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Société Publié le samedi 6 août 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton Guérir la rumeur

Il y a plus de vingt ans de cela. Un auteur camerounais avait publié un livre sur les rumeurs en Afrique. Il justifiait l’origine et les causes des rumeurs en Afrique. Pour lui, les Africains vivaient autrefois dans les villages. Dans un village, chaque habitant connaît ce qui se passe dans la case de l’autre. Dans un village, tout le monde a la même information et au même instant. On ne se cache rien. Avec les villes, selon donc l’auteur camerounais, les Africains se sentent perdus. Ils ne savent pas ce qui se passe chez le cousin ou l’ami qui vit à des dizaines de kilomètres de chez lui. Alors, il invente, il imagine. A l’époque, je croyais à ces propos. L’Europe connaissant aussi la rumeur, ce n’est donc pas une question de village.

Peut-être que le villageois est encore plus juste dans le discernement que l’homme de la ville qui est encore plus perdu dans un climat d’insécurité, de difficultés de toutes sortes. Tous les pays du monde vivent au rythme de la rumeur. Aucun démenti ne semble pouvoir arrêter les fausses rumeurs de se répandre. Il y a près de trois ans que j’ai déposé un manuscrit chez un éditeur. Il est intitulé : « Le jour de demain. » Il est la suite de mon roman : « Et pourtant, elle pleurait. » Le sous-thème de ce roman est la rumeur. Comment elle part, comment elle se propage et devient une vérité. J’espère qu’il sortira avant la fin de l’année. Mais, comment guérir la rumeur ? Voici la vraie question. On a vu que plus on explique aux gens qu’ils se trompent, c’est comme les pousser à croire, à ce qu’ils ont entendu dans la rue. Inutile de se fatiguer de chercher à convaincre les convaincus de la rumeur tant qu’ils ne seront pas des habitués de la pratique des cinq genres de lecture qui vont les soustraire de la passion de la rumeur. Il n’y a pas d’autres solutions que la lecture au risque de me faire prendre de haut par des économistes ou autres banquiers. L’homme n’est pas un chiffre. Des esprits suffisamment éclairés ont proposé cinq genres de lecture pour faire de nous, des êtres complets et équilibrés mentalement. C’est mon combat permanent que j’ai mis dans un livre : « La puissance de la lecture. » La lecture est la plus grande puissance au monde. Elle est donc de cinq genres. 1- La lecture dite d’information. Tout citoyen doit lire chaque jour, deux ou trois journaux. Se contenter d’un seul, c’est être unijambiste. Dans un journal, selon André Maurois, les articles importants, indispensables, qu’on doit absolument lire sont les éditoriaux et les chroniques. Les autres articles peuvent se lire rapidement et même être survolés. Ne pas se contenter de quotidiens mais aussi des hebdomadaires même internationaux. Tout citoyen à ce niveau de lecture n’est plus au même niveau que l’abonné à la tritologie. 2- La lecture de distraction. Quels délices de se procurer deux ou trois livres dans le mois de tout ouvrage contemporain ! Ne pas le faire, c’est être un manchot. Ce manque de lecture diverses et variée est la conséquence, par exemple, que des hommes ne savent pas aimer n’ayant jamais lu des livres sur le couple. Pas d’argent pour acheter deux ou trois livres dans le mois. C’est un refrain connu. Mais, il y a beaucoup d’argent pour d’autres choses futiles.

Faut-il distribuer gratuitement : « Kaïdara », d’Ahmadou Hampaté Ba à tous les habitants du pays pour qu’ils comprennent enfin que, c’est du savoir et de la connaissance qu’on peut arriver à l’argent et au pouvoir. En faisant le contraire, on va vers l’abîme et en entraînant des personnes. 3- La lecture d’acquisition. C’est tout ce qu’on apprend et qu’on acquiert sur les bancs des écoles. Ce sont nos diplômes et nos qualifications. En restant à ce niveau il est évident qu’on serait une proie facile pour la rumeur. Être agrégé ne vous fait pas échapper. 4- La lecture de ravissement. Ce sont les livres qui ont été consacrés par les siècles. Ne pas lire dans sa vie au moins une centaine de ces grands auteurs que le monde a chantés pendant des siècles est une faute. Une très grande. L’humanité ne saurait se passer de Cervantès, de Molière, de Victor Hugo, de Tolstoï et des centaines d’autres.

Comment connaître l’âme humaine sans la fréquentation de Balzac ? 5- La lecture d’élévation. A mon avis, c’est la plus importante. Elle concerne tout ce qui est spirituel.

Comment vivre une vie apaisée et ne pas courir derrière la fausse information quand on ne fait pas de Dieu notre informateur au quotidien ? Il ne s’agit pas d’aller tous les dimanches dans une église, mais de lire chaque jour la Bible. Ce qu’on dit sort, ce qu’on lit reste. Ce manque de lecture d’élévation explique en grande partie, les rackets, la corruption. Ceux qui s’y adonnent ne savent pas qu’ils amassent des pierres pour leur tombe. Dieu fait tout payer tôt ou tard et même sur des générations. L’avidité des gens pour les postes et leur rapacité au gain facile s’expliquent par leur vide complet du manque du cinquième genre de lecture.

Voilà la seule clé de la guérison. En ne possédant pas ces cinq vertus, les gens s’adonneront à l’amour de la rumeur. Le drame de l’Afrique reste ce bon de l’oralité à l’image en sautant des siècles du livre et de la lecture. « Mon peuple périt faute de connaissance. » L’apôtre a dit : « Attache-toi à la lecture. » Ainsi va l’Afrique.
A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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