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Société Publié le jeudi 29 mars 2012 | Le Patriote

Voici pourquoi l’éclairage public fait défaut à Abidjan

L’éclairage public laisse à désirer dans de nombreux endroits de la capitale économique et dans le District d’Abidjan. Les pillages et vols perpétrés sur les installations électriques en sont pour beaucoup. Du moins, si l’on en croit les professionnels du secteur. Ce qui explique en partie la recrudescence des vols et des cas d’agressions. Retour sur une réalité qui met en danger les Abidjanais.
Il est 18h passé de 40 mn ce samedi, lorsque nous sommes au terminus du bus de la ligne n°67 à Gonzagueville (Port-Bouët). Au fur et à mesure que les rayons du soleil se cachent, la luminosité s’amenuise. On voit s’illuminer déjà dans des concessions, des boutiques du quartier, de petites lampes. Quelques instants après, la lumière fine du jour qui disparaissait continuellement, fait place entièrement aux ténèbres. Les petits endroits légèrement éclairés, baignent subitement dans un grand noir. Les deux lampadaires placés de part et d’autre des deux extrémités de cette gare d’autobus, du côté de Grand-Bassam et de Koumassi sont éteints. Conséquence : le quai de la Société des transports abidjanais (Sotra) situé là, se perd dans l’obscurité. Le bus immatriculé 6850 RP 69 entré en gare quelques instants auparavant, est perdu dans le noir. Le machiniste assis au volant prend le soin d’allumer les veilleuses assurément pour signaler sa présence. Il allume ensuite les ampoules à l’intérieur de l’engin. Les mastodontes qui arrivent les uns après les autres en font autant avant de faire embarquer les usagers. Lorsque nous quittons cette gare en direction de Treichville, le constat est clair: la voie internationale à double sens sur laquelle nous circulons traverse une nuit profonde. Aucun des lampadaires se trouvant en bordure de route, en allant du corridor à Derrière Wharf, ne s’allume. Comme c’est le cas dans cette zone, de nombreux espaces et rues de la capitale économique, plongent ainsi dans l’obscurité totale, une fois la nuit venue. La cause, la défaillance ou même l’insuffisance de l’éclairage public. Une situation fortement préjudiciable aux populations d’autant que les zones sombres se présentent comme des lieux de prédilection des voleurs et autres bandits de tout acabit.

L’obscurité, une menace

« Beaucoup de fois, nous apercevons ici, le matin, des gens en pleurs. Victimes d’agressions perpétrées la nuit et parfois même le jour, à l’aurore. Nous surprenons parfois, nombre d’individus à la recherche des pièces d’identité égarées. Certains expliquent avoir été dépossédés de tout (argent, bijoux et autres objets de valeurs) », témoigne Abiola Bachir, revendeur de pièces détachées d’automobiles à Wrangler (Ndlr : A Adjamé dans les environs de la nouvelle gare routière). Dans cette zone où les lampadaires sont déjà en nombre insuffisant, les quelques uns qui existent ne s’allument guère. Une fois leur forfait terminé, les malfrats disparaissent aisément dans la profondeur de la nuit sans être inquiétés. «Je ne me souviens plus exactement de la date, mais je me rappelle que l’oncle d’un ami en provenance de Yopougon a été dépouillé à ce même endroit lorsqu’il est descendu du premier « gbaka » dans lequel il était pour en emprunter un autre, en direction d’Abobo », soutient Yao Jean, étudiant en criminologie. Tapsoba, gardien de nuit dans une société de la place au Plateau, déplore ces agressions qui sont monnaie courante sur la bretelle qui permet de regagner le centre des Affaires du côté de la Direction des examens et concours de l’Enseignement technique, à partir du Boulevard De Gaulle. Nombreux sont les coins et recoins mal éclairés du genre à travers le District d’Abidjan, où les agressions sont constamment commises. A Abobo, la passerelle située entre la mosquée Siaka Koné et le marché de vente de médicaments, à la traversée des rails, est réputée pour être un nid de bandits une fois que les lueurs du jour disparaissent. « Je n’ose pas passer là une fois qu’il fait nuit, parce qu’on agresse toujours les gens là-bas », dit Fofana Issiaka, un habitant du quarter « Derrière-rail».
A bien scruter, les zones d’obscurité apparaissent sans conteste comme un véritable danger pour les citoyens. Alors qu’on en dénombre en quantité importante à Abidjan. Que ce soit sur les artères principales ou au fin fond des différents quartiers, on trouve des endroits non éclairés dans le District d’Abidjan. A certains niveaux, c’est le système d’éclairage qui laisse à désirer. Des plaintes sont enregistrées partout, à ce sujet, au sein de la population. « Cela fait plusieurs mois que les lampadaires qui sont devant notre cour ne s’allument pas », dénonce Konan Lambert qui habite dans les environs de l’espace Liberté à Adjamé. A la question de savoir si cette panne a été signalée à la compagnie d’électricité, le plaignant affirme n’avoir aucune idée à ce sujet. La défaillance du système de l’éclairage public est une réalité. Au District d’Abidjan, à la Sous-direction du Patrimoine, la structure qui s’occupe de la question de l’éclairage public, cette préoccupation est permanente. C’est à juste titre que M. Florient Logon, premier responsable de cette sous-direction, fait observer que sa structure a sillonné le District pour dénicher les zones non éclairées, pour qu’une solution soit ensuite trouvée. Au terme de ce travail, des défaillances ont été observées sur le réseau à divers niveaux : à Abobo (île verte- carrefour abattoir-Terminus PK18), à Bingerville (Boulevard François Mitterrand), à Adjamé (carrefour Macaci), à Yopougon (axe de la prison civile), à Cocody (voie de Riviera Attoban), etc., a confirmé le patron du service. Ces défaillances sont le plus souvent dues à des pannes ou encore à des vols perpétrés sur les installations, si l’on en croit M. Florien Logon. Les malfrats s’attaquent aux câbles et dans une moindre mesure aux foyers et aux ampoules qu’ils enlèvent aussi bien sur les poteaux-béton-armé (PBA) que les candélabres. Sur les postes, ce sont toujours les câbles qui sont dans le viseur des pilleurs. Dans l’accomplissement de leur sale besogne, même les câbles aériens n’échappent pas. Ces voyous ont tout l’air de personnes qui s’y connaissent en la matière. « Les personnes qui opèrent des vols sur les installations telles les niches et les postes, ne peuvent être des profanes parce que n’importe qui ne peut le faire », admet le sous-directeur du Patrimoine qui en déduit que certains voleurs sont des professionnels du domaine. Ce qui pourrait faire penser dans une certaine mesure, à une complicité interne. Pour étayer son argumentaire, M. Logon cite le cas d’un vol survenu à Adjamé-village. Ayant constaté cette effraction qui a plongé les populations dans le noir, les autorités coutumières ont saisi les services de la sous –direction du Patrimoine du District d’Abidjan pour signaler les pillages orchestrés sur un poste. Le patron de cette sous-direction relève que les pilleurs qui semblaient s’y connaître ont utilisé des scies pour ouvrir les installations. La réparation de ce dommage nécessite de gros moyens : la bagatelle de 100 millions FCFA, ajoute-t-il. Du côté de la Sous-direction de l’éclairage public de la CIE, M. Yéo Pélédéné Omar, premier responsable de ce département confirme le fait des pillages : « Le réseau subit beaucoup d’actes de vols et de vandalisme. C’est vraiment la plaie qui fait que vous pouvez voir une zone bien éclairée, aujourd’hui et le lendemain, elle n’est pas éclairée ». Il explique que pas plus tard que la veille de notre rencontre (Ndlr : mardi 20 mars) un vol a été perpétré sur le réseau. Les agents de la CIE qui se sont rendus au Plateau ce jour-là pour un travail de réparation, ont surpris un jeune homme à l’intérieur d’un poste électrique à partir duquel s’échappait une colonne de fumée. Le malfrat y a été saisi, les bras chargés de câbles électriques sectionnés. En dehors de ces cas, le réseau subit d’autres formes d’agressions. « Vous avez souvent des fois où un camion renverse un poteau électrique. Quand c’est le cas, on reste dans le noir jusqu’à ce que les gens viennent intervenir », ajoute un collaborateur du Sous- directeur de l’Eclairage public. Pour lui, toute une organisation a été mise en place pour régler ces problèmes. Mais il reconnaît cependant, qu’une œuvre humaine n’est jamais parfaite. « Il y a la réactivité, si on nous signale un problème à un endroit éloigné, avec les embouteillages, on peut avoir des soucis», confesse-t-il. Et d’ajouter que c’est un phénomène dynamique. «Vous pouvez voir une zone non éclairée, aujourd’hui et le lendemain le problème est réglé», explique-t-il, avant de conclure pour dire qu’ « il y a des cas plus coriaces qu’on ne peut pas traiter en 24h ou 48h. Cela peut demander souvent une semaine de travail. Il faut que la population soit capable de comprendre cela’’.
Sur la raison pour laquelle certaines défaillances bénignes restent parfois en l’état, M. Florien Logon explique que cela est dû au fait que ses services et même la CIE la plupart du temps, n’en sont pas informés.

Signaler les défaillances

« Faute de moyens de mobilité du fait de la crise post-électorale qui a vu tous nos véhicules partir, nous ne pouvons nous rendre partout pour vérifier les défaillances », se défend-il. Pour ce qui est des parties non encore éclairées et qui sont du ressort de la collectivité territoriale, M. Florien Logon assure de ce que le gouverneur envisage une politique d’électrification hardie pour, non seulement prémunir les habitants des agressions nocturnes, mais aussi pour leur permettre de circuler librement pendant la nuit. En ce qui concerne la procédure des dépannages, le technicien explique que les populations ont la latitude de saisir, soit ses services, soit encore la sous-direction de l’éclairage public à la CIE. « Quand nous sommes saisis par quelqu’un pour un problème donné ou lorsque nous nous autosaisissons par rapport à une défaillance du réseau, nous adressons à la CIE, un courrier dans lequel on indique le plan, les numéros des poteaux concernés. La compagnie d’électricité qui est notre partenaire prend ensuite les dispositions qu’il faut pour régler la question », commente-t-il. A la CIE, on ne contrarie pas ce point de vue. « Dès qu’un poteau est éteint chez vous, on a le numéro 21 23 64 32 ou le 179 sur lequel vous pouvez appeler pour signaler le problème et on viendra intervenir chez vous », rassure le Sous-directeur de l’éclairage public. Selon qui, il suffit au requérant de relever le numéro inscrit en rouge sur le poteau qu’il communique à sa structure. En dehors de ce schéma, explique M. Florien Logon, une autre possibilité, existe. « Dans certains cas, lorsque le budget est disponible au niveau du District, des opérateurs agréés par la CIE sont parfois sollicités pour faire le travail ». Cela, ajoute-t-il, bien entendu avec l’accord de la compagnie d’électricité. Notre interlocuteur précise cependant que lorsqu’il s’agit d’interventions compliquées qui nécessitent le déboursement d’importants moyens financiers, ces préoccupations sont alors inscrites au budget de la collectivité décentralisée. Indépendamment du programme de 2012, précise le technicien, les projets prévus au titre du budget de 2011 sont en train d’être exécutés. Dans ces circonstances, les urgences sont aussi traitées avec diligence. Relativement à ce sujet, M. Yéo précise que lorsqu’un réseau est défaillant et si son taux de défaillance est tel qu’il nécessite une réhabilitation, cela est du ressort de l’Etat. Ce, conformément au contrat de concession qui mentionne que tout ce qui concerne les réhabilitations est du ressort de l’Etat. Quand c’est le cas, ‘’nous CIE, montons le dossier technique et recherchons les financements. Dans ce cas, une zone d’obscurité peut rester en l’état durant des mois’’, explique un collaborateur du sous-directeur de l’Eclairage public. Pour ce qui est des zones qui n’ont pas du tout d’équipements d’éclairage, ce n’est pas du ressort de la CIE. « Cela est du ressort de l’autorité concédante, c’est-à-dire l’Etat de Côte d’Ivoire ou de ses structures décentralisées », clarifie ce collaborateur du Sous-directeur de l’Eclairage public.
Coulibaly Zoumana
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