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Société Publié le mercredi 23 novembre 2011 | L’expression

Elèves affectés au privé : Les parents payent à la place de l’Etat

© L’expression
Timide rentrée des classes à Abidjan après la crise et les combats
Les écoles d`Abidjan, fermées depuis plusieurs semaines à cause de la crise post-électorale et des combats qui ont conduit à la chute de l`ex-président Laurent Gbagbo, ont commencé à rouvrir mardi, mais de nombreux élèves et enseignants manquent encore à l`appel
Les élèves affectés par l’Etat dans les écoles privées sont obligés de payer 10 fois plus, à l’inscription, la somme demandée par l’Etat au public.

Doumbia M. a sauté de joie à l’annonce de l’orientation de son fils en 6ème dans une école privée d’Abobo. Cette allégresse s’est estompée lorsqu’il a découvert le droit d’inscription. «Lorsque je suis allé pour son inscription au collège Anador, il m’a été demandé de payer 37.000 Fcfa. Une chose qui m’a été difficile d’accepter puisque l’enfant est un affecté de l’Etat. Même si j’ai fini par me résoudre à cette donne, il faut dire que je n’avais pas prévu de faire une pareille dépense pendant quatre ans», se plaint le professeur de lycée. Une peine partagée par les parents d’Ernest Djè Bi, qui ont été surpris d’apprendre que leur fils avait été orienté au collège Guchanrolain de Yopougon. «C’est avec étonnement que mes parents ont vu que j’étais affecté au collège Guchanrolain. Mon père a déboursé 65.000 Fcfa pour mon inscription », explique l’élève. Kouamé Rosalie, mère de famille, soutient que « les élèves affectés dans les écoles privées devraient bénéficier des mêmes avantages que ceux orientés dans le public. C’est-à-dire 5.000 Fcfa à l’inscription ». Dans les établissements privés, on n’en a cure de ces plaintes des parents qui ne semblent point les ébranler. Les frais d’inscription varient d’une école à l’autre, au grand dam des parents d’élèves qui subissent le diktat des fondateurs. Au collège Voltaire de Marcory, le montant est fixé à 60.000 Fcfa en dehors des frais annexes. «C’est la libre concurrence. Chaque établissement fixe son montant comme il veut», justifie l’économe du collège «Le Mahou» d’Angré où les frais d’inscription des affectés est de 35.000 Fcfa. Il révèle que «l’Etat paie 120.000 Fcfa pour les élèves affectés en 6ème et 140.000 Fcfa pour ceux de la 2nde, quel que soit l’établissement choisi. Les frais d’inscription des affectés de l’Etat varient selon les montants de la scolarité de chaque école».

Deux poids, deux mesures

Cette affirmation est une réalité au Cours secondaire méthodiste de Cocody(Csm). Ici, l’inscription est de 50.000 Fcfa. Mais en plus de cela, les affectés payent une partie de la scolarité, qui s’élève à 400.000 Fcfa pour la classe de 6ème à la Terminale. «Les affectés payent 280.000 Fcfa y compris les frais d’inscription, puisque l’Etat ne paye que 120.000 Fcfa pour chaque élève affecté», révèle un document actualisé du Csm de Cocody. Du côté du collège Guchanrolain, Léonard Affoundah, chargé de communication de l’établissement, qui s’est fait le porte-voix des responsables, explique que c’est cette année que son établissement reçoit des affectés de l’Etat. Il indique que depuis 2001 jusqu’à l’année précédente, l’établissement ne prenait plus d’affectés de l’Etat du fait des frictions entre la responsable de Guchanrolain, M’Pamon et la directrice du Service autonome pour la promotion de l’enseignement privé (Sapep) d’alors, Mme Pongatié. Selon ses dires, cette dernière réclamait la somme de 20.000 Fcfa par élève, une chose que Mme M’Pamon n’a pas cautionnée. « Depuis lors, nous n’avons pas reçu d’élèves. Sinon depuis la création de l’établissement en 1999, nous recevions des élèves affectés de l’Etat. Le ministère de l’Education nationale nous appelait et nous demandait combien d’élèves nous pouvions recevoir dans nos locaux. Et ces élèves, une fois affectés, ne déboursaient pas d’argent. Mais il faut aussi ajouter que l’Etat nous paye des frais d’écolage. 120 000 Fcfa pour le 1er cycle et 140.000 Fcfa pour le second cycle et encore l’Etat nous doit des arriérés. Cette année, nous avons reçu 150 affectés de l’Etat», confie le chargé de communication. Léonard ajoute que les parents des affectés ne paient que 65.000Fcfa pour les droits d’inscriptions alors que les non affectés paient 35.000Fcfa pour les droits d’inscriptions et 135.000Fcfa pour la 6ème. Toutefois, beaucoup de parents d’élèves désapprouvent le système. «Vous imaginez qu’au lycée St-Joseph d’Abobo, la scolarité pour la classe de 6ème n’excède pas les 100.000 Fcfa. Alors que l’inscription est de 45.000 Fcfa, l’on se rend compte que la prise en charge de l’Etat, qui est de 120.000 Fcfa, couvre totalement la scolarité en sixième. Mais malgré tout, on demande de payer les frais d’inscription. C’est un vol qui ne dit pas son nom », juge un parent d’élève de St-Joseph d’Abobo, sous le sceau de l’anonymat. Selon lui, seules les difficultés de transport qui seront limitées par la proximité de l’établissement l’ont convaincu d’inscrire son enfant dans son établissement. « Surtout que les établissements publics se font rares. Depuis quelques années, on n’a pas vu d’établissement secondaire construit à un quelconque endroit. L’Etat devrait se pencher sur ce fait, afin d’alléger un peu la souffrance des parents d’élèves», souligne-t-il. Pour un responsable proche de la direction du collège «Le Mahou», les frais d’inscription permettent aux établissements scolaires de pouvoir faire face aux charges les plus urgentes. «Il est vrai que dans notre partenariat avec l’Etat, les affectés sont pris en compte. Mais sachez que ces paiements n’interviennent pas à temps pour faire face à certaines réalités que nous vivons. Pour l’enseignement qui est dispensé, il faut pouvoir payer les professeurs», s’est justifié le responsable. Il ajoute que ‘’si l’Etat est prêt à apurer les arriérés des frais d’écolage et à faire face à ses charges chaque année, les frais d’inscription vont disparaître dans nombre d’établissements scolaires privés’’. Du côté du ministère, une source introduite explique que ce n’est pas normal qu’on fasse payer des frais d’inscriptions aux parents des affectés mais qu’une convention existe entre l’Etat et les établissements privés. « L’Etat a fait une concession de son pouvoir d’éducation à des tiers comme le privé. L’Etat doit former les élèves mais étant donné qu’il n’a pas la capacité de le faire, l’Etat concède cela au privé comme le privé catholique, mais ceux-ci doivent respecter les règles de l’Etat. Le privé catholique peut faire payer des frais d’inscriptions aux parents mais pas le privé laïc. Ces anomalies se sont installées pendant ces 10 ans de médiocrité. Nous comprenons la peine des parents, car ils n’ont pas demandé à ce que leurs soient orientés au privé mais nous sommes en train d’y travailler », explique la source.

Napargalè Marie et Dacoury Vincent
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