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Politique Publié le samedi 4 février 2012 | Le Patriote

Les crimes de la crise post-électorale livrent leur secret : Comment le GPP a endeuillé Washington

Le dimanche 31 mars 2011. Washington. Pas le célèbre Washington DC (Il faut prononcer dici), capitale des Etats-Unis d’Amérique. Mais le Washington d’ici. Gros bidonville situé entre la commune de Cocody et celle d’Adjamé, tout juste derrière le lycée technique d’Abidjan. Il est 14h30. Ouattara Djibrine est assis chez lui avec son jeune frère Ouattara Moussa. Les deux hommes viennent de partager un repas et devisent gaiement. Dehors, des cris se font entendre. Les deux frères, loin de se douter de quelque chose, continuent leur conversation. Les cris se font de plus en plus perçants et envahissent tout le bidonville. Cette fois, les deux hommes arrêtent leur causerie et essayent d’en savoir un peu plus. «Les GPP sont là! Les GPP sont là», crie un de leurs voisins. Djibrine n’a pas le temps de se poser des questions. Il est fauché par une balle à l’entrée de sa maison. Son jeune frère qui voit son aîné gémir sous l’effet de la douleur de sa jambe blessée, a le temps de se mettre à l’abri, dans la broussaille qui borde le domicile de son grand-frère. De sa cachette, il ne rate rien de la scène. La victime est dépossédée de ces deux portables. Ses bourreaux lui font les poches. Il trouve sur lui ses papiers y compris sa carte d’identité. «Ouattara Djiribine! Voilà, c’est vous-là qu’on recherche! C’est un rebelle», lance l’un des assaillants qui semble être le chef d’équipe de la vingtaine d’hommes en armes qui a envahi le quartier. Par ces seules paroles, le sort de Ouattara Djibrine est scellé. Sans autre forme de procès, ses victimaires lui envoient une rafale à la tête. La gorge est arrachée et le crâne transformé en bouillie. Non satisfaits, les miliciens foncent dans d’autres maisons où ils abattent également une dame et un autre homme. Après s’être assurés qu’il n’y a plus personne, les tueurs repartent tranquillement à leur base d’Adjamé, situé aux 220 logements. Ces types d’incursions, les miliciens du GPP les ont multipliés quasiment tous les jours à Washington. La plus meurtrière d’entre elles a été celle 17 mars 2011. «Les miliciens sont arrivés comme ils l’ont fait le 31 mars 2011, à bord de véhicules 4x4. Ils ont bouclé le secteur et se sont mis à tirer sur tout ce qui bouge», se souvient encore Diomandé Lassina, le président du comité de gestion des résidents légaux de Washington. « Leur attaque, ce jour-là, a fait 7 morts. Il y a deux jeunes gens qui géraient leur cabinet et qui étaient assis au bord de la route. Les miliciens sont arrivés et ont tiré sur eux. Il y a également le cas des trois jeunes étudiants d’ethnie Yacouba qui sont venus louer une chambre à Washington pour être plus proche de l’université », se remémore avec encore beaucoup d’émotion, le vieux Koné Namory, porte-parole des sages de Washington. En plus de ces victimes, les miliciens ont aussi exécuté Touré Yacouba, un transporteur et Diomandé M’Vassogbo, un menuisier, tous deux habitants du bidonville. Le lendemain de cette expédition sanglante, les miliciens ont abattu pendant la nuit, un homme dont le corps a été abandonné de l’autre côté de la voie passant sous le pont du lycée technique. Lors de ces raids sanglants, les populations de Washington, femmes et enfants, dormaient à la belle étoile, dans les bois et broussailles environnants. Les hommes, eux, restaient dans les environs du bidonville pour veiller sur les quelques maigres biens qui restaient aux familles. L’objectif du GPP était de faire du site où se trouve le bidonville, sa base. Ils trouvaient la position du site très stratégique. De sa position en hauteur, Washington donne sur toute la commune d’Adjamé. Même si depuis la chute de Laurent Gbagbo, les habitants de ce quartier dorment à poing fermé, il n’en demeure pas moins que les escapades meurtrières des miliciens du GPP ont laissé des séquelles. Washington, aujourd’hui, est bourré de veuves et d’orphelins. Ouattara Djibrine à lui seul, laisse derrière lui deux veuves et six orphelins encore inconsolables. Et comme si les habitants de ce quartier précaire n’ont pas suffisamment payé le lourd tribut à cette crise post-électorale, une opération de déguerpissement plane comme une épée de Damoclès sur leur tête. Pour l’heure, ces habitants sont entre incertitude et doute. Ils ne demandent qu’une seule chose. Que le gouvernement vienne en aide aux veuves et orphelins et qu’ils soient pris en compte dans la politique des logements sociaux initiée par le ministère de la Promotion du logement.
Jean-Claude Coulibaly
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