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Société Publié le samedi 19 novembre 2011 | Le Patriote

Interview/ Amédée Assi (Président du GEPCI) : “Je ne suis pas fier de la presse”

Trois semaines après la tenue de leur 2ème congrès ordinaire à Grand-Bassam, les membres du GEPCI se retrouvent ce samedi dans un hôtel d'Abidjan. Cette fois, pour plancher, le temps d'une journée, sur la matrice d'actions de cette structure. A quelques heures de l'ouverture des travaux, son président Amédée Assi a bien voulu situer les enjeux de cette rencontre. Aussi lève t-il un coin de voile sur les chantiers qui vont cristalliser l'énergie de son bureau exécutif.
Le Patriote : Moins d'un mois après le congrès du Gepci, les éditeurs de presse seront, de nouveau, en conclave. A quoi répond cet autre rassemblement ?
Amédée Assi : Ce conclave, nous l'avons appelé séminaire. Il s'agit de mettre en application les décisions du congrès.

L.P : Quels seront justement les grands axes de ce séminaire ?
A.A : Il y aura plusieurs axes. Nous mènerons une réflexion très importante sur la création d'un GIE (Groupement d'Intérêt Economique) pour l'ensemble de la presse. Nous évoquerons aussi les difficultés énormes qui entravent la distribution de nos journaux. Avec le déménagement d'Edipresse, qui a quitté Adjamé pour Cocody, les chefs crieurs nous ont fait part des difficultés qu'ils rencontrent. Il y a également la question de la distribution des journaux à l'intérieur du pays et aussi celle de leur prix de vente, qui n'a pas bougé depuis au moins 25 ans, alors que les charges des entreprises ont entretemps grimpé. Faut-il augmenter ce prix ou le maintenir ? Nous allons aussi aborder la question de la convention collective. D'ici à six mois, nous allons revoir cette convention à la hausse. Mais tout va dépendre de l'environnement économique du pays. Déjà, nous allons voir à notre niveau ce que nous allons envisager et rencontrer rapidement le Synappci afin de pouvoir avancer sur la question de la convention collective, qui, pour moi, est appliquée. Le taux est de 1.4, alors que les travailleurs veulent 1.9. Faut-il aller directement à 1.9 ou évoluer progressivement ? Ce sont des questions que nous allons analyser en toute objectivité.

L.P : Pourtant, dans l'esprit des journalistes, le GEPCI rechigne à appliquer vraiment cette convention…
A.A : Non, je ne le pense pas. Bien au contraire, le GEPCI n'a aucune appréhension quant à l'application de cette convention. Notre souhait est que nos travailleurs soient dans les meilleures conditions salariales et sociales. Nous envisageons même en plus d'une amélioration des conditions salariales, d'offrir à nos employés l'assurance maladie. Notre souhait, c'est que l'Etat nous accompagne pour que nous puissions répondre à leur attente. Sans l'aide de l'Etat, en termes de réduction de nos charges fiscales, d'appui direct, de créations de conditions meilleures pour nous, ce sera difficile pour nous. En revanche, si cela est fait, il n'y a pas de raison que nous ne puissions pas aller plus loin avec nos travailleurs.

L.P : Il y a aussi la question du pourcentage d'Edipresse sur les ventes que des patrons de presse jugent assez élevé…
A.A : C'est une question très difficile. Edipresse prend 33% (des recettes générées par la vente des journaux) et dit qu'elle-même n'a que 20%. Les 13% restants sont repartis entre les grossistes et les revendeurs. Si l'Etat, qui est actionnaire à Edipresse à travers Fraternité-Matin, peut baisser sa part, le pourcentage de cette société pourrait peut-être chuter à 30 voire 28%. Ce sont des questions que nous devons étudier ensemble : Etat, Edipresse, Gepci pour qu'on puisse ensemble voir ce qu'il faut faire. Notre souhait n'est pas forcément qu'Edipresse baisse sa part. Si nous pouvons déjà agir sur le prix d'impression des journaux, c'est pour moi le plus important. Là, c'est ce que vous tirez que vous payez. Il y a un coût. Si, on peut baisser le prix d'impression des journaux, on aura résolu une grande partie de nos difficultés.

L.P : Qu'en est-il de l'opération immobilière évoquée par le GEPCI, qui semble aujourd'hui en stand-by?
A.A : Il n'est pas en stand-by. Une fois qu'on aura porté l'indice de la convention collective de 1.4 à 1.9 et, obtenu l'assurance maladie, on pourra alors évoquer la question du logement. Il faudrait qu'au terme de leur carrière, les journalistes puissent avoir un logement. Nous allons étudier toutes ces questions dans le cadre du GIE, qui, nous permettra d'envisager ce type de projet.

L.P : Un appel à lancer aux patrons de presse ?
A.A : Ils sont invités à venir massivement à ce séminaire. Dans un premier temps, on a voulu réunir les membres des instances du GEPCI, à savoir le bureau exécutif, le Conseil d'Administration et le commissariat aux comptes. A ceux-là s'ajoutent les conseillers spéciaux et les présidents honoraires, Dénis Kah Zion et Abdoulaye Sangaré. L'appel que je peux lancer aux éditeurs, c'est que nous devons être solidaires. Sans solidarité, on ne peut rien obtenir. L'Etat ne sera attentif envers nous que s'il sent qu'il y a en notre sein l'union, la discipline. Si nous sommes solidaires, unis, nous pourrons faire beaucoup de choses. C'est aussi un appel au dépassement de soi en tant qu'individu afin de privilégier le groupe. Cela dit, je voudrais me prononcer sur le contenu de la presse. J'estime honnêtement que les journaux gagneraient à améliorer leur contenu. Ils ne sont pas à mon avis faits comme ils devraient l'être. Notre métier a une éthique et un code de déontologie. Une enquête n'est pas un reportage. Il faut que ces genres soient respectés. Nous devons également respecter les règles minimum de notre métier, c'est-à-dire vérifier une information avant de la divulguer. Des papiers sont faits avec trop de légèreté, sans respect des autorités. Il faut que la presse se bonifie. Je ne suis pas très fier de la presse. Beaucoup de lecteurs ont décroché parce qu'ils estiment que les journaux ne sont pas bien faits. C'est un métier qui a ses règles. Et il faut les respecter.
Y. Sangaré
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