Cambriolage du Musée des civilisations d’Abidjan : Des œuvres d’art d’une valeur de plus de 2 ,7 milliards volés

La bataille d'Abidjan a fait une étonnante victime. Le Musée des Civilisations d’Abidjan- Plateau a été le théâtre d’un important pillage, lors de la crise postélectorale qui a touché le pays dans le mois d’avril dernier. Quelques 80 objets ont été dérobés pendant les combats opposant les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) aux mercenaires et miliciens de Laurent Gbagbo ; ces derniers qui ont copieusement pillé tout sur leur passage. La perte est estimée à six millions de dollars (4,2 millions d’euros) soit exactement 2 milliards 751 millions de Francs CFA. Parmi les objets dérobés, des sculptures, des masques et des colliers en Or. Construit par la France lors de la période coloniale, le Musée des Civilisations en plein cœur d'Abidjan rassemble des trésors historiques. Parmi les objets volés, des bijoux royaux, des masques, des sculptures et des objets d'arts religieux traditionnels, dont certains datent du XVIIe siècle. Six boîtes miniatures, 35 pendentifs en Or, 12 colliers traditionnels, un sabre royal et une coiffe royale Akan manquent notamment à l’appel. Mais plus encore, il s’agit là d’une disparition symbolique, car ces objets témoignent de l'histoire précoloniale du pays, une période bien souvent oubliée et dont ces œuvres d’art constituent les rares témoins. Sylvie Memel Kassi, Directrice du Musée interrogée s'inquiète: « Avec ce vol, nous craignons qu'une part de l'Histoire de la Côte d'Ivoire soit effacée. Pour un pays comme la Côte d'Ivoire, qui en ce moment, a un fort besoin de réaffirmer son identité, de redécouvrir ses propres valeurs, c'est vraiment une perte tragique », déplore elle.
Une enquête a été diligentée. Les autorités du musée ont également sollicité l'aide d'Interpol pour faire la lumière sur ce vol.
La première piste, selon Djowa Zoko, le Conservateur du musée : l’acte de vandalisme ne serait pas le fait de brigands amateurs, mais bien de « professionnels ». « Ceux qui sont venus étaient des spécialistes, parce qu'ils savaient exactement ce qui était essentiel ». Ce que confirme la directrice du Musée : « les portes n'étaient pas ouvertes de force et à voir la façon dont les objets ont été pris sans casser le verre ... ce sont des spécialistes qui savaient ce qu'ils faisaient.»
Jean- Antoine Doudou (Source JA)