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Politique Publié le mercredi 23 mars 2011 | Le Patriote

Cheikh Tidiane Gadio (ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères) : “Gbagbo doit accepter de se retirer dans l’intérêt supérieur de son propre pays”

Dans l’entretien qu’il a accordé à radio France internationale (RFI), le président du Mouvement politique citoyen, Cheikh Tidiane Gadio, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal condamne les massacres du guide libyen et parle de l’échec de l’U.A et de la CEDEAO dans la résolution de la crise postélectorale.

Question : qu'est-ce que vous pensez de cette action militaire internationale contre le régime de Kadhaffi ?
Cheikh Tidiane Gadio : la Résolution 1973 prise pas les Nations Unies me semble être pertinente en ce sens que je ne partage pas une certaine hypocrisie de ceux qui voulaient qu’on arrête les massacres en Libye et que les chars de combat de l’armée libyenne n’entrent pas à Benghazi et en même temps ne sont pas d’accord que les Nations Unies ait pris à travers la Résolution, la responsabilité d’arrêter ces chars de combat. Personnellement, je pense qu’il n’y avait pas de choix, et que maintenant on est dans une situation où il faut extirper le plus rapidement possible le peuple libyen de cette situation

Q : donc jeudi dernier, si le Sénégal avait siégé au Conseil de Sécurité, vous auriez conseillé, le président Wade de voter pour la Résolution ?
C.T.G : je serais même allé plus loin, en demandant que les États Africains prennent l’initiative de cette résolution. Vous savez, la responsabilité de protéger n’est pas seulement l’apanage des occidentaux. L’Union Africaine a montré ses limites historiques, cette organisation n’est pas capable de protéger les populations, le problème est que les États africains prennent une fois l’initiative et ne pas être à la remorque des pays occidentaux.

Q : beaucoup de chefs d’États ont bénéficié des largesses et de la générosité du guide libyen. N’est pas pour cela qu’ils sont si indulgents ?
C.T.G : c’est un peu ça, mais c’est surtout le fait que beaucoup ont du respect pour la mémoire historique. Kadhafi n’est pas un tout positif ou un tout négatif. Je dois dire qu’il a beaucoup fait pour la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Contrairement à ceux qui pensent aux pétrodollars que Kadhafi aurait donné à un certain nombre de Chefs d’État, je pense que ça va au-delà de ça, ces chefs d’État sont très embarrassés aujourd’hui. Ils ne sont pas d’accord avec la réaction brutale du régime libyen, mais par rapport au mouvement citoyen libyen, ils doivent prendre l’initiative, ils doivent très rapidement se rendre en Libye, demander un cessez-le-feu et parler à leur frère Kadhafi, lui demander d’engager les reformes nécessaires. Je crois que les chefs d’État africains sont les mieux indiqués pour prendre le relai.

Q : ce que vous souhaitez, ce n’est pas la chute du régime Kadhafi, mais plutôt une solution politique ?
C.T.G : il faut absolument une solution politique en Libye, je pense que des chefs d’États ou des personnalités comme Obasanjo, Koffi Annan, Amar Moussa… pour qui Kadhafi a beaucoup d’estime, sont plus indiqués pour aller parler au président Kadhafi.

Q : est-ce que l’Union Africaine a mieux joué en Côte d’Ivoire qu’elle ne joue aujourd’hui en Libye ?
C.T.G : oh la-la ! La Côte d’Ivoire est un désastre pour l’Union Africaine, comme la Libye est un cas d’embarras total pour elle. Mais, la Côte d’Ivoire appelle un autre commentaire. Celui du deux poids deux mesures. Pourquoi la Côte d’Ivoire n’a pas sa Résolution 1973? Pourquoi on s’est empressé d’aller protéger les populations innocentes en Libye et non pas les populations innocentes qui sont tuées au quotidien en Côte d’Ivoire ? Plus grave, c’est que la Côte d’Ivoire abrite une mission des Nations Unies fortes de milliers d’hommes armés jusqu’aux dents. Mais, cette mission ne peut protéger les populations civiles innocentes. On parle de 600 morts, si on n’y prend garde on va atteindre les 60 mille morts et même au-delà ? Je pense que la CEDEAO n’a pas réussi, l’UA a échoué, mais les Nations Unies aussi. Alors, je pense que ces deux pays africains sont dirigés par des chefs d’’Etat que nous appelons les compagnons historiques que sont Kadhafi et Laurent Gbagbo. Malheureusement, ce sont ces compagnons historiques qui sont en train de plonger leur pays dans un désastre sans précédents. Laurent Gbagbo doit dans un sursaut d’orgueil patriotique accepter de se retirer dans l’intérêt supérieur de son propre pays.
Propos retranscrits par Moussa Keita
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