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Politique Publié le jeudi 15 mars 2012 | Le Quotidien d’Abidjan

Interview/ Glenn Slocum, Conseiller en développement à l’Ambassade des USA

L’assistance des Etats-Unis d’Amérique au peuple ivoirien et au gouvernement de la Côte d’Ivoire est basée sur l’appui au programme d’assistance post-conflit pour le peuple ivoirien à travers le gouvernement. Il y a plusieurs aspects. Le premier est d’aider pour le bon fonctionnement du gouvernement et de certains ministères clés pour que la population ivoirienne puisse bénéficier de bons services. Et aussi que le peuple puisse en exprimer le besoin auprès du gouvernement. Dans ce cadre, il y a une assistance en matériels et une assistance technique pour le bon fonctionnement de plusieurs ministères dont ceux de la justice, de l’intérieur, de la santé et d’autres ministères importants. En un mot, c’est une aide au gouvernement à rendre de bons services à la population en matière de justice, de protection et des services sociaux comme la santé, l’éducation, etc. Le deuxième aspect, est celui du renfort sécuritaire. Nous avons à cet effet un assistant auprès de la Primature. En troisième point, ce sont les besoins humanitaires dans les régions en manque d’assistance alimentaire, matériel. L’objectif est d’aider les populations déplacées à retourner chez elles maintenant que la crise est finie. Et enfin, la relance de l’économie. Ce sont les quatre objectifs principaux de notre programme d’assistance. Il faut donc retenir que c’est dans le sens d’aider le peuple ivoirien à avoir le bon fonctionnement des services publics. Et surtout, pour que les populations puissent bénéficier de ces services.
Peut-on avoir un bilan de vos interventions dans les différents domaines dont vous parlez ? Autrement dit qu’avez-vous déjà fait concrètement ?
Mme Angela Elliott-Koéné : De nombreuses activités sont en cours de démarrage. D’autres pas encore. Certaines autres sont en cours depuis un bon bout de temps déjà. Parce que, comme vous le savez bien, la crise n’est pas seulement celle de 2010. Toutefois, notre assistance a été orientée dans un premier temps sur le SIDA. Elle a démarré depuis des années et est toujours en cours. Nous avons en outre des activités dans le domaine électoral, notamment, l’envoi des observateurs internationaux. Ainsi que des programmes d’appui pour la Commission Electorale Indépendante (CEI) dans le cadre du recueil des informations. Et aussi, nous travaillons avec les partis politiques. Ce sont là quelques assistances qui sont en cours. L’autre volet qui nous préoccupe aussi est l’appui à la réconciliation que nous faisons avec Search for Common Ground, un de nos partenaires qui fait de nombreuses activités avec les jeunes, les différentes communautés en vu d’aider dans le processus de réconciliation. Voilà donc pour ce qui est déjà en œuvre dans le cadre de nos activités. Nous sommes aussi en train de lancer un programme d’appui au ministère de la justice. On a initié cela par l’octroi des équipements pour relancer le fonctionnement.
Glenn Slocum : Nous avons aussi un programme pour l’éducation qui est en voie de lancement. Il consistera à apporter une assistance à la direction nationale, notamment, la réhabilitation et la construction des écoles, etc. La formation des enseignants est aussi inscrite dans ce programme. Il est aussi prévu des subventions pour les écoles qui seront financées par une ONG américaine. Elle servira à la construction de trois écoles dans trois régions à définir. Les choses sont en train de se mettre en place avec la collaboration du ministère de l’éducation nationale. D’ici deux mois, toute l’équipe sera en place. C’est un programme qui s’étendra sur trois ans. Il implique une aide dans le domaine des NTIC (les nouvelles technologies de l’Information et de la Communication) par l’installation d’intranet pour permettre à ce ministère de rester en liaison permanente avec ses collègues de proximité.

En matière de sécurité, que font exactement les Etats-Unis, surtout que souvent votre pays déplore la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire ?
Mme Angela Elliott-Koéné : Primo nous avons un assistant technique qui est à la Primature. Avec le concours de l’ONUCI et la communité internationale, nous sommes en train de travailler pour lancer un programme d’appui à l’école de police pour la formation des hommes de sécurité. Nous avons aussi des activités dans le domaine du désarmement, de la démobilisation et la réinsertion. Il a été demandé, il y a peu, de l’aide pour loger les ex-combattants. Nous sommes en train de voir dans quelle mesure on devrait apporter notre appui.
Glenn Slocum : Je voudrais ajouter aussi que notre assistance est dirigée vers la Primature, mais aussi vers le ministère de la défense. Cette collaboration se fait après que les programmes aient été définis. Pour la réinsertion, par exemple, il faut savoir combien de combattants doivent être engagés. Combien d’autres doivent être réintégrés dans la société civile. Toutes ces questions doivent être résolues au préalable par le gouvernement. C’est ensuite que nous pouvons intervenir. C’est donc de manière collégiale et concerté que l’assistance se fait surtout dans la reforme sécuritaire.
Nous savons que les Etats-Unis ont toujours été inquiets pour la sécurité en Côte d’Ivoire. Une ONG américaine s’était même inquiétée de la cohabitation entre éléments issus des forces nouvelles et ceux des fds. Quelle est votre assistance dans la réforme de la nouvelle armée ?
Glenn Slocum : C’est une question qui nous tient à cœur. Mais sachez que le but de cette collaboration est d’aider le gouvernement à réfléchir sur ses choix que nous savons par ailleurs très difficiles. Ce ne sont pas les assistants techniques qui décident. Encore moins les ambassades. C’est aux instances de décision nationales dans ce domaine que revient la décision. On essaie seulement de les aider à prendre de bonnes décisions.
Mme Angela Elliott-Koéné : Il faut savoir que notre rôle n’est de prendre des décisions à la place des Ivoiriens. Par contre, nous essayons d’apporter notre aide quand ils le demandent. Dans le cas d’espèce, le gouvernement ne sait pas où il faut cantonner des combattants pour le désarmement, la démobilisation, et la réinsertion. C’est uniquement arrivé à ce stade que nous pouvons intervenir en proposant notre assistance.

Est-ce que les Etats-Unis apportent aussi son assistance dans le cadre de dons de matériels comme la France l’a fait récemment avec un don de véhicules à la police nationale ?
Mme Angela Elliott-Koéné : Nous, nous insistons plus dans la formation.
Glenn Slocum : Il peut exister qu’il y ait des collaborations directes entre notre ministère de la défense et la votre. Mais cela ne relève pas de nos compétences. Nous nous occupons de l’assistance technique et de la formation. Pour ce qui est de l’équipement, c’est une autre question.
Dans le volet éducation, vous avez parlé de construction des écoles. Mais les Ivoiriens ont un autre problème sérieux dans ce domaine, c’est la fermeture des universités. Quel appui Les Etats-Unis sur ce sujet ?
Glenn Slocum : Notre programme est orienté vers l’éducation de base. L’éducation dans le supérieur n’est pas inscrite dans nos actions.
En quoi se résume votre appui au niveau de la gouvernance ?
Mme Angela Elliott-Koéné : Il renferme deux domaines. L’un porte sur le secteur judiciaire identifié comme l’un des gros problèmes ici. Nous avons appris que des localités entières n’ont pas accès à la justice car éloignées des cours de justice. Et que quand il y en a, ces cours ne fonctionnent pas bien. Nous intervenons d’une part pour améliorer le fonctionnement en apportant le matériel dont ils ont besoin ou en faisant des séances de formation pour éviter la routine. D’autre part nous étudions aussi comment donner une accessibilité à la justice à tous. Ça c’est ce qui concerne la justice. L’autre domaine concerne la gouvernance locale. Sur ce sujet, nous allons travailler avec l’assemblée nationale. Car le nouveau parlement est composé d’un nombre important de députés nouvellement élus qui ne maîtrisent pas bien le fonctionnement d’un parlement. En outre comme il y a longtemps que l’assemblée nationale est fermée, il se pourrait que le personnel est quelque peu oublié des reflexes. Nous allons apporter notre assistance pour les aider à se retrouver.

Et comment est-ce que vous comptez vous y prendre ?
Mme Angela Elliott-Koéné : Quand l’assemblée nationale se mettra au travail nous aussi nous allons nous mettre à travailler avec les députés pour comprendre leurs besoins en équipements. Et voir aussi dans la mesure du possible avec leur accord comment faire des formations sur les procédures d’élaboration et de prise de lois. Il s’agira de leur donner des options sur les procédures d’organisation en commissions. Nous le ferons s’ils le désir parce que pour nous c’est très important dans une démocratie.

Madame vous avez parlez tout à l’heure de démocratie. Est-ce que selon vous la composition actuelle de l’assemblée nationale qui est quasi monocolore est elle à la démocratie selon les états unis ?
Mme Angela Elliott-Koéné : C’est hors du domaine de l’assistance que nous faisons. Je peux simplement dire que les personnes élues sont les choix du peuple. Ce n’est pas à moi de dire si ça plaît aux Etats Unis ou non. Pour les questions sur la participation aux élections législatives, il vaut mieux demander à un conseiller politique qui suit de prêt ces questions ici.

Depuis la fin de la crise postélectorale et l’arrivée des nouveaux dirigeants, quels sont l’état des relations entre les états unis et la côte d’ivoire ?
Mme Angela Elliott-Koéné : Je n’ai pas d’avis général à donner. Toutefois je peux dire que nous sommes toujours disposés à travailler avec le gouvernement toutefois que celui-ci le souhaite. Nous le disions tout à l’heure notre travail se fait sur le plan national de développement. Nous pouvons donner nos avis sur des sujets concernant la justice, l’éducation, la santé et autres, et il faut tout simplement retenir que nous travaillons avec ceux qui sont là comme nous le faisions avec ceux qui étaient là.

Quel a été selon vous le rôle du gouvernement américain dans la crise postélectorale ?
Mme Angela Elliott-Koéné: Nous on s’occupe du domaine de l’assistance. On ne s’occupe pas de la politique comme vous le dites ici. Pour ce qui nous concerne donc, dans nos domaines, nous avons apporté notre assistance dans les aspects humanitaires dans les régions qui en avaient besoin. C’est pour nous l’intervention la plus importante.
Mme Angela Elliott-Koéné : Là, je constate que vous parlez des élections présidentielles. Je peux vous dire que nous avons posé les mêmes actions que lors des législatives. Nous avons envoyé des observateurs pour évaluer le scrutin. Nous avons aussi aidé à la formation des observateurs nationaux, et nous avons donné l’assistance technique à la CEI.

Es-ce en cela que se résumait l’intervention du gouvernement américain dans la crise postélectorale en côte d’ivoire ?
Mme Angela Elliott-Koéné : Oui. En ce qui nous concerne.

Pendant la crise il y a eu des réfugiés et des déplacés jusqu’aujourd’hui confrontés à des problèmes de logements. Est-ce que cela rentre aussi dans vos domaines de compétence ?
Glenn Slocum : Oui bien sûr ! Nous essayons de les aider à se loger et aussi de les aider à survivre. C’est d’ailleurs ça le but des structures humanitaires, à savoir nourrir les gens affamés, rebâtir leurs maisons qui ont été détruites pendant la crise. Bref les suivre jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer chez eux. C’est un programme assez bien suivi avec le gouvernement et certaines structures comme OCHA.
Mme Angela Elliott-Koéné : Nos actions se font à travers des organisations comme il vient de le mentionner.

Il faut donc comprendre que l’assistance des Etats Unis se limites au plan technique surtout dans le domaine des déplacés qui 10 mois après la crise continuent de souffrir. Est-ce que les USA ne pourraient ils pas faire pression sur le gouvernement pour créer les conditions véritables du retour de ces déplacés ?
Mme Angela Elliott-Koéné : Notre assistance n’est pas que technique, mais il faut savoir que notre effectif sur place n’est pas suffisant. Pour cela sommes-nous amenés à agir au travers des structures spécialisées dans lesdits domaines existant déjà sur place. En ce qui concerne les déplacés des zones urbaines au tour d’Abidjan, je ne suis pas au courant, mais on pourrait à la longue demander au gouvernement ce qu’il fait concrètement pour les déplacés des zones urbaines. Mais là aussi il faudrait savoir si ils sont enregistrés ou non. Pour que la communauté internationale apporte son appuie sur de tels sujets, il doit savoir d’abord s’ils sont recensés. C’est peut-être les nations unies qui pourront répondre convenablement.

A combien se chiffre cette assistance des USA et quelle est la fange de la population qui en bénéficie le plus ?
Mme Angela Elliott-Koéné : C’est difficile de chiffrer parce que dans ce domaine il faut connaître le début et la fin. Or la Côte d’Ivoire a vécu de nombreuses crises ces dernières années.

Si nous prenions pour référence l’année 2011 ?
Mme Angela Elliott-Koéné : Je vais vous donner des chiffres mais ils sont issus des périodes différentes. Entre temps il faut savoir que les bénéficiaires c’est l’ensemble du peuple ivoirien. Dans les volets gouvernance, éducation et bien d’autre, c’est environ 25 millions de dollar US. Ce chiffre englobe plusieurs projets dont certains s’étendent sur des années. Pour la réconciliation, c’est 12 millions de dollars US. Nous actions sont orientées à appuyer des ONG qui sont directement en contact avec le peuple. Et également avec des organisations de la société civile. Pour l’assistance au secteur sécuritaire, c’est 5 millions de dollars US. Pour l’assistance humanitaire c’est 70 millions de dollars US. Enfin pour ce qui est du sida c’est 225 millions de dollars US.

Quelles sont vos perspectives pour les mois à venir ?
Mme Angela Elliott-Koéné : C’est comment aider au rétablissement de l’Etat de droit. C’est l’indépendance de la justice, et l’assemblée nationale pour ce qui est de la gouvernance locale. Nous espérons démarrer tout cela dans les semaines et les mois à venir.

La violence pendant les élections devient une habitude en côte d’ivoire. Est-ce que pour les municipales vous avez prévu des actions pour éviter des affrontements sanglants ?
Mme Angela Elliott-Koéné : Nous ne faisons des campagnes de prévention avec le programme de National Democratic Institute (NDI). Nous ne sommes pas là pour envoyer des militaires. C’est hors de nos compétences. Notre souhait le plus ardent est qu’il n’y ait pas de violence.
Réalisée par Allan Aliali et José koudou

Collaboration : Richard Yasseu
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