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Économie Publié le vendredi 13 avril 2012 | Le Patriote

Devoir de mémoire : Comment Gbagbo voulait tuer l’économie ivoirienne

Que de péripéties durant la crise post-électorale de 2011. Et l’économie ivoirienne n’a pas échappé aux soubresauts des décisions émanant du camp de Laurent Gbagbo. Face à l’embargo (Ports d’Abidjan et de San Pedro), l’intransigeance de la communauté internationale et ses sanctions, la fermeture de la Bceao (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest) en janvier 2011, l’ex-président, a alors tenté de défier le monde économique.


Réquisition de la Bceao et fermeture des banques

Laurent Gbagbo ordonne le 25 janvier, la réquisition de l’agence Bceao d’Abidjan. Tous les bureaux et employés de l’institution sont donc réquisitionnés par le gouvernement ivoirien et étaient désormais placés sous le contrôle des autorités locales, et non plus sous celui de leur directeur régional basé à Dakar, au Sénégal. Des bureaux sont défoncés, de l’argent emporté aussi bien à Abidjan que dans certaines agences de l’intérieur du pays. Le Gouvernement sénégalais, par la voix d’ Abdoulaye Wade, avait qualifié cela de braquage de la Bceao et accusé le régime de Gbagbo d’avoir fait main-basse sur 500 milliards de F Cfa. Le jeudi 17 février 2011, ne sachant plus à quel saint se vouer, Gbagbo décide encore de prendre le contrôle des banques françaises qui avaient fermé. Jetant alors son dévolu sur les filiales des banques françaises, Bnp Paribas et Société générale. Dans un communiqué lu sur les antennes de la Rti, Ahoua Don Mello, porte-parole du Gouvernement Aké N’Gbo, révélait que son mentor ‘‘a pris des décrets afin que l'Etat de Côte d'Ivoire prenne le contrôle par une prise de participation totale et complète dans le capital de certaines de ces banques". A savoir entre autres, la SGBCI et la Bicici (55%) du marché bancaire ivoirien. Cette décision a mis à mal l’économie ivoirienne et celle des huit pays de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine).
La Bceao qui ne reconnaissait que Alassane Ouattara comme président de la Côte d’Ivoire avait donc opté pour la fermeté. Enjoignant ses agences et les autres banques de fermer. L’argent devient alors une denrée rare en Côte d’Ivoire. Que peut-on faire sans argent?

Economie déglinguée…

L’économie est au ralenti. L’argent ne circule plus puisqu’il n’y en n’a pas. Manque de liquidités, cherté de la vie, taux inflationniste exorbitant estimé à 4,5% en 2011 du fait de la crise. Un taux au-dessus du seuil de convergence communautaire de l’Uemoa qui était de 3%. L’activité économique (transport, industrie, agro-industrie) est alors paralysée. Les contrats sont annulés et le capital humain des entreprises est mis en chômage technique. Les entreprises sont obligées de fermer ou de revoir les horaires de travail. Le cacao ivoirien qui représente 40% de l’offre mondiale ne peut-être écoulé. Les banques fermées, plusieurs entreprises en pâtissent. L’un des fleurons de l’économie ivoirienne, la Sir (Société ivoirienne de raffinage), avait suspendu temporairement ses activités à Abidjan, à cause du dérèglement du système bancaire et des sanctions européennes provoqués par le clan. La Sir, considérée comme un des principaux acteurs de l’économie ivoirienne produit et met à la disposition de la population et des opérateurs économiques du carburant et du gaz (50% pour la consommation) pour les activités économiques et domestiques. L’on avait déjà commencé à sentir des perturbations. L’Uemoa n’est pas épargnée car quand la Côte d’Ivoire, qui possède au moins 35% de part de l’Union, tousse, ce sont tous les autres pays de la zone qui sont enrhumés. Mais cela n’émeut pas Laurent Gbagbo même si la réquisition de la Bceao et la ‘‘nationalisation’’ de certaines banques sont effectives. Ses conseillers en économie veulent alors pousser l’outrecuidance en créant une monnaie. On se réunit régulièrement. Des contacts sont même pris dans certains pays d’Afrique et même d’Amérique latine qui ont leur propre monnaie. «On va battre monnaie! On va créer notre propre monnaie!», entendait-on ça et là.


… et création de monnaie

La Mir (Monnaie ivoirienne de résistance), le Sika ivoirien, le cauris ivoirien, le franc éburnéen, Eburnie, etc. On était dans les laboratoires et l’affaire était prise au sérieux. Quelle mouche avait bien pu piquer ces refondateurs? Une folie qui aurait eu des conséquences dramatiques pour notre économie. En effet, selon des experts, pour créer une monnaie, il aurait fallu que la Côte d’Ivoire ait un véritable poids économique derrière cette monnaie. C’est-à-dire, un très bon Produit intérieur brut, une agriculture très performante, une industrie irréprochable. Avec des réserves de changes. Ensuite on a un endettement très élevé estimé à 6500 milliards de F CFA alors qu’on a un produit intérieur brut de 2 000 milliards de F CFA. Un écart trop élevé. Mais au-delà de tout cela, il faudrait aussi la reconnaissance de cette monnaie par les autorités monétaires internationales. Alors que la Côte d’Ivoire était en froid avec le Fmi (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale. La création d’une monnaie requérait donc leur aval. Cette monnaie n’aurait servi qu’en Côte d’Ivoire. Il serait alors difficile à la Côte d’Ivoire de faire des transactions internationales à moins de vendre cette monnaie pour obtenir les autres devises comme le Dollar, l’Euro, etc. Mais les refondateurs, têtus à souhait, se consolaient en faisant référence au Ghana et au Nigeria. Et l’un des experts de couper: «ces pays, en leur temps, avaient de grosses réserves de changes et possédaient un interlocuteur de poids. A savoir la Banque centrale d’Angleterre». Précisant que même la Chine avec son Yuan a ses avoirs en dollars placés aux Etats Unis. Fort heureusement, les choses se sont déroulées autrement avec l’arrestation de Laurent Gbagbo en avril 2011, sinon…
Jean Eric ADINGRA
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