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Politique Publié le mercredi 17 août 2011 | Le Nouveau Réveil

Justin Doua Goré : “En attendant… Gbagbo comme en attendant Godot !”

Le drame existentiel que vivent certains de nos compatriotes depuis la capture de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, fait penser à la pièce En attendant Godot de Samuel Beckett. Dans la célèbre pièce de théâtre, il s'agit de deux vagabonds, Vladimir et Estragon, qui se retrouvent, dans un non-lieu (" route de campagne avec arbre ") à la tombée de la nuit pour attendre Godot. Cet homme riche- qui ne viendra jamais- leur a promis qu'il viendrait au rendez-vous. Sans qu'on sache précisément ce qu'il est censé leur apporter, il représente pour eux un espoir de changement. En l'attendant, les deux amis tentent de trouver des occupations, des distractions pour gérer le temps. Mais le temps passe et des inquiétudes naissent : Est-ce le bon endroit ? Peut-être est-il passé ? Quand viendra-t-il ? Que faire en attendant Godot ? C'est le doute et le questionnement. Et arrive un enfant qui les informe que Godot ne viendra que le lendemain. Les analystes inscrivent cette pièce dans le courant de l'absurde. Attendre Godot, c'est espérer que cela va changer quelque chose dans leur vie ; mais Vladimir et Estragon n'ont pas la lucidité nécessaire pour comprendre que cet espoir est vain, absurde et ridicule. En effet, depuis le 11 avril 2011, et ce malgré la succession d'évènements qui crèvent les yeux, nos compatriotes, militants de La (défunte) majorité présidentielle, ne cessent de croire à un retour de leur patron (je dirais plutôt leur gourou) au pouvoir. Tout a commencé par cette histoire de trente-troisième jour après la capture de leur chef. Le peuple a retenu son souffle. Mais il n'est pas venu, et rien ne s'est passé. Il y a eu ensuite le grand typhon qui devait tout ravager, surtout à Yamoussoukro le 21 mai 2011, jour de l'investiture du président Alassane Ouattara, et Gbagbo devait descendre du ciel de Yamoussoukro pour reprendre son fauteuil. Dieu n'a-t-il pas fait ce fauteuil pour lui ? Ma tante et ma sœur m'ont déconseillé vivement d'aller à Yamoussoukro. J'y étais, et l'investiture a eu lieu dans une liesse populaire. Gbagbo n'est pas descendu et nous sommes revenus à Abidjan. Et enfin, il y a eu l'ouragan qui devait faire trembler la Côte d'Ivoire du 01 au 06 août dernier, avec pour clou des évènements, le 07 août 2011, jour où Gbagbo que certains disaient être déjà à Abidjan, quelque part à Yopougon (il ne pouvait en être autrement), allait sortir d'un non-lieu comme la " route de campagne avec arbre " pour reprendre son fauteuil. Tandis que d'autres disaient qu'"il est assis à Korhogo, ses gars sont au Ghana, ils vont venir le 1er août 2011, Malachie a dit ça, cette fois-ci avec l'armée céleste et l'éternel des armées pour libérer le pays. C'est après ça que ça va finir". Et c'est là que se trouve toute l'absurdité de l'attente de nos "Malachiens et Malachiennes", la futilité de leur existence de militant de Lmp, et le drame qu'ils vivent. Comment Gbagbo aurait-il procédé pour se retrouver à Yopougon ? Comment aurait-il pu sortir de Korhogo pour descendre à Abidjan ? Comment l'armée si puissante qui se prépare au Ghana aurait-elle coordonné ou harmonisé avec l'armée céleste pour se retrouver à Abidjan, comme un couteau dans du beurre ? Pensent-ils que Ouattara est aussi négligeant que leur gourou pour se laisser surprendre ? Tout se passe comme si certains de nos compatriotes avaient abandonné leur capacité d'analyse et leur pouvoir de discernement dans les mains de Gbagbo, ses idéologues et ses prophètes. Quand viendra Gbagbo ? Comment ? Par la " route de campagne avec arbre " ? Avec qui ? Pour quoi faire ?
En attendant… Gbagbo, la direction du FPI se trouve dans un non-lieu comme le siège du non-sens qu'ils avaient appelé Cnrd. En attendant…Gbagbo (le père protecteur), la direction du Fpi se retrouve à errer sur la route de Daoukro, à la recherche de l'oncle, jadis vilipendé, mais désormais plus conciliant, pensent-ils, que l'oncle fouettard du bord de la lagune.
En attendant… Gbagbo, des centaines de milliers d'Ivoiriens se retrouvent à vagabonder, comme Vladimir et Estragon, dans les pays de la sous région, à la merci de la faim, de la maladie et des amateurs de filles de joie (au Ghana, on appelle les Ivoiriennes One Cedi Girls, c'est-à-dire les filles qui coûtent un Cedi, soit 300 Fcfa la passe)
En attendant… Gbagbo, les militants de Lmp (Malachiens et Malachiennes) sont là, réduits à avaler les rumeurs comme des gamins. Malachie est devenu pour eux ce qu'est l'enfant dans la pièce de Beckett, l'annonciateur d'une arrivée qui n'a jamais lieu. Dans son premier discours à l'Assemblée nationale en 2001, monsieur Mamadou Koulibaly avait dénoncé ce qu'il croyait être l'infantilisation des Ivoiriens par le Pdci. Comment qualifie-t-il aujourd'hui l'état de dépendance pathologique dans lequel le Fpi et ses idéologues ont mis, en dix ans, certains de nos compatriotes ?
En attendant… Gbagbo, les autres partis préparent les élections législatives et peut-être que le Fpi ne participera pas à ces élections, puisque Gbagbo va tout reprendre quand l'armée céleste va le réinstaller dans son fauteuil.
En attendant… Gbagbo, les Ivoiriens sérieux et conscients de l'état de délabrement de notre pays doivent se mettre résolument au travail pour confondre les pessimistes et les victimes de sinistrose. Gbagbo, comme Godot, ne viendra pas. Toutefois, au-delà du ridicule et de la vanité de l'attente, les rumeurs véhiculées, certainement par certains cadres de Lmp, doivent nous interpeller. Il s'agit d'une élaboration bien structurée (coïncidence avec chaque évènement qui doit montrer que notre pays renaît) et bien distillée (quoiqu'ils n'aient plus d'agoras) qui doit retenir notre attention, parce que nocive. Après leur défaite électorale et militaire, les dirigeants de Lmp n'ont-ils pas décidé de faire ce que mon grand frère Kah Zion a appelé dans un de ses éditoriaux "une guerre psychologique aux Ivoiriens ?" Ces rumeurs sont en réalité une photographie de l'état d'esprit des cadres du Fpi, au-delà des bonnes dispositions qu'ils affichent. En politique, il n'y a pas de rumeur fantaisiste. Ici, il s'agit d'un processus de construction sociale, un outil stratégique utilisé en cette période post-crise, période d'anxiété, pour submerger les militants, susciter l'émotion collective et l'espoir chez eux et espérer les embraser en temps opportun. IL s'agit aussi d'un outil de déstabilisation parce que les Ivoiriens se couchent trop tôt, sortent trop tard de chez eux pour aller vaquer à leurs occupations ; quand ils ne quittent pas carrément Abidjan. Les investisseurs peuvent hésiter à cause des incertitudes que font planer les rumeurs.
Comment guérir nos compatriotes " Malachiens et Malachiennes" ? Que faire ? Le gouvernement a en mains des remèdes pratiques que voici :
- La réorganisation de l'armée : Gbagbo et ses experts avaient compris l'invitation du petit à " clôturer la Côte d'Ivoire " au premier degré. Comme Kah Zion l'a dit dans un autre éditorial le Président Ouattara vient de clôturer notre pays avec les dernières nominations dans l'armée, la gendarmerie et la police.
- Continuer de rassurer les militaires et civils exilés pour qu'ils rentrent participer à la reconstruction.
- Rechercher cet imposteur de Malachie et le traduire devant les tribunaux.
- Démarrer les chantiers du programme gouvernemental, améliorer le quotidien des Ivoiriens, et créer des emplois pour les jeunes.
- Accélérer les procédures engagées contre les barons de l'ancien régime afin que ceux qui doivent être condamnés le soient et que les innocents soient libérés.
- Engager au plus vite les procédures contre l'ex-chef d'Etat et le mettre à la disposition de la justice nationale et internationale. Lorsque les partisans de Charles Taylor l'ont vu, à La Haye, en chemisette et menottes aux poignets comme un vulgaire criminel, ils ont compris que le puissant " war lord " (Seigneur de guerre) n'était plus que l'ombre de lui-même. Lorsque les militants du Mlc, aussi hargneux et violents que ceux du Fpi, ont vu J.P. Bemba dans un petit box de La Haye, ils ont compris que s'en était fini pour le richissime ex-rebelle et ex-vice-président, et que le parti devait continuer de vivre sans lui. C'est à ces conditions que les idéologues et prophètes du Fpi arrêteront de torturer nos compatriotes et saper nos efforts de reconstruction.
Justin DOUA GORE
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