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Politique Publié le jeudi 5 mars 2009 | Fraternité Matin

Sortie de crise/Dona-Fologo : “Faisons les derniers pas et allons aux élections”

Je ne suis pas de ceux qui versent des larmes de crocodile ou qui, tout à fait étrangers aux réalités du terrain, trouvent que le processus dure en longueur et que cela est la faute de ceux qui sont au pouvoir. C’est un procès injuste et non conforme à la réalité. Les gens ne mesurent pas l’ampleur du processus en particulier du phénomène de l’enrôlement. Il s’agit de recenser à partir de zéro, une population de plus de 18 millions d’habitants.

J’ai dit, et je répète, que la voie que nous avons empruntée pour ce recensement n’est pas la meilleure à mes yeux. Elle est longue, complexe et onéreuse. Ceux qui apprécient mal nos réalités ignorent que plus de 60% de nos sites d’enrôlement ne sont pas électrifiés. Les groupes électrogènes annoncés n’ont pas été servis en nombre suffisant. Même là où l’électricité existe, il y a beaucoup d’interruptions dans maints villages. Tout le monde le sait. J’ajoute à cela que nous avons une population cible en majorité analphabète et que si nous les lettrés, mettons 20 à 30 mn pour être enrôlés, le paysan illettré qui a du mal à distinguer l’index de l’auriculaire ou du majeur réalise difficilement son enrôlement dans le temps prévu. Tous ces aléas n’ont pas été, à mon avis, pris en compte par ceux qui proposent des dates.

Bien sûr, je suis de ceux qui souhaitent que l’élection se fasse en 2009 c’est-à-dire avant la fin de l’année en cours. Personne n’a intérêt à faire traîner ces affaires en longueur. Nous savons que l’économie et le social en souffrent de sorte que nous voulons sortir de cette situation le plus tôt possible. Mais si nous en sortons dans le cafouillage, sans rigueur et crédibilité, nous allons replonger. Je ne souhaite pas cela.

Nous avons déjà perdu assez de temps à courir de Lomé à Accra avec Accra I, Accra II, Accra III, Pretoria, Marcoussis. Nous avons perdu près de 5 années à courir à travers le monde avant que cette idée géniale de dialogue direct, annoncée par le Chef de l’Etat dans son discours du 19 décembre 2006, nous ait conduits à l’Accord politique de Ouagadougou le 4 mars 2007.

Si nous avons donc accepté de perdre tout ce temps à courir à travers le monde, nous pouvons accepter de passer les cinq ou six mois restants pour organiser une élection définitivement correcte et acceptable par tous. C’est par manque de confiance les uns dans les autres que nous avons emprunté cette voie coûteuse et longue. Nous sommes donc tous coupables. On a organisé des élections au Ghana, au Mali, au Sénégal, au Bénin, etc.

Après une longue expérience d’élections ininterrompues, depuis 1960, on recommence tout à zéro. C’est la faute à qui ? Au désordre politico-militaire que nous avons connu. On dit « qui sème le vent, récolte la tempête ». Nous devons donc assumer ensemble les conséquences de ce désordre. Moi, je ne dis pas que le bilan de ces deux années est négatif parce que c’est grâce à cet Accord de Ouagadougou que la détente prévaut, que nous pouvons circuler sur toute l’étendue du territoire. Moi qui vous parle, je suis de la zone Cno et je peux aller aujourd’hui chez moi autant de fois que je veux. C’est grâce à cela que nous nous côtoyons aujourd’hui. Faisons les derniers pas et allons aux élections. C’est cela le plus important. Le chemin tracé par Ouagadougou (Ndlr : l’Accord) doit être respecté jusqu’au bout. C’est lui qui va nous conduire à la paix. Je comprends ceux qui s’impatientent par rapport aux opérations de désarmement, d’unicité des caisses, de redéploiement de l’administration, etc. Mais j’ai dit aussi que ceux qui ont semé le désordre en Côte d’Ivoire devraient savoir que la paix ne revient pas au même rythme auquel survient la guerre. Il faut du temps, de l’endurance et de la volonté pour s’en sortir. Il faut rassurer les Com’zones. C’est un problème de moyens. Ces gens qui ont vécu des armes pendant plus de cinq ans n’ont pas envie de se retrouver demain dans la rue ; c’est nous qui devons les rassurer soit en les intégrant dans l’armée nationale soit en leur proposant d’autres issues. Et le Président de la République doit pouvoir compter sur nous tous pour y parvenir. Je crois que si nous faisons confiance au facilitateur et au Premier ministre, nous pouvons régler ce problème.

Quant à l’unicité des caisses, le Premier ministre sait qu’en tant que chef du gouvernement, il a intérêt à ce que la fuite de nos ressources et de nos moyens vers des destinations autres que les caisses de l’Etat est une hémorragie à laquelle nous devons mettre fin. C’est donc dans notre intérêt à tous que cette unicité des caisses de l’Etat doit se faire, surtout par ces temps où la trésorerie publique connaît de sérieuses tensions. Il faut donc de les condamner il faut les soutenir en leur demandant d’aller à l’efficacité dans les meilleurs délais.

Enfin, ceux qui parlent d’un nouveau gouvernement n’ont pas, à mon avis, tort. Car, je ne vous le cache pas, que si j’étais à Ouagadougou, on n’aurait pas suivi le schéma de Marcoussis. J’aurais proposé deux points essentiels : le premier, que la composition de la Cei sortie du schéma de Marcoussis change parce que c’était à l’époque de : Mpci, Mpigo, Mjp et que sais-je encore. Cela a fait que la Cei est composée à 80% des militants de l’opposition. Ce n’est pas juste.

Le second point que j’aurais proposé, c’est le gouvernement. A partir du moment où tous les schémas sortis de Marcoussis ont échoué, avec les deux Premiers ministres, il fallait que le Président et le Premier ministre soient autorisés à revenir à la Constitution et à former un vrai gouvernement. Un gouvernement d’ouverture d’accord. Mais pour réaliser quoi ? Nous avons aujourd’hui un gouvernement où chacun travaille pour son parti politique, pour lui trouver des ressources et l’amener en bonne position aux élections. Ce n’est pas un gouvernement tel que nous en avons connus.

Sortons de tout cela et allons aux élections. Moi, j’ai été jusqu’à proposer une espèce de Téléton pour trouver les moyens. Mais personne ne m’a suivi. Mais nous ne pouvons pas toujours tendre la main à la communauté internationale en pleurnichant sur les fonds qui nous manquent».



Propos recueillis par Abel Doualy
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