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Économie Publié le mercredi 28 septembre 2011 | Nord-Sud

Transport urbain : 3 mois après l’arrivée des bus de la Sotus

San Pedro : les usagers rient, les taximen pleurent


Les populations de la petite ville portuaire accueillent les bus de la Société de transport de San Pedro (Sotus) avec soulagement. Mais, la situation n’est pas du goût des chauffeurs de taxis qui regrettent une concurrence déloyale.


Il est 6 heures 30, ce jeudi à San Pedro. Des élèves, massés au lycée municipal de la ville au quartier Dafci, attendent des moyens de transport pour se rendre aux épreuves écrites du Baccalauréat. Quelques taxis communaux qui arrivent ne parviennent pas à les absorber tous, en ce temps pluvieux. Dans leurs discussions, il ressort que ces candidats composent au lycée moderne Inagohi à l’autre bout de la ville. Un autobus arrive. Il porte le numéro 05. L’autocar est aussitôt envahi par les apprenants. « Heureusement que le bus est là, sinon on allait durer ici », fait remarquer l’un des candidats. Le mastodonte avale aussitôt la cinquantaine de personnes regroupées sur place. A bord du véhicule de la Société de transport urbain de San Pedro (Sotus), le receveur distribue des tickets moyennant 200 Fcfa. « Toutes les lignes sont à 200 Fcfa. Le terminus du bus 05, c’est le lycée Inagohi au quartier Lacs», répète-t-il aux passagers qui montent. Pendant que nous avançons, des passagers montent quand d’autres descendent. Entre-temps, les commentaires vont bon train. «Maintenant entre Abidjan et San Pedro, il n’y a plus de différence. Ils ont leurs bus, nous aussi on a nos bus», se satisfait un usager.

Des tarifs attractifs
Son voisin de voyage ajoute : « le bus nous arrange pour les longues distances. Au lieu de 400 Fcfa pour aller de Dafci au Lycée Inagohi en taxi, aujourd’hui avec 200 Fcfa, nous faisons le même trajet». A l’arrêt de la pharmacie Madou, le mastodonte est bourré. Comme à Abidjan, le conducteur brûle l’arrêt. Cela provoque la colère des passagers qui avaient là leur destination finale. Mais surtout ceux qui attendent à cet arrêt depuis le matin. «Chauffeur, on descend ! », crient-ils. Depuis le jeudi 4 août dernier, les pétrussiens et pétrussiennes ont fait la connaissance de ce nouveau moyen de transport qu’est le bus. Avant cette date, le bus n’était qu’une réalité abidjanaise ou bouakoise. Les habitants de San Pedro n’empruntaient que le taxi communal comme moyen de transport urbain. La société de transport urbain de San Pedro (Sotus) dirigée par Vassiafa Diomandé est venue réaliser le rêve de bon nombre d’habitants de la cité portuaire. C’est-à-dire se déplacer dans des moyens modernes de transport urbain. Si les usagers se satisfont de l’arrivée de ce nouveau moyen de transport, il n’en est pas de même pour les chauffeurs de taxis communaux. En effet, les usagers de bus trouvent les tarifs abordables et sociaux. D’un bout à l’autre de la cité portuaire, avec 200 francs vous faites votre course. Alors qu’avec les taxis communaux, le passager est souvent obligé de payer le double ou le triple du tarif en bus. Ce qui fait que le bus s’est vite imposé aux habitudes des populations. Tous les véhicules sont quasiment bourrés au passage. Ceci n’est donc pas fait pour plaire aux propriétaires de taxis communaux qui dénoncent une concurrence déloyale. « Je ne comprends pas pourquoi pour une petite ville de ce genre, on fait venir des bus. Il n’y a même pas de route. Et on laisse les bus venir concurrencer les pauvres taxis. Nous allons faire une grève pour que les bus s’en aillent», se plaint un responsable syndical de taxis communaux sur place. L’aventure pour la circulation des autobus à San Pedro a démarré en 2009. Au cours de cette année, « des opérateurs économiques ivoiriens et non-ivoiriens », basés en France, rapporte le Dg, convoient 12 véhicules de marque Renault Saviem 312 vers la Côte d’Ivoire. Sur les 12 engins qui transitent par Abidjan, 9 arrivent à San Pedro. Après des travaux de révision générale, la société à responsabilité limitée (Sarl) au capital de 5 millions Fcfa décide de faire circuler 7 engins au poil. Les 2 autres sont encore au garage pour réparation. D’ici le 15 octobre, confirme le service technique, les 3 autres restés à Abidjan rejoindront la capitale du Bas-Sassandra. En attendant, la direction, sise à la zone industrielle, a érigé 8 lignes pour couvrir la ville. Pour qui connaît San Pedro, la ligne 05 part du lycée Inagohi au quartier Lacs jusqu’au Lycée municipal-Dafci sur l’axe menant à Grand-Béréby en passant par la zone industrielle, la gare routière. La ligne 06 part de l’aéroport jusqu’au corridor-nord sur l’axe menant à Sassandra. Quant à la ligne 07, elle part du lycée Inagohi jusqu’au corridor-nord sur l’axe menant à Sassandra. De la gare-sud du côté Balmer jusqu’au village de Baba du côté ouest, la ligne de bus 15 est au service des populations. Au port, la ligne 16 transporte les usagers du quartier populaire de la Dafci jusqu’à Sempa, chez les dockers. La ligne 11 traverse la ville du nord vers le sud en reliant la gare nord-corridor Sassandra à la plage au quartier Balmer. Et la ligne 13 relie le lycée professionnel au nord à la gare Sempa au sud. Enfin la ligne O3 part du quartier Lacs Pavés au quartier Balmer au sud. Sur les lignes, des centaines d’arrêts de bus et d’abris-bus sont construits. Chaque auto peut transporter entre 100 et 125 usagers dont 25 places assises par voyage. Selon des techniciens de la maison, chaque engin consomme en moyenne par jour 125 à 200 litres de carburant. C’est au total 115 employés qui contribuent à faire fonctionner l’entreprise. On compte parmi eux, 28 machinistes, 28 receveurs, 10 contrôleurs et 10 mécaniciens. Une bonne partie de ces agents a déjà servi à la Société de transport abidjanais (Sotra) ou au centre de formation de la cette structure. Dans l’administration, une dizaine de personnes font rouler la boîte. Elles s’occupent de la direction générale, de la comptabilité, de l’exploitation et du planning et marketing. Pour l’entretien de la voirie en appui à la mairie, 10 personnes sont également en service. La société est assurée. Mais le directeur général attend l’embauche de tout ce personnel avant leur déclaration à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps). Vu la marche positive expérimentale de la Sotus, les responsables comptent procéder à l’inauguration officielle de l’entreprise le 22 octobre prochain. A cette occasion, certains partenaires issus de la mairie vont se signaler. Ce qui permettra en octobre prochain de mettre sur le marché les cartes de bus. Selon M. Diomandé, les élèves débourseront à partir de fin octobre 3.000 Fcfa mensuellement pour la carte de bus. Quant aux travailleurs, ils bénéficient de deux types de cartes. La carte de 12.000 Fcfa payable mensuellement est valable en aller et retour la même journée. Et la carte de 16.000 Fcfa payable mensuellement est permanente.

Les cartes forfaitaires arrivent
Des négociations au niveau de la mairie ont permis de passer de 12.000 à 10.000 Fcfa et de 16.000 à 15.000 Fcfa. Comme à Abidjan, les «corps habillés » à savoir les policiers, les gendarmes, les douaniers, les marins et les agents des eaux et forêts sont exemptés du paiement des tarifs. Il en est de même pour les élèves du primaire. La fréquence des autocars est en principe de 15 minutes. A ce jour, selon le directeur général, c’est 1.500 à 3.000 passagers qui sont transportés par jour. En période de croisière, les responsables de la Sotus comptent transporter 20.000 usagers par jour. Car, indique Vassiafa Diomandé, il y a environ 30.000 élèves à San Pedro sur plus de 400.000 habitants. La ligne 16 est la plus prisée. C’est donc à ce niveau que se signalent quelques velléités de fraude. Ayant confiance en cette aventure, des structures bancaires frappent à la porte de l’entreprise. Les seules difficultés rencontrées sont la voirie et des transporteurs de taxis qui supportent mal la concurrence. Mais le patron de la Sotus compte sur l’implication de l’Etat pour des subventions afin de faire bondir la société. Après San Pedro, les initiateurs du projet veulent s’installer plus tard à Daloa et à Yamoussoukro.

Allah Kouamé à San Pedro
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