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Économie Publié le mercredi 7 mars 2012 | L’expression

Enquête : Marché de gros de Bouaké / Dus, concurrence déloyale, tracasseries routières … - La filière cola dans la tourmente

La filière cola transverse des moments difficiles. Le marché de gros de Bouaké, plaque tournante de l’activité, est à l’agonie. Pour comprendre cette situation, nous avons infiltré le milieu. Enquête.

Les affaires tournent mal pour Touré Ali, propriétaire de magasin de cola au marché de gros de Bouaké. Seul devant son magasin quasiment vide, ce jeudi 1er mars, l’opérateur économique scrute l’horizon. Autour de lui, les clients ne se bousculent pas dans les autres magasins. C’est la même ambiance morose. Ce qui tranche avec les bruits de moteurs, de klaxons et les causeries de manutentionnaires à cette heure de la journée. Pour Touré, cette situation est symptomatique de l’état de santé de leur filière. A l’en croire, malgré le retour progressif à la normalité, le négoce de la cola cherche encore ses marques. Le volume de la précieuse noix qui transite par le marché de gros n’est pas encore encourageant. De 45 000 paniers par mois en 2002, seuls 5.000 paniers de cola transitent actuellement au marché de gros. Faute de liquidité. Pour juguler cette situation, le grossiste indique que son chiffre d’affaires s’amenuise au fil des mois. « Sans cola, rien ne bouge ici. La crise a tout chamboulé au niveau du système d’approvisionnement de nos magasins. Des zones forestières où on la cultive, la marchandise rallie les marchés d’écoulement au niveau des pays qui sont nos principaux clients, sans transiter par le marché de gros. Pendant 7 ans, pour survivre, on a été obligé de dépenser toutes nos économies. Avec l’amélioration du climat socio politique, la route est ouverte. Mais puisque nos caisses sont à sec, on ne peut plus rien acheter. Avant la crise, 4 coopératives se répartissaient 43 grands magasins. Le négoce de la noix battait son plein. A telle enseigne que d’autres commerçants, installés en dehors du périmètre, frappaient à la porte du marché. De Danané à Soubré en passant par Guiglo, Divo, Anyama, Bassam, Man, les productions de cola convergeaient vers le marché de gros. Tous les magasins étaient régulièrement remplis.

De la concurrence déloyale des grossistes étrangers…

Les stocks qui s’entassaient pouvaient parfois toucher le toit. Les camions remplissaient toutes les formalités, avant de mettre le cap sur les pays consommateurs, notamment le Sénégal, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Burkina Faso, la Mauritanie et la Gambie», se remémore Touré. Wagué, responsable de la Coopérative des acheteurs de produits de Côte d'Ivoire (Capamci,), se dit également nostalgique de cette époque. « Avant la crise, on pouvait faire dix chargements de cola par jour. Aujourd‘hui, pour faire un chargement, on prend le plus souvent une semaine », déplore-t-il. Pour le leader de la Capamci, il est temps de mettre fin à cette concurrence déloyale que leur livrent les acheteurs des pays étrangers. Car, sur les marchés d’écoulement, les marges de manœuvre des grossistes du marché de gros sont très réduites. « Les grossistes des pays étrangers embarquent leurs colis à bord de car ou de train. Tout ceci se fait sans payer de taxes. Sur les marchés d’écoulement de la cola, notamment au Burkina Faso, au Mali, Niger, leurs produits sont moins chers que les nôtres. Car, ils dépensent moins en termes de taxes. Or, vous savez que la cola est un produit périssable. On ne peut pas vendre au même prix qu’eux sinon c’est la perte. Ils ne payent pas de taxes comme nous». Tous les détenteurs de magasins de cola ne sont pas restés les bras croisés. Depuis les premières années de ce disfonctionnement dans le circuit de ravitaillement, ils ont opté pour l’installation dans les zones du Sud où se cultive la noix rouge. Selon Wagué, malgré la fin de la crise, ses amis commerçants tardent à revenir s’installer au marché. Principale raison, le droit d’unique de sortie (Dus) qui est passé de 20Fcfa/Kg à 60 Fcfa/Kg.

De l’augmentation du Dus et des tracasseries routières

« Aujourd’hui, au sein au marché de gros, l’effectif de notre coopérative est d’environ cinquante personnes. Pour juguler les effets de la crise, ils ont décidé de s’implanter définitivement au niveau des zones de production. Ils utilisent ces circuits pour exporter la cola : Noé-Ghana-Burkina Faso, Man-Ferké-Burkina, Danané-Odienné-Mali… Avec la crise, on a tout perdu. Avant la crise, le droit unique de sortie (Dus) était à 20 Fcfa/kg. Aujourd’hui, ce Dus est passé à 60 Fcfa/Kg. Nous demandons qu’on revienne à l’ancien prix. De 1.000 Fcfa, on est passé à 3 000 Fcfa. C’est trop pour nous », décrie-t-il. Et d’ajouter : « La cola est très chère. Surtout avec les taxes à honorer pour sortir du marché. A cela s’ajoutent les tracasseries routières. Cette situation amène beaucoup d’opérateurs économiques de la filière à s’installer dans les zones de production. D’autres ont choisi la Guinée, où on commence à cultiver assez de cola ». Du côté de la coopérative Cissé Woro, c’est la même galère. Pour Koné Zoumana, l’un des responsables, il faut réduire le Dus. « Au sein du marché de gros, avant la crise, l’effectif de notre coopérative était environ de 200 personnes. En 2012, on est à peine une centaine. Pour arrêter cette saignée, il faut réduire le Dus. Aussi, faut-il que le marché de gros soit effectivement le centre unique de déclaration douanière, les prélèvements en dehors du marché doivent s’arrêter, les tracasseries routières aussi», réclame-t-il.

Marcel Konan
Correspondant régional
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