lorsqu’il est arrivé au pouvoir.
Avant d’arriver au pouvoir, la rébellion, aidée de son commanditaire – l’Elysée, qui connaît parfaitement l’administration du gouvernement au pouvoir, confectionne une liste dite ‘’liste noire’’ des cadres et hauts responsables du pays qu’il faudra éliminer physiquement dès son installation à la magistrature suprême. Cette liste comprend les hautes personnalités du gouvernement combattu, les hauts responsables des Institutions étatiques comme la Douane, le Trésor, les officiers supérieurs de l’armée, la gendarmerie, la police, les magistrats, les juges, les citoyens financièrement émergeant comme les commerçants, les hommes d’affaires, les médecins, les écrivains, les personnels de l’enseignement supérieur (Université) comme les doyens de facultés, …toutes les personnes ressource du pays. Ceux-ci tués, seront remplacés par des illettrés, des analphabètes, qui ne sont pas forcément des personnes natives du pays. Nous avons encore en mémoire que le Tchad de Hissein Habré a été gouverné huit (8) années durant par des analphabètes. Nous avions connu des ministres et Directeurs de société illettrés tenir leur poste gagné au prix de la kalachnicov, au grand dam de personnes indiquées, obligées de faire valoir leur titre ailleurs, si elles n’ont pas été tuées.
Mais l’équilibre Nord-Sud vu par les rébellions francophones ne s’arrête pas à la seule élimination physique des cadres et personnes ressources. Cette action macabre va jusqu’en zone rurale où des villages sont incendiés en séries, des récoltes brûlées ou emportées. Cette terreur qui peut durer deux à trois ans va se poursuivre sur les frontières des pays limitrophes où des camps de fortune pour réfugiés sans abris sont saccagés, laissant des cadavres…non enterrés.
Pendant que tout cela se passe au vu et au su d’une communauté internationale qui n’existe que de nom et dont le silence est plus que complice, les populations qui ne savent quoi faire sont contraints à la résignation, se taisant sur les atrocités que sont les tortures subies par de nombreuses victimes dans des prisons spécialisées.

Comment les détenus arrivent-ils dans ces prisons ?

Les personnes détenues parviennent dans ces prisons à la suite d’informations données par des agents de renseignements présents dans tous les secteurs d’activités et de la vie professionnelle et sociale. C’est un système très sophistiqué de quadrillage de la population qui permettait d’avoir des informations sur n’importe qui dans le pays. Les animateurs de ce système, de véritables indicateurs, peuvent être des chauffeurs de taxi, des vendeurs ambulants, des prostituées. Même auprès des responsables des administrations, il y avait des indicateurs parmi les balayeurs. Les lieux publics comme les marchés. Les hôtels, les restaurants avaient leurs indicateurs parmi les serveurs. Jusqu’au domicile privé des hauts cadres, les garçons ou les filles de ménage sont des correspondants de cette police politique qui s’est rendu coupable de crimes abominables.

Attention au délit de patronyme.

Dans le système éducatif, la méthode n’a pas épargné les examens, les concours et les recherches d’emploi ainsi que les agréments d’affaires. Il faut avoir un nom à consonance nordique comme Mahmat, Moussa, Souleymane, Aïcha. J’ai encore en mémoire les causes de l’échec de mon frère au Baccalauréat, lorsqu’il lui a été demandé de changer son nom de sorte que cela sonne arabe ou nordique.
Cet équilibre Nord-Sud que prônent les rébellions francophones est la dernière opération que la rébellion a programmée. Mais si les Ivoiriens sont bien observateurs, la plupart des sociétés françaises implantées sur leur sol pratiquent déjà cet équilibre Nord-Sud, et cela, depuis à les trois gouvernements de transition que la Côte d’Ivoire a connu de 2002 à 2010. Si les Ivoiriens ne veulent pas voir leur pays dirigé par des analphabètes, alors qu’ils restent sereins pour barrer définitivement la route à toute rébellion, d’où qu’elle vienne et quelle que soit la pertinence de ses revendications. L’Afrique a besoin de gérer elle-même ses richesses pour le bien- être de ses populations.

Par Allangomadji Hony
Sga – Communauté tchadienne de Côte d’Ivoire
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