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Politique Publié le vendredi 27 juillet 2012 | Le Mandat

Interview/ Tueries à Duékoué /Sarr Bohe (Député) : ‘‘L’Ouest ne doit pas être la Palestine de la Côte d’Ivoire : La loi foncière de 1998 doit être intégralement appliquée’’

© Le Mandat Par DR
Duékoué: Les personnes déplacées du camp de Niambly trouvent un nouveau refuge
22 Juillet 2012. Duékoué. Un aperçu de l`atmosphère après l` attaque du camp des personnes déplacées dans l`ouest de Côte-d`Ivoire.
Fils de la région du Moyen-Cavally et du groupe ethnique wê, le député PDCI de Bedy-Goazon, Kaade et Nizahon (Guiglo), Sarr Bohe, touche du doigt les conflits récurrents qui secouent sa région. Aussi ne manque-t-il pas de se prononcer sur les récents événements de Duékoué qui ont enregistré près de 11 morts, selon le bilan officiel.

Quel est votre point de vue sur la situation actuelle à l’Ouest ?
La situation que nous vivons à l’Ouest est des plus déplorables. Depuis 1999 notre région a toujours payé le lourd tribut à tout ce que notre pays a connu de funeste. Nos parents souffrent. Après la mort de nos proches et de sept soldats de la paix qui nous portaient secours, nous sommes aujourd’hui encore endeuillés par les tragiques événements de Duékoué. Le constat est plus qu’écœurant. Tous les jours, c’est nous qui enterrons nos morts. Et pourtant, c’était pour toutes ces raisons que le président Alassane Ouattara avait effectué sa première mission à l’intérieur du pays dans la région de l’Ouest, pour apporter son reconfort aux populations. Après son passage, nous pensions que l’Ouest était pacifié et qu’on pouvait aborder sereinement la reconstruction. Malheureusement, cette région est tous les jours endeuillée. Les élus et cadres que nous sommes, de quelque bord que ce soit, sommes attristés par cette situation. C’est pourquoi, nous œuvrons de concert afin que pareille situation ne se reproduise plus jamais. Nous ne voulons pas que l’Ouest soit la Palestine de la Côte d’Ivoire.

Selon vous, quelles sont les causes profondes de ces tragiques événements qui frappent l’Ouest?
Les récurrents conflits ethniques, communautaires et le climat social délétère sont le fait de propos haineux et incendiaires de politiques. Leurs dire mensongers ont attisé la haine et largement contribué à fragiliser le tissu social. Ils sont arrivés à installer le mépris dans les cœurs des uns et des autres. La crise postélectorale a accru la prolifération des armes légères et de petits calibres à l’Ouest. Notamment, celles détenues par les miliciens, les mercenaires libériens, les seigneurs de guerre burkinabè, les dozos et les faux FRCI, qui sèment la mort et la désolation dans nos contrées. Ce qui fait que toutes les fois qu’ils y a des tueries, on n’arrive pas à établir les responsabilités, à mettre la main sur les auteurs. A cela s’ajoute le conflit foncier, véritable gangrène qui ronge l’Ouest. La plupart des plantations de cacao et les forêts classées sont illicitement exploitées par des hommes en armes connus de tous. Ces seigneurs de guerre burkinabè exproprient non seulement nos braves paysans, mais font venir tous les jours des hordes de burkinabés à qui ils offrent gracieusement les plantations de nos parents et des pans de nos forêts classées. Et ces hommes armés et en treillis aidés par des supplétifs dozos se baladent impunément à l’Ouest.

En tant que porte-parole des populations, quelles recommandations faites-vous à l’Etat de Côte d’Ivoire dans le sens d’une résolution effective de ces problèmes?
Il faut que nous ayons le courage d’un débat franc, seul gage d’une ébauche de solution. Le wê, par nature, n’est pas belliqueux. C’est un peuple très pacifique. Prenez par exemple le cas de Duékoué ; ses trois députés représentent les trois grandes ethnies de la Côte d’Ivoire : Dioula, Baoulé et Guéré. Les wê sont un peuple qui a accepté de vivre pleinement en harmonie avec les autres, malgré leurs différences culturelles. Alors que les autorités prennent des mesures idoines pour arrêter l’œuvre des fossoyeurs de l’Ouest. Lorsque tous ceux qui n’ont pas le droit d’avoir des armes seront désarmés et que seules les véritables forces républicaines seront en place et dotées de moyens conséquents, alors la vie reprendra. Et la loi foncière de 1998, si elle est intégralement appliquée, je pense qu’on aura fait un pas de géant dans le sens de la résolution des conflits qui minent notre région.

Réalisée par LORNG ESMEL
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